Arend Remmers
Ed. EBLC 1996 (eblc.ch), ISBN 2-88458-000-X
La plupart des portions se rapportant à des dates de rédaction et à des débats sur l’authenticité n’ont pas été reprises.
« ss » signifie « et suivants »
Table des matières, livres seulement : (Table complète plus bas)
7 - Les épîtres de l’apôtre Paul
9 - La première épître aux CORINTHIENS
10 - La seconde épître aux CORINTHIENS
15 - La première épître aux THESSALONICIENS
16 - La seconde épître aux THESSALONICIENS
18 - Les deux épîtres à TIMOTHÉE
19 - La première épître à TIMOTHÉE
20 - La seconde épître à TIMOTHÉE
25 - La première épître de PIERRE
26 - La seconde épître de PIERRE
27 - La première épître de JEAN
28 - La deuxième et la troisième épître de JEAN
Table des matières complète :
1.2 - La transmission du Nouveau Testament
1.4 - Les manuscrits en lettres majuscules
1.5 - Les manuscrits en lettres minuscules
1.7 - Les traductions antiques
1.8 - Les livres du Nouveau Testament
1.8.1 - Les livres historiques
1.9 - Le sujet du Nouveau Testament
2.1 - Auteur de l’évangile selon Matthieu
2.2 - Sujet et but de l’évangile de Matthieu
2.3 - Particularités de l’évangile de Matthieu
2.3.2 - L’Assemblée (en grec : ekklesia)
2.4 - Analyse succincte du contenu de l’évangile de Matthieu
2.4.1 - Matthieu 1:1 à 4:11 : L’introduction du Roi
2.4.2 - Matthieu 4:12 à 12:50, première grande division : Le service du Roi en Galilée
2.4.3 - Matthieu 13:1 à 20:34, deuxième grande division : Le service du Roi rejeté
2.4.4 - Matthieu 21:1 à 25:46, troisième grande division : Le service du Roi à Jérusalem
2.4.5 - Matthieu 26:1 à 28:20 : L’achèvement du service du Roi
3.1 - Auteur de l’évangile de Marc
3.2 - Sujet et but de l’évangile de Marc
3.3 - Particularités de l’évangile de Marc
3.3.1 - Points propres à l’évangile selon Marc
3.4 - Analyse succincte du contenu de l’évangile de Marc
3.4.1 - Marc 1:1-13, introduction : La venue du Serviteur de Dieu
3.4.2 - Marc 1:14 à 3:6 : Le début de son service en Galilée
3.4.4 - Marc 11:1 à 15:47 : Fin du service de Jésus Christ à Jérusalem
3.4.5 - Marc 16:1-20, conclusion : La fin parfaite du Serviteur de Dieu
4.1 - Auteur de l’évangile de Luc
4.2 - Sujet et but de l’évangile de Luc
4.3 - Particularités de l’évangile de Luc
4.3.2 - Citation de Luc chez Paul
4.4 - Analyse succincte du contenu de l’évangile de Luc
4.4.1 - Luc 1:1 à 4:13, introduction : Naissance, enfance et préparation du Fils de l’homme
4.4.2 - Luc 4:14 à 9:50, première grande division : Le service de Jésus en Galilée
4.4.3 - Luc 9:51 à 19:27, deuxième grande division : Jésus montant à Jérusalem
4.4.4 - Luc 19:28 à 23:56, troisième grande division : Fin du service de Jésus
4.4.5 - Luc 24, conclusion : Résurrection et ascension du Fils de l’homme
5.1 - Auteur de l’évangile de Jean
5.2 - Sujet et but de l’évangile de Jean
5.3 - Particularités de l’évangile de Jean : Différences entre Jean et les synoptiques
5.4 - Analyse succincte du contenu de l’évangile de Jean
5.4.1 - Jean 1:1-18, prologue : La Parole
5.4.2 - Jean 1:19 à 12:50 : Le service public du Fils de Dieu
5.4.3 - Jean 13:1 à 17:26 : Le service du Fils de Dieu en faveur des disciples
5.4.4 - Jean 18:1 à 20:31 : La mort et la résurrection du Fils de Dieu
5.4.5 - Jean 21:1-25, épilogue : Le Seigneur apparaît aux disciples sur le rivage.
6.1 - Auteur des Actes des apôtres
6.2 - Sujet et but des Actes des apôtres
6.3 - Analyse succincte du contenu des Actes des apôtres
6.3.1.1 - Chapitres 1 à 7 Le début de l’assemblée à Jérusalem
6.3.1.2 - Chapitres 8 à 12 Extension de la foi en Samarie et parmi les nations
6.3.2 - Actes des apôtres 13 à 28 : Le service de l’apôtre Paul dans le monde entier
6.3.2.1 - Chapitres 13 à 20 : Les trois voyages missionnaires de Paul
6.3.2.2 - Chapitres 21 à 28 : La captivité de Paul
7 - Les épîtres de l’apôtre Paul
8.1 - Auteur et date de l’épître aux Romains
8.2 - Sujet et but de l’épître aux Romains
8.3 - Particularités de l’épître aux Romains
8.3.1 - L’apôtre Pierre et Rome
8.3.2 - La justice de Dieu dans l’épître aux Romains
8.4 - Analyse succincte du contenu de l’épître aux Romains
8.4.1 - Romains 1 à 8 : La justice de Dieu par la foi (partie doctrinale)
8.4.2 - Romains 9 à 11 : La question d’Israël (partie historique)
8.4.3 - Romains 12 à 16 : Les conséquences morales (partie pratique)
9 - La première épître aux CORINTHIENS
9.1 - Histoire de la première épître aux Corinthiens
9.1.1 - La formation et le développement de l’assemblée à Corinthe
9.2 - Auteur, date et but de la première épître aux Corinthiens
9.4 - Analyse succincte du contenu de la première épître aux Corinthiens
9.4.1 - 1 Corinthiens 1:1-9, introduction : Salutations et remerciements
9.4.2 - 1 Corinthiens 1:10 à 4:21 : Division dans l’assemblée
9.4.3 - 1 Corinthiens 5 et 6 : Désordre moral dans l’assemblée
9.4.4 - 1 Corinthiens 7 : Mariage et célibat
9.4.5 - 1 Corinthiens 8:1 à 11:1 : Les sacrifices aux idoles et la Table du Seigneur
9.4.6 - 1 Corinthiens 11:2-34 : La position de la femme ; la Cène du Seigneur
9.4.7 - 1 Corinthiens 12 à 14 : Le corps de Christ et les dons spirituels des membres
9.4.8 - 1 Corinthiens 15 : Le fait de la résurrection
9.4.9 - 1 Corinthiens 16 : Conclusion : Communications et salutations.
10 - La seconde épître aux CORINTHIENS
10.1 - Destinataires, auteur et date de la deuxième épître aux Corinthiens
10.2 - Sujet et but de la deuxième épître aux Corinthiens
10.3 - Particularités de la deuxième épître aux Corinthiens
10.3.2 - Les relations entre Paul et l’assemblée à Corinthe
10.4 - Analyse succincte du contenu de la deuxième épître aux Corinthiens
10.4.1 - 2 Corinthiens 1 à 7 : Paul explique son service pour le Seigneur
10.4.2 - 2 Corinthiens 8 et 9 : La collecte pour les croyants en Judée
10.4.3 - 2 Corinthiens 10 à 13 : Paul défend son apostolat
11.1 - Auteur et destinataires de l’épître aux Galates
11.2 - Motif et sujet de l’épître aux Galates
11.3 - Analyse succincte du contenu de l’épître aux Galates
11.3.1 - Galates 1 et 2 : Partie historique
11.3.2 - Galates 3 et 4 : Partie doctrinale
11.3.3 - Galates 5 et 6 : Partie des exhortations
12.1 - Destinataires, auteur et date de l’épître aux Éphésiens
12.2 - Sujet et but de l’épître aux Éphésiens
12.3 - Particularités de l’épître aux Éphésiens
12.3.1 - L’Assemblée (ekklésia) de Dieu
12.4 - Analyse succincte du contenu de l’épître aux Éphésiens
12.4.2 - Éphésiens 4 à 6 : L’assemblée dans la pratique et la vie des croyants (Exhortations)
13.1 - Destinataires, auteur et date de l’épître aux Philippiens
13.2 - Sujet et but de l’épître aux Philippiens
13.3 - Particularités de l’épître aux Philippiens : Surveillants et serviteurs (ch. 1:1)
13.4 - Analyse succincte du contenu de l’épître aux Philippiens
14.1 - Destinataires, auteur et date de l’épître aux Colossiens
14.2 - Sujet et but de l’épître aux Colossiens
14.3 - Particularités : Christ dans l’épître aux Colossiens
14.4 - Analyse succincte du contenu de l’épître aux Colossiens
14.4.1 - Colossiens 1 et 2 : Ce que Christ est pour les croyants et pour l’Assemblée
14.4.2 - Colossiens 3 et 4 : Ce que les croyants représentent pour Christ
15 - La première épître aux THESSALONICIENS
15.1 - Destinataires, auteur et date de la première épître aux Thessaloniciens
15.2 - Sujet de la première épître aux Thessaloniciens
15.3 - Particularités de la première épître aux Thessaloniciens
15.3.2 - La foi, l’amour, l’espérance
15.3.3 - Aucune citation de l’Ancien Testament
15.4 - Analyse succincte du contenu de la première épître aux Thessaloniciens
16 - La seconde épître aux THESSALONICIENS
16.1 - Auteur et date de la seconde épître aux Thessaloniciens
16.2 - Sujet et but de la seconde épître aux Thessaloniciens
16.3 - Particularités de la seconde épître aux Thessaloniciens
16.3.1 - L’apparition du Seigneur
16.4 - Analyse succincte du contenu de la seconde épître aux Thessaloniciens
17.1 - Généralités sur les épîtres pastorales
17.2 - La situation de l’apôtre Paul dans les épîtres pastorales
17.3 - Particularités des épîtres pastorales
18 - Les deux épîtres à TIMOTHÉE
19 - La première épître à TIMOTHÉE
19.1 - Sujet et but de la première épître à Timothée
19.2 - Particularités de la première épître à Timothée : Anciens et serviteurs
19.3 - Analyse succincte du contenu de la première épître à Timothée
20 - La seconde épître à TIMOTHÉE
20.1 - Sujet et but de la seconde épître à Timothée
20.2 - Particularités de la seconde épître à Timothée : « Dans le Christ Jésus »
20.3 - 3. Analyse succincte du contenu de la seconde épître à Timothée
21.1 - Destinataire de l’épître à Tite
21.2 - Sujet et but de l’épître à Tite
21.3 - Particularités de l’épître à Tite
21.3.2 - Les anciens ou les surveillants
21.4 - Analyse succincte du contenu de l’épître à Tite
22.1 - Auteur, destinataire et date de l’épître à Philémon
22.2 - Cause et sujet de l’épître à Philémon
22.3 - Particularités de l’épître à Philémon
22.3.1 - Le problème de l’esclavage
22.4 - Analyse succincte du contenu de l’épître à Tite
23.1 - Généralités sur l’épître aux Hébreux
23.2 - But et sujet de l’épître aux Hébreux
23.3 - Particularités de l’épître aux Hébreux
23.3.2 - Notions importantes dans l’épître aux Hébreux
23.4 - Analyse succincte du contenu de l’épître aux Hébreux
23.4.1 - Hébreux 1:1 à 7:28 : La grandeur de la personne de Christ
23.4.2 - Hébreux 8:1 à 10:18 : La grandeur du service de Christ
23.4.3 - Hébreux 10:19 à 13:25 : Partie pratique — la vie de foi
24.1 - Destinataires, auteur et date de l’épître de Jacques
24.2 - Sujet de l’épître de Jacques
24.3 - Particularités de l’épître de Jacques
24.3.1 - La justification dans l’épître de Jacques
24.3.2 - Ressemblances avec les paroles du Seigneur
24.4 - Analyse succincte du contenu de l’épître de Jacques
25 - La première épître de PIERRE
25.1 - Auteur et destinataires de la première épître de Pierre
25.1.2 - La date et le lieu de sa rédaction
25.2 - Sujet et but de la première épître de Pierre
25.3 - Particularités de la première épître de Pierre
25.4 - Analyse succincte du contenu de la première épître de Pierre
26 - La seconde épître de PIERRE
26.1 - Auteur et destinataires de la seconde épître de Pierre
26.2 - Sujet et but de la seconde épître de Pierre
26.3 - Particularités de la seconde épître de Pierre
26.3.2 - La formation du canon du Nouveau Testament
26.4 - Analyse succincte du contenu de la seconde épître de Pierre
27 - La première épître de JEAN
27.1 - Auteur et destinataires de la première épître de Jean
27.2 - Sujet et but de la première épître de Jean
27.3 - Particularités de la première épître de Jean
27.3.1 - La logique divine de Jean
27.4 - Analyse succincte du contenu de la première épître de Jean
27.4.1 - 1 Jean 1:1-4, Introduction : La Parole de la vie
27.4.2 - 1 Jean 1:5 à 2:12 : Caractéristiques de la vraie communion avec Dieu
27.4.3 - 1 Jean 2:13-27 : Trois étapes de la foi
27.4.4 - 1 Jean 2:28 à 4:6 : Caractéristiques des enfants de Dieu
27.4.5 - 1 Jean 4:7-21 : L’amour de Dieu
27.4.6 - 1 Jean 5:1-21 : Certitude de la foi
28 - La deuxième et la troisième épître de JEAN
28.2 - La deuxième épître de JEAN
28.2.1 - Destinataire de la deuxième épître de Jean
28.2.2 - But de la deuxième épître de Jean
28.2.3 - Analyse succincte du contenu de la deuxième épître de Jean
28.2.3.1 - 2 Jean 1-3 : Salutation et introduction
28.2.3.2 - 2 Jean 4-11 : Enseignement et exhortation
28.2.3.3 - 2 Jean 12, 13 : Conclusion et salutation.
28.3 - La troisième épître de JEAN
28.3.1 - Destinataire et but de la troisième épître de Jean
28.3.2 - Analyse succincte du contenu de la troisième épître de Jean
28.3.2.1 - 3 Jean 1 : Salutation
28.3.2.2 - 3 Jean 2-12 : Vérité dans l’amour
28.3.2.3 - 3 Jean 13-15 : Conclusion et salutation.
29.1 - Auteur et destinataires de l’épître de Jude
29.2 - But et sujet de l’épître de Jude
29.3 - Particularités de l’épître de Jude
29.4 - Analyse succincte du contenu de l’épître de Jude
29.4.1 - Jude 1, 2 : Salutation
29.4.2 - Jude 3, 4 : Motif et but de la lettre
29.4.3 - Jude 5 à 16 : Présentation de l’apostasie
29.4.4 - Jude 17 à 25 : L’attitude de la foi
30.1 - 1. Généralités de l’Apocalypse
30.1.2 - Auteur de l’Apocalypse
30.1.3 - Destinataires de l’Apocalypse
30.2 - But et sujet de l’Apocalypse
30.3 - Particularités de l’Apocalypse
30.4 - Analyse succincte du contenu de l’Apocalypse
30.4.3 - Apocalypse 4 à 22 : « Les choses qui doivent arriver après celles-ci »
Le mot « testament » est la traduction du grec diathéké
, qui signifie aussi « alliance ». Les expressions « ancienne alliance » ou « première alliance » se rapportent aux relations entretenues par Dieu avec son peuple terrestre Israël, sur la base du don de la loi au Sinaï. Les mots « nouvelle alliance » sont employés par le Seigneur Jésus lors de l’institution de son mémorial (Matt. 26:28 ; comp. Jér. 31:31). La mort de Christ sur la croix est le fondement de cette nouvelle alliance qui sera conclue avec Israël également dans l’avenir.
L’apôtre Paul parle, en 2 Corinthiens 3:14, de « l’ancienne alliance » pour désigner les écrits de l’Ancien Testament. Plus tard, les expressions « nouvelle alliance » ou « Nouveau Testament » ont été liées à la seconde partie de la Bible.
À l’origine, les textes du Nouveau Testament ont été écrits intégralement en langue grecque, plus précisément dans une forme spéciale de cette langue, connue sous le nom de koiné
(« commun »). À l’époque de la rédaction du Nouveau Testament (seconde moitié du premier siècle apr. J. C.), la koiné était largement répandue dans le bassin de la Méditerranée. On utilisait cette langue pour le parler courant et lors des relations d’affaires.
Jusqu’au 15e siècle, époque de la découverte de l’imprimerie, des copistes transcrivaient les textes à la main. Il existe aujourd’hui plus de 5000 manuscrits grecs du Nouveau Testament, rédigés pendant la période située entre le 2e et le 15e siècle. La plupart des copies ne contiennent que des portions du texte intégral. Le manuscrit grec du Nouveau Testament le plus ancien que nous possédions à ce jour est celui connu sous le nom de Papyrus
52 : ce document recèle quelques versets de l’évangile selon Jean (voir évangile de Jean). Il existe en outre une multitude d’exemplaires de traductions anciennes (syriennes, coptes, latines, arméniennes, etc.). Parmi toutes les œuvres écrites pendant l’Antiquité, le Nouveau Testament est sans aucun doute le livre qui a été le plus souvent attesté et le mieux conservé jusqu’à notre époque.
En considérant la manière dont les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament ont été conservés, nous constatons que Dieu a permis, au travers des siècles, une sauvegarde de sa Parole par des moyens très différents. Nous connaissons beaucoup moins de manuscrits de l’Ancien Testament que du Nouveau. Et pourtant, le livre a pu être authentifié par des spécialistes contemporains grâce à l’extrême précision des copistes d’alors.
En revanche, il existe un grand nombre de manuscrits du Nouveau Testament. Le plus ancien, le Papyrus 52, est postérieur de 30 ans à peine au texte original écrit par l’apôtre Jean. Les plus de 5000 manuscrits grecs et les diverses traductions présentent une quantité de variantes. Mais cette abondance même de matériel de base permet de se livrer à un travail systématique et le chercheur peut ainsi établir le texte inspiré de la Bible. Il n’y a donc aucune raison de douter de l’exactitude de la transmission du Nouveau Testament ou de la Bible entière.
Les différences de lecture des manuscrits anciens font depuis longtemps l’objet de recherches scientifiques. Dès le 4e siècle, deux textes, avec d’innombrables variantes, ont été établis à partir de la première copie des manuscrits les plus anciens du Nouveau Testament : en Orient, le texte byzantin
ou la koiné
, et en Égypte, le texte alexandrin
. On a aussi parlé un temps d’un « texte occidental
» qui aurait eu son origine à Rome. Mais cette théorie n’a pas pu être vérifiée.
On connaît quelque 85 papyrus, s’échelonnant depuis le début du 2e siècle jusqu’au 8e siècle. Ces papyrus sont les manuscrits les plus anciens que nous possédions à ce jour. La plupart d’entre eux n’ont été découverts que dans le cours du 20e siècle. Les plus célèbres de ces documents sont les papyrus Chester Beatty
, désignés par P 45, P 46 et P 47, datant du 3e siècle, et les papyrus Bodmer
P 66, P 72, P 74 et P 75, entre le 3e et le 7e siècle ; ces derniers n’ont été rendus publics que dans les années 1956 à 1961. Aucun de ces précieux papyrus anciens ne contient le Nouveau Testament dans son entier ; ces pièces comportent seulement des portions de l’Écriture. Il s’agit avant tout des évangiles, suivis par les Actes des apôtres, les épîtres de l’apôtre Paul, les épîtres dites catholiques et l’Apocalypse.
Les 274 manuscrits en lettres majuscules
ou onciales
comptent parmi les plus notoires du Nouveau Testament. Ils datent de la période s’étendant entre le 3e et le 11e siècle et doivent leur nom à la grandeur des lettres qui les composent. Les textes sont écrits sur du parchemin. Les plus anciennes bibles complètes, connues dans le monde, font partie de ce groupe.
Le document le plus célèbre de cette catégorie est sans contredit le Codex Sinaïticus
, une bible presque complète (avec l’Ancien Testament) en grec, du 4e siècle. Ce manuscrit fut découvert au milieu du 19e siècle par le savant Constantin von Tischendorf à l’intérieur du monastère de Ste-Catherine dans la presqu’île du Sinaï. Le Codex Sinaïticus
est conservé au British Museum à Londres, de même que le Codex Alexandrinus
, un autre précieux manuscrit de la Bible entière datant du 5e siècle. Le Codex Vaticanus
est gardé dans la Bibliothèque Vaticane à Rome. Il contient une bible grecque, également très connue, du 4e siècle.
La plupart des quelque 2700 manuscrits du Nouveau Testament en langue grecque sont copiés dans une écriture minuscule
, nommée également cursive
. Les lettres sont plus petites et déjà davantage liées entre elles. La plus grande partie de ces manuscrits donnent le texte byzantin
qu’on appelle du royaume, de la koiné
ou de la majorité
.
Les lectionnaires, au nombre de 2200 environ, constituent encore un autre groupe. Il s’agit de livres comprenant un choix de textes du Nouveau Testament (péricopes) qui, dès le 4e siècle, sur ordre de l’église, devaient être lus pendant une année à l’occasion des services religieux. Ce ne sont donc pas à proprement parler des manuscrits bibliques. Mais ces lectionnaires
constituent des témoignages précieux de plusieurs passages grecs du Nouveau Testament.
En outre, de nombreuses traductions antiques ont été établies en différentes langues. Parmi les plus importantes versions, on découvre des textes écrits en syriaque, copte et latin (en particulier la Vulgate
du Père de l’Église Jérôme). La première bible complète en français fut imprimée en 1496.
Le Nouveau Testament est composé de 27 livres ou écrits. Ils sont généralement divisés en trois groupes :
Les quatre évangiles : Matthieu
, Marc
, Luc
et Jean
, et les Actes des apôtres
.
Les évangiles retracent la vie, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus, les Actes des apôtres donnent un aperçu de la propagation de l’Évangile au cours des premières décennies du christianisme.
Les épîtres de Paul : Romains
, 1 et 2 Corinthiens
, Galates
, Éphésiens
, Philippiens
, Colossiens
, 1 et 2 Thessaloniciens
, 1 et 2 Timothée
, Tite
, Philémon
, et probablement l’épître aux Hébreux
, ainsi que les épîtres « catholiques » (c’est-à-dire générales) : Jacques
, 1 et 2 Pierre
, 1 à 3 Jean
et Jude
.
Les épîtres présentent la foi au Seigneur Jésus Christ d’un double point de vue, doctrinal et pratique.
L’Apocalypse.
Ce livre prophétique décrit les événements futurs en relation avec Christ.
Le thème principal de toute la Bible est le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu et le Rédempteur. D’une manière purement extérieure, la citation de nombreux passages de l’Ancien Testament dans le Nouveau montre déjà l’unité de la Bible. L’Ancien Testament rend témoignage du Seigneur dans des types et par des prophéties (comp. Jean 5:39). Le Nouveau Testament décrit la vie de Jésus et son œuvre (dans les quatre évangiles), sa gloire et la position de tous ceux qui croient en lui (dans les épîtres), et enfin son avenir (dans l’Apocalypse).
Dieu a permis que le Nouveau Testament soit écrit pour la bénédiction et le profit des hommes. À la fin de son évangile, l’apôtre Jean s’adresse à eux tous en ces termes : « Ces choses sont écrites afin que vous croyiez
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom » (Jean 20:31). Et l’apôtre termine sa première épître en disant à ceux qui ont reçu le Seigneur Jésus par la foi : « Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez
que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (1 Jean 5:13).
28 chapitres
Dans la plupart des manuscrits, ce livre est intitulé : « Évangile selon Matthieu ». Il n’y a qu’une seule
bonne nouvelle de l’œuvre merveilleuse accomplie par le Fils de Dieu, le Seigneur Jésus Christ ; mais dans sa sagesse, Dieu s’est servi de quatre hommes différents pour annoncer par écrit au monde ce message du salut.
Le nom de l’auteur, Matthieu, figure au septième ou au huitième rang de chacune des listes des apôtres (Matt. 10:2-4 ; Marc 3:16-19 ; Luc 6:13-16 ; Actes 1:13). Les trois évangiles synoptiques — nommés ainsi à cause des similitudes qu’ils présentent — évoquent l’appel de Matthieu (Matt. 9:9ss ; Marc 2:13ss ; Luc 5:27ss). Mais à cette occasion, Luc parle d’un « publicain, nommé Lévi » et Marc, de « Lévi le fils d’Alphée », tandis que dans notre évangile la même personne est appelée tout simplement « Matthieu ». On peut aussi remarquer que l’adjonction « le publicain » ne figure que dans l’énumération des apôtres donnée en Matthieu 10:3. Le nom Matthieu tire son origine de différents noms hébreux, tels Matthithia, Matthania ou d’autres, qui tous signifient : « don de l’Éternel ».
Des quatre évangiles, celui de Matthieu est le plus complet et donne la meilleure vue d’ensemble sur la vie et la mort du Seigneur. D’autre part, constituant la transition entre l’Ancien Testament et le Nouveau, représentant le lien de l’un à l’autre, cet évangile occupe à bon escient la première place dans le canon du Nouveau Testament.
L’évangile selon Matthieu contient environ soixante citations de l’Ancien Testament. Il ne s’agit souvent que de quelques mots (p. ex. Matt. 5:21, 27, 38, 43 ; 24:15).
Mais une trentaine de citations sont clairement indiquées comme étant tirées de l’Ancien Testament (p. ex. Matt. 2:5, 6 ; 3:3 ; 4:4, 7, 10).
Quatorze épisodes de la vie du Seigneur Jésus sont expressément mentionnés comme étant l’accomplissement de prophéties de l’Ancien Testament (Matt. 1:22, 23 ; 2:5, 6, 15, 17, 18, 23 ; 4:14-16 ; 8:17 ; 11:10 ; 12:17-21 ; 13:35 ; 21:4, 5, 42 ; 26:31 ; 27:9, 10).
L’intention du Saint Esprit dans cet évangile est clairement indiquée dès le premier verset : Jésus Christ est le Fils de David et le Fils d’Abraham et, par conséquent, le Messie, le Roi d’Israël
promis, légitime, Celui qui accomplit toutes les promesses de l’Ancien Testament. À huit reprises le Seigneur Jésus est appelé « Fils de David » (Matt. 1:1 ; 9:27 ; 12:23 ; 15:22 ; 20:30, 31 ; 21:9, 15).
Un autre caractère important de cet évangile est étroitement lié à ce qui précède : la fréquente mention du règne messianique, plus précisément du « royaume » (cinquante fois). Alors que, d’une façon générale, le règne est appelé ailleurs « le royaume de Dieu », Matthieu parle trente-deux fois du « royaume des cieux » ; l’expression « royaume de Dieu » n’est employée que cinq fois.
L’évangile selon Matthieu est construit selon un plan divin. Dans la première moitié du livre, le Seigneur Jésus est introduit comme le Roi d’Israël et présenté à son peuple terrestre. Cette partie se termine au chapitre 12 par sa réjection : les chefs d’Israël ne veulent pas de leur Roi.
La seconde moitié, à partir du chapitre 13, décrit le service du Roi rejeté, un service qui dès lors ne se limite plus exclusivement à Israël, mais s’étend également aux nations païennes. C’est dans cette section de l’évangile que nous trouvons la toute première mention dans la Bible de l’Assemblée (ou : Église) de Dieu, composée de Juifs et de païens (Matt. 16:18 ; comp. 1 Cor. 12:13).
Le service de Christ se termine par ses souffrances et sa mort, mais aussi par sa résurrection et par l’envoi des apôtres. Matthieu ne parle toutefois pas de l’ascension du Seigneur. La structure de l’évangile est marquée par les cinq grands discours de Christ, qui tous finissent par les mêmes termes : « Et il arriva que, quand Jésus eut achevé ces discours… »
Le royaume des cieux
, c’est la domination de Dieu sur le monde, par le truchement de l’homme Christ Jésus. Avant tout, les Juifs attendaient ce règne pour être libérés du joug des Romains. C’est pourquoi, dans l’évangile selon Matthieu, l’expression « royaume des cieux » est employée trente-deux fois, pour établir clairement que ce royaume a la source de sa puissance dans les cieux et non pas sur la terre. Fondamentalement, le royaume des cieux et le royaume de Dieu désignent la même chose, mais dans le premier cas, l’accent est mis sur le caractère céleste de la domination. En outre, dans l’évangile selon Matthieu, le royaume des cieux est toujours considéré comme futur : il commence après l’ascension du Seigneur ; tandis que le royaume de Dieu est présenté, par Matthieu aussi, comme existant déjà (Matt. 12:18). Plusieurs paraboles dont Marc et Luc se servent pour expliquer le royaume de Dieu sont classées par Matthieu sous le « titre » de royaume des cieux. Dans l’évangile que nous évoquons ici, les paraboles du royaume des cieux sont au nombre de dix : l’ivraie dans le champ (ch. 13:24-30, 36-43), le grain de moutarde (ch. 13:31, 32), le levain (ch. 13:33), le trésor dans le champ (ch. 13:44), la perle de très grand prix (ch. 13:45, 46), la seine (ch. 13:47-50), l’esclave sans pitié (ch. 18:23-35), les ouvriers dans la vigne (ch. 20:1-16), le repas de noces du roi (ch. 22:1-14) et les dix vierges (ch. 25:1-13).
L’évangile selon Matthieu est le seul qui mentionne l’Assemblée (Église) du Nouveau Testament (Matt. 16:18). Ce n’est qu’après son rejet par son peuple terrestre que le Messie a annoncé la fondation et l’édification de l’Assemblée, dont il est lui-même le fondement. L’Assemblée est apparue à la Pentecôte (Actes 2) ; elle comprend tous les croyants de la période actuelle de la grâce. L’Église sera introduite par le Seigneur lui-même dans la maison de son Père avant les jugements de la fin, pour être éternellement auprès de Lui dans la gloire.
Le Seigneur parle ensuite de l’assemblée locale, c’est-à-dire de ceux qui se réunissent en assemblée dans un lieu donné (Matt. 18:15-20). Il transmet à l’assemblée locale l’autorité la plus élevée qui soit sur la terre pour toutes les questions d’ordre et de discipline, et cela parce qu’il est lui-même au milieu de ceux qui sont assemblés à son nom.
Nous ne trouvons aucune révélation de l’Assemblée dans l’Ancien Testament. L’Église fait partie du mystère de Dieu qui ne sera donné à connaître que dans le Nouveau Testament (Éph. 3:1-12), après l’accomplissement de l’œuvre de l’expiation accomplie par le Fils de Dieu et l’envoi du Saint Esprit pour habiter dans les croyants.
Ch. 1 : Généalogie et naissance de Christ
Ch. 2 : L’adoration des mages et la haine d’Hérode
Ch. 3 : Le baptême de Christ au Jourdain
Ch. 4:1-11 : La tentation de Christ
Ch. 4:12-25 : Les premiers actes de Christ ; l’appel des disciples
Ch. 5 : Le Sermon sur la montagne : les béatitudes et les relations avec la loi
Ch. 6 : Le Sermon sur la montagne : la recherche du royaume de Dieu
Ch. 7 : Le Sermon sur la montagne : le chemin étroit
Ch. 8 : La puissance de Jésus sur les maladies et sur Satan
Ch. 9 : L’appel de Matthieu et d’autres miracles
Ch. 10 : L’envoi des douze apôtres
Ch. 11 : La réjection de Christ par le peuple
Ch. 12 : La réjection de Christ par les chefs du peuple
Ch. 13 : Les sept paraboles du royaume des cieux
Ch. 14 : La mort de Jean le Baptiseur ; les cinq mille et la première multiplication des pains ; Jésus marche sur la mer
Ch. 15 : Les pharisiens ; la femme cananéenne ; les quatre mille et la seconde multiplication des pains
Ch. 16 : Première mention de l’Assemblée et des souffrances de Christ
Ch. 17 : Transfiguration et deuxième mention des souffrances de Christ
Ch. 18 : La conduite qui convient dans le royaume et dans l’Assemblée
Ch. 19 : À propos du divorce ; le jeune homme riche
Ch. 20 : La parabole de la vigne ; troisième mention des souffrances de Christ ; les fils de Zébédée
Ch. 21 : L’entrée à Jérusalem ; la parabole du maître de la vigne
Ch. 22 : La parabole du repas des noces ; les pharisiens et les sadducéens
Ch. 23 : Les sept malheurs sur les scribes et les pharisiens
Ch. 24 : Discours sur les temps de la fin : Israël et son résidu
Ch. 25 : Discours sur les temps de la fin : La chrétienté et les nations
Ch. 26 : La Pâque et l’arrestation de Jésus
Ch. 27 : La condamnation, la crucifixion et l’ensevelissement de Jésus
Ch. 28 : La résurrection de Jésus et la mission confiée à ses disciples.
16 chapitres
Dans le Nouveau Testament, un seul homme est appelé Marc ; il est reconnu, dès le début du 2e siècle, comme étant l’auteur de l’évangile portant ce nom. Ce Marc, qui s’appelait en fait Jean, était le fils d’une certaine Marie, propriétaire d’une maison à Jérusalem (Actes 12:12). C’est là que Pierre se rendit lorsque les portes de la prison lui furent ouvertes. Jean-Marc était également un neveu (ou cousin) de Barnabas, qui accompagna un certain temps l’apôtre Paul (Col. 4:10) ; il fut leur serviteur pendant le premier voyage missionnaire (Actes 12:25 ; 13:5). Toutefois, Marc, un tout jeune homme alors, les quitta à Perge et retourna à Jérusalem (Actes 13:13). Lorsque Barnabas voulut s’adjoindre son parent pour le deuxième voyage, Paul refusa, si bien qu’ils se séparèrent (Actes 15:37-39). Environ douze ans plus tard, dans les épîtres aux Colossiens et à Philémon, nous retrouvons le nom de Marc, un homme qui a mûri dans l’intervalle (Col. 4:10 ; Philém. 24). Il est alors à Rome, aux côtés de Paul prisonnier. Dans la seconde épître à Timothée, l’apôtre demande, peu avant sa mort, que Marc, un serviteur devenu maintenant utile, soit amené (2 Tim. 4:11). Marc est mentionné une dernière fois en 1 Pierre 5:13. À cette occasion, Pierre le nomme son fils, sans doute pour indiquer sa relation spirituelle intime avec lui.
Ainsi, des liens particulièrement étroits unissaient Marc non seulement à Paul, mais à Pierre également.
Des quatre évangiles, celui de Marc est le plus court et le plus condensé dans son mode de présentation. Marc rapporte les œuvres du Seigneur plutôt que ses enseignements. L’évangéliste ne recourt pas à une forme passée dans ses récits, il se sert du présent. L’emploi du mot eutheos
(aussitôt), qui revient plus de 40 fois, est particulièrement frappant. Dès le premier chapitre, Marc parle du service du Seigneur.
Beaucoup plus souvent que dans les autres évangiles, nous voyons le Seigneur Jésus se retirer à l’écart (Marc 1:12, 35 ; 6:31, 46 ; 7:17, 24 ; 9:2 ; 11:19). Marc mentionne à maintes reprises que Jésus ne voulait pas que ses œuvres soient publiées (Marc 1:34, 44 ; 3:12 ; 5:43 ; 7:36 ; 8:26, 30 ; 9:9, 30).
Les disciples n’appellent pas une seule fois Jésus « Seigneur », et il n’est nommé que sept fois « Christ » (Oint).
Toutes ces particularités indiquent que le but de cet évangile est de présenter Christ comme le Serviteur de Dieu. Il n’était pas seulement le Roi promis d’Israël comme dans l’évangile selon Matthieu, mais aussi le vrai serviteur de l’Éternel (comp. És. 42:1-9 ; 49:1-6 ; 52:13-15 ; Zach. 3:8). Selon ses propres paroles, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs (Marc 10:45).
Mais dans l’évangile selon Marc, le Seigneur Jésus est également présenté comme le vrai prophète
(comp. Deut. 18:15). En tant que tel, il a annoncé la bonne nouvelle de Dieu, l’évangile
. Ce mot caractéristique se trouve, dans l’original, huit fois en Marc, quatre fois en Matthieu, mais pas en Luc (sauf dans le verbe grec « évangéliser ») ni en Jean. Le Seigneur résume, en Marc 1:38, son activité prophétique, celle du serviteur qui annonce la parole de Dieu avec autorité, par cette déclaration : « Allons ailleurs dans les bourgades voisines, afin que j’y prêche aussi ; car c’est pour cela que je suis venu. »
Le Serviteur de Dieu est également le Serviteur souffrant. Dans l’évangile de Marc, proportionnellement à la longueur du texte, le récit des souffrances et de la mort du Seigneur occupe une grande place. Quatre fois, le Seigneur parle à ses disciples des souffrances qui sont devant lui : Marc 8:31 ; 9:12, 31 ; 10:32-34.
Le « Tableau comparatif des quatre évangiles » (article séparé) montre que dans l’évangile selon Marc, contrairement à ce que nous trouvons en parcourant les deux autres synoptiques, les événements sont présentés davantage d’après leur ordre chronologique.
Bien que l’évangile selon Marc soit le plus court, il renferme certains faits qui ne se trouvent pas dans les autres évangiles. Relevons notamment :
Deux miracles :
Deux paraboles :
Dans sa jeunesse, Marc a été un serviteur infidèle. Pourtant, cet évangéliste est précisément chargé par le Seigneur de présenter la vie du vrai Serviteur dévoué à son Dieu.
Marc est le seul à rapporter, au chapitre 14:51, 52, l’épisode au cours duquel un certain jeune homme, qui avait suivi Jésus, s’était échappé nu devant les hommes venus arrêter le Seigneur. Une tradition ancienne veut voir Marc lui-même dans ce jeune homme.
Ch. 1:14-45 : Le baptême de Jésus, l’appel des premiers disciples et les premières œuvres
Ch. 2:1 à3:6 : Guérisons et questions des pharisiens
Ch. 3:7-35 : Guérisons et discours
Ch. 4 : Différentes paraboles ; la tempête apaisée
Ch. 5 : La guérison du démoniaque et de la femme ayant une perte de sang ; la résurrection de la fille de Jaïrus
Ch. 6 : L’envoi des douze ; la mort de Jean le Baptiseur ; les 5000 et la multiplication des pains ; Jésus sur la mer
Ch. 7 : Jésus reprend les pharisiens, guérit la fille de la Syrophénicienne et le sourd-muet
Ch. 8 : Les 4000 et la multiplication des pains ; mise en garde contre le levain ; l’aveugle de Bethsaïda ; la confession de Pierre et la première annonce des souffrances
Ch. 9 : La transfiguration de Jésus ; l’impuissance des disciples ; discours sur l’humilité et le pardon
Ch. 10 : Sur le divorce ; le jeune homme riche ; Bartimée
Ch. 11 : Entrée à Jérusalem et purification du temple ; le figuier stérile
Ch. 12 : Les méchants cultivateurs ; les pharisiens, les sadducéens et les scribes
Ch. 13 : Le discours de Jésus, concernant les temps de la fin, sur la montagne des Oliviers
Ch. 14 : L’onction de Jésus à Béthanie, la dernière Pâque, Gethsémané et l’arrestation
Ch. 15 : La condamnation, la crucifixion et la mort de Christ
Ch. 16 La résurrection, l’envoi des disciples et l’ascension de Christ.
24 chapitres
Comme les deux premiers, le dernier des trois évangiles synoptiques ne contient aucune indication directe sur son auteur. En revanche, le nom du destinataire est mentionné dès le début : il s’agit d’un homme distingué, du nom de Théophile, dont nous ne savons rien d’autre, et à qui le livre des Actes des apôtres est également dédié. Luc, « le médecin bien-aimé », n’était pas apôtre et n’avait vraisemblablement pas non plus d’ascendance juive (comp. Col. 4:11 et 14 ; les frères judéo-chrétiens sont mentionnés expressément au verset 11, d’où la déduction que les collaborateurs nommés au verset 14, Luc et Démas, étaient des chrétiens d’entre les nations). Pendant des années, Luc a été un fidèle compagnon et collaborateur de l’apôtre Paul : il était avec lui dans son deuxième voyage missionnaire de Troas à Philippes (Actes 16:10), et dans son troisième voyage, de Philippes à Jérusalem (Actes 20:6 ; cf. l’emploi du pronom « nous »). Enfin, Luc a accompagné Paul prisonnier à Rome (Actes 27:1). Il était encore auprès de l’apôtre lors de la rédaction des épîtres aux Colossiens et à Philémon et, lorsque Paul écrivait la seconde épître à Timothée, Luc seul se trouvait dans la proximité immédiate de l’apôtre.
Comme médecin, Luc était au bénéfice d’une solide instruction qui se reflète dans la présentation et le style de son œuvre. N’ayant pas assisté personnellement aux événements dont il parle, l’évangéliste avait étudié avec le plus grand soin et avec rigueur les récits mis à sa disposition par des témoins oculaires, dont nous ne savons rien de plus à ce jour. En fait, plus du tiers de l’évangile selon Luc — particulièrement les premiers chapitres et le récit du trajet jusqu’à Jérusalem (Luc 9 à 19) — comporte des éléments que les autres évangiles ne renferment pas.
Les premiers versets de l’évangile (Luc 1:1, 4) montrent, d’une façon particulièrement belle, l’unité entre la motivation de l’écrivain et l’inspiration divine. Ce qu’il avait appris par les témoins oculaires, Luc l’a consigné par écrit sous la direction du Saint Esprit.
Luc est le seul homme non juif que Dieu ait appelé à écrire un livre de la Bible. Parmi les quatre évangiles, le plus long est celui qui porte son nom. Si nous ajoutons à cet écrit le livre des Actes des apôtres, Luc est l’auteur qui, après l’apôtre Paul, a apporté la plus grande contribution au Nouveau Testament.
Un signe particulier caractérise l’évangile selon Luc — autant que les Actes des apôtres. Il s’agit de l’universalité du message du salut adressé à tous les hommes dans le monde entier (comp. Luc 2:14, 32 ; 3:6 ; 4:25-27 ; 24:47). Lors de l’envoi des douze apôtres en Luc 9, nous ne trouvons pas la restriction, mentionnée par Matthieu, de n’aller que vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Luc seul rapporte l’envoi des soixante-dix (ch. 10). Il parle plus que les autres évangélistes des contacts du Seigneur avec divers groupes d’hommes, ou des individus : les méprisés (Luc 7:37ss ; 19:1ss ; 23:40ss), les Samaritains (Luc 9:52ss ; 10:33ss ; 17:16), les enfants et les femmes (Luc nomme plus d’une dizaine de femmes mentionnées nulle part ailleurs). L’universalité du service de Christ trouve son expression la plus claire dans le verset clé du chapitre 19 : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (v. 10). Les mots Sauveur
, salut
/délivrance
et sauver
reviennent particulièrement souvent.
L’objet principal de l’exposé de Luc reste cependant la personne du Seigneur comme le Fils de l’homme, l’Homme vrai et parfait qui, seul Juste, a vécu parmi les méchants et a subi pour eux la mort de la croix. C’est pourquoi Luc est l’auteur qui donne le plus de détails sur l’humanité du Fils de Dieu : sa naissance, son enfance, son obéissance à Marie et Joseph, et sa croissance à tous égards. La généalogie du Seigneur Jésus est retracée par Luc jusqu’à Adam, le premier homme (il s’agit de la lignée de Marie). Aucun des autres évangiles ne nous montre le Seigneur aussi souvent en prière que celui de Luc (ch. 3:21 ; 5:16 ; 6:12 ; 9:18, 28 ; 11:1 ; 18:1-8 ; 22:32, 40-46 ; 23:34, 46 ; 24:30). Nous voyons là l’expression de la dépendance parfaite de Christ envers son Dieu et Père. L’intention du Saint Esprit dans cet évangile est résumée par ces quelques mots prononcés par le centurion auprès de la croix : « En vérité, cet homme était juste » (Luc 23:47).
La notion de « joie » revient sous la plume de Luc — comme aussi dans le texte de Jean — plus souvent que dans les deux autres évangiles. Sans cesse répété, ce sentiment montre, à l’évidence, que l’évangile représente une bonne ou une heureuse nouvelle. Un trait particulièrement beau de l’écrit de Luc est qu’il commence par cette joie et se termine par elle (Luc 1:14 et 24:52).
En 1 Timothée 5:18, Paul mentionne ces paroles tirées de Luc 10:7 : « L’ouvrier est digne de son salaire ». Cette citation est très remarquable pour deux motifs. Premièrement, elle indique que l’évangile selon Luc existait déjà lors de la rédaction de la première épître à Timothée. Deuxièmement, ce passage démontre que, dès le début, l’écrit de Luc était reconnu par les croyants comme étant un livre canonique, appartenant à l’Écriture Sainte. Par l’expression : « Car l’Écriture dit », utilisée pour introduire les citations de Deutéronome 25:4, et Luc 10:7, l’apôtre Paul fait référence à la Parole inspirée de Dieu. Le passage de l’évangile selon Luc peut donc être considéré comme faisant partie de l’Écriture Sainte. Nous voyons que le Saint Esprit a usé de la même autorité, tant pour rassembler les divers écrits qui forment la Bible que pour inspirer leurs auteurs.
Ch. 1 : Naissance de Jean le Baptiseur et annonce de la naissance de Jésus
Ch. 2 : Naissance de Jésus et épisodes de son enfance
Ch. 3:1 à 4:13 : Baptême, généalogie et tentation de Jésus
Ch. 4:14-44 : À Nazareth et à Capernaüm
Ch. 5 : Le coup de filet de Pierre, la guérison du paralytique et l’appel de Lévi
Ch. 6 : La question du sabbat ; appel et instruction des douze apôtres
Ch. 7 : Le centurion de Capernaüm ; le jeune homme de Nain ; Jean le Baptiseur ; la grande pécheresse
Ch. 8 : Les quatre terrains ; Jésus dans la tempête ; la guérison du démoniaque ; la fille de Jaïrus ; la femme ayant une perte de sang
Ch. 9 : 1-50 Envoi des douze apôtres ; transfiguration et annonce des souffrances de Jésus
Ch. 9:51-62 : La marche à la suite de Christ
Ch. 10 : Envoi des soixante-dix ; le bon Samaritain ; Marie et Marthe
Ch. 11 : La prière ; la réjection de Jésus ; les six malheurs sur les pharisiens et les scribes
Ch. 12 : La part céleste : la persécution, un trésor dans les cieux, l’espérance et la fidélité
Ch. 13 : Enseignements sur le royaume de Dieu
Ch. 14 : Grâce et marche à la suite de Jésus
Ch. 15 : La brebis, la drachme et le fils perdus
Ch. 16 : L’économe injuste ; l’homme riche et Lazare, le pauvre
Ch. 17 : Pardon et foi ; les dix lépreux ; le retour de Christ
Ch. 18 : Le juge inique ; le pharisien et le publicain ; le jeune homme riche ; l’aveugle près de Jéricho
Ch. 19:1-27 : Zachée ; les dix mines
Ch. 19:28-48 : Entrée à Jérusalem et purification du temple
Ch. 20 : Conflit avec les chefs du peuple
Ch. 21 : Discours sur les temps de la fin sur la montagne des Oliviers
Ch. 22 : La pâque, la cène, Gethsémané, l’arrestation de Jésus et le reniement de Pierre
Ch. 23 : La condamnation, la crucifixion, la mort et l’ensevelissement de Jésus
Chapitre 24 La résurrection, les disciples d’Emmaüs, Jésus avec les onze apôtres et l’ascension de Jésus.
21 chapitres
Dans l’évangile selon Jean, comme dans les trois évangiles synoptiques, le nom de l’auteur n’est pas indiqué. L’écrivain donne la première place au message de Dieu. Pourtant, comme il le dit lui-même, il a assisté personnellement aux événements qu’il rapporte (Jean 1:14 ; 19:35). En fait, seul un témoin oculaire était à même de donner des détails aussi précis, tels que : « c’était environ la dixième heure » (Jean 1:39), « six vaisseaux de pierre » (ch. 2:6) et « cent cinquante-trois gros poissons » (ch. 21:11).
L’auteur de cet évangile s’appelle cinq fois : « le disciple que Jésus aimait » (comp. Jean 21:24, avec ch. 13:23 ; 19:26 ; 20:2 ; 21:7, 20), et plusieurs fois « l’autre disciple » (Jean 18:15 ; 20:2, 3, 8).
Nous possédons plus de détails biographiques sur Jean que sur les autres évangélistes. Il était l’un des deux fils de Zébédée, un pêcheur apparemment aisé qui travaillait sur le lac de Génésareth, et employait des hommes à gages (Marc 1:19, 20). La mère de Jean et de Jacques s’appelait Salomé (Matt. 27:55, 56 ; Marc 15:40). Elle intercéda pour ses fils, demandant au Seigneur de les faire asseoir auprès de lui, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche, dans le royaume (Matt. 20:20).
L’appel de Jean à devenir un disciple du Seigneur est décrit dans les évangiles synoptiques (Matt. 4:21, 22 ; Marc 1:19, 20 ; Luc 5:10, 11).
Avec Jacques son frère et Pierre, Jean formait le cercle le plus intime des apôtres. Seuls ces trois hommes ont eu le privilège d’être avec le Seigneur lors de la résurrection de la fille de Jaïrus, sur la montagne au moment de la transfiguration de Jésus et dans le jardin de Gethsémané (Luc 8:51 ; 9:28 ; Matt. 26:37 ; Marc 13:3). Pierre et Jean ont été envoyés pour apprêter la dernière pâque (Luc 22:8) ; ils sont aussi les deux premiers disciples que Marie de Magdala a rencontrés le jour de la résurrection du Seigneur : ils ont vu alors le sépulcre vide (Jean 20:2-10). Lors de la dernière rencontre dans la chambre haute à Jérusalem, Jean était placé le plus près du Seigneur. Et il se trouvait seul au pied de la croix près de son Seigneur (Jean 13:23-25 ; 19:26, 27). Enfin, le premier, Jean a reconnu le Seigneur quand il est apparu aux disciples sur le rivage du lac de Génésareth (Jean 21:7).
Nous retrouvons Jean dans le livre des Actes, après l’ascension du Seigneur : le disciple rend témoignage de son maître avec Pierre (ch. 3 et 4), puis Jean est évoqué une nouvelle fois quand il est envoyé par les apôtres en Samarie (ch. 8:14). Selon Galates 2:9, lors de sa deuxième visite à Jérusalem, Paul a rencontré Jean.
Par la suite, Jean s’est vraisemblablement établi en Asie mineure (Éphèse), où il est demeuré jusqu’au moment de sa mort, survenue à un âge avancé, vers 100 apr. J. C. Ce séjour a toutefois été interrompu à l’époque du bannissement de l’apôtre sur l’île méditerranéenne de Patmos (Apoc. 1:9).
Aucun des quatre évangélistes n’a eu l’intention d’écrire, selon les normes humaines, une biographie complète de Christ. Mais alors que les trois premiers ont brossé, dans les grandes lignes, un tableau concordant de la venue et de l’activité de Christ, depuis son baptême au Jourdain jusqu’à sa résurrection et à son ascension — d’où l’appellation de « synoptiques » utilisée pour désigner les textes en question — dans l’évangile selon Jean, l’intention du Saint Esprit est différente. De la trentaine de miracles décrits dans les synoptiques, Jean ne parle que d’un seul (la multiplication des pains pour les cinq mille, au chapitre 5), mais en revanche, l’évangéliste mentionne six autres faits surnaturels que l’on ne retrouve pas ailleurs ; il rapporte ainsi sept miracles : le chiffre suffisant de la perfection divine. En outre, pour l’apôtre ce sont des « signes » plutôt que des miracles (*). Il s’en explique au chapitre 20:30, 31 : « Jésus donc fit aussi devant ses disciples beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ces choses sont écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom. »
(*) Dans notre version française, le mot « miracle » est employé, mais une note indique : littéralement : signes. (Note du trad.)
Par cette déclaration, l’évangéliste définit à la fois le sujet et le but de son écrit : le Seigneur Jésus est le Fils de Dieu
. Jean lui donne vingt-neuf fois ce titre de « Fils », dont dix fois « Fils de Dieu ». Dans un langage d’une simplicité presque enfantine — son vocabulaire se limite à quelque sept cents mots il nous communique dans son évangile la vérité extraordinaire que la Parole, le Fils éternel de Dieu, est devenue chair. C’est pourquoi Jean ne donne pas la généalogie du Seigneur Jésus, ni ne parle de sa naissance et de son enfance, mais, dès le premier verset, il fait remonter le lecteur dans l’éternité passée : « Au commencement était la Parole. » La préexistence éternelle du Fils de Dieu est encore indiquée dans les chapitres 8:58 et 17:5, 24. Jean mentionne peu de miracles accomplis par le Seigneur Jésus pendant sa vie ici-bas ; il en parle simplement comme de « signes » (ch. 2:11 ; 4:54), qui ne sont là que pour manifester la toute-puissance divine du Seigneur.
L’homme Christ Jésus est en même temps le Dieu éternel, celui qui peut dire de lui, comme l’Éternel (« Yahwe » ou « Jéhovah ») dans l’Ancien Testament : « Je suis celui qui suis » (Ex. 3:14). Lorsque les soldats se saisissent du Seigneur, ils reculent et tombent par terre en l’entendant déclarer : « C’est moi » (Jean 18:5). Christ est le seul à pouvoir dire : « Moi, je suis le pain de vie… la lumière du monde… la porte des brebis… le bon berger… la résurrection et la vie… le chemin, et la vérité, et la vie » (Jean 6:35 ; 8:12 ; 10:7, 11 ; 11:25 ; 14:6).
Jean répète à plusieurs reprises que le Seigneur Jésus a laissé volontairement sa vie (Jean 10:17 ; 18:11 ; 19:30). Par conséquent, la scène de la prière dans le jardin de Gethsémané n’est pas décrite dans cet évangile. Le Fils de Dieu avait le pouvoir de laisser sa vie et le pouvoir de la reprendre.
Les quelques événements particuliers rapportés par Jean suivent, pour autant que nous puissions en juger, l’ordre chronologique comme dans l’évangile selon Marc. Jean est le seul évangéliste qui mentionne, dans son écrit, trois pâques différentes. Ce fait essentiel nous permet d’établir que le service officiel du Seigneur Jésus a duré environ trois ans (voir Jean 2:13 ; 6:4 ; 13:1).
Le caractère particulier de l’évangile selon Jean tient notamment à la présentation des rapports du Fils de Dieu avec le peuple juif. Contrairement à ce que nous trouvons dans les autres évangiles, le Seigneur Jésus est montré ici dès le début comme le méprisé, le rejeté (Jean 1:11). Les « Juifs », c’est-à-dire les conducteurs du peuple, sont de plus en plus distingués de la « foule ». Ils se manifestent toujours comme étant les adversaires du Seigneur. Pourtant, Jean est le seul à décrire le service de Christ en Judée (Jean 1:29 à 3:36). En fait, ce ministère a précédé celui qu’il a accompli en Galilée. Jean mentionne également quatre fois la présence de Jésus à Jérusalem (ch. 2:13 ; 5:1 ; 7:14 ; 12:12). Les autres évangiles n’ont jamais montré le Seigneur rencontrant un manque d’intelligence et une incompréhension comparables à ce que nous découvrons dans l’évangile selon Jean : les Juifs pensent au temple de Jérusalem alors que le Christ parle du temple de son corps (ch. 2:20, 21) ; Nicodème ne saisit pas ce que le Seigneur entend par la nouvelle naissance (ch. 3:3-5) ; la femme à Sichar ne sait pas ce que signifie l’eau de la vie (ch. 4:10-15) ; la foule ne comprend pas ce qu’est le pain venant du ciel (ch. 6:34), etc. Tous ces faits manifestent l’opposition absolue (impossible à surmonter pour les hommes) entre les ténèbres et la lumière, la mort et la vie, le monde et Dieu. Il a fallu que Dieu le Fils devienne Homme et accomplisse l’œuvre de la rédemption à la croix, pour que l’accès à Dieu par la foi soit ouvert aux hommes.
Ch. 1 : Jean le Baptiseur ; les premiers disciples de Jésus
Ch. 2 : La noce de Cana ; la purification du temple
Ch. 3 : Nicodème ; Jean le Baptiseur
Ch. 4 : La Samaritaine ; le fils du seigneur de la cour
Ch. 5 : L’infirme du réservoir de Béthesda ; l’opposition des Juifs
Ch. 6 : Les cinq mille et la multiplication des pains ; le pain de vie
Ch. 7 : Jésus à la fête des tabernacles
Ch. 8 : La femme adultère ; rejet des paroles de Jésus
Ch. 9 : L’aveugle-né ; rejet des œuvres de Jésus
Ch. 10 : Le bon Berger
Ch. 11 : La résurrection de Lazare
Ch. 12 : L’onction de Jésus ; le désir des Grecs et l’incrédulité des Juifs
Ch. 13 : Le lavage des pieds
Ch. 14 : Les disciples et le Fils, le Père et le Saint Esprit
Ch. 15 : Le vrai Cep
Ch. 16 : Le Saint Esprit et la nouvelle dispensation
Ch. 17 : La prière du Seigneur pour les siens
Ch. 18 : Arrestation et accusation du Seigneur
Ch. 19 : Condamnation, crucifixion et mort du Seigneur
Ch. 20 : Le jour de la résurrection
28 chapitres
Les Actes des apôtres, comme l’évangile selon Luc, sont adressés à un certain Théophile (voir Luc 1:3). On en a conclu que les Actes sont également dus à la plume de Luc.
Comme cela vient d’être dit, les Actes des apôtres constituent la deuxième partie d’un ouvrage : l’auteur se propose de présenter, à l’intention d’un homme haut placé, un exposé sur les débuts du christianisme, c’est-à-dire de placer devant lui la vie et la mort du Rédempteur, et l’extension de la foi chrétienne.
Le titre « Actes des apôtres » ne correspond pas vraiment au contenu du livre, rédigé par Luc sous l’inspiration de Dieu. Une désignation telle que « Les actes du Saint Esprit » serait plus appropriée : le Saint Esprit est la personne centrale de ce récit. Sa présence et son activité marquent de leur caractère le livre des Actes des apôtres.
Toutefois, l’exposé en question présente aussi une description du service des apôtres Pierre et Paul. Pierre est le principal instrument humain employé dans les douze premiers chapitres, Paul remplit une fonction similaire dès le chapitre 13. Dans la première partie, le centre géographique est Jérusalem ; dans la seconde, Antioche suscite l’intérêt, car au sein de cette ville fut constituée la première grande assemblée chrétienne d’entre les nations.
Luc ne se nomme pas personnellement, bien qu’il ait accompagné l’apôtre Paul dans plusieurs voyages. L’emploi du pronom « nous » permet de faire cette déduction. Paul entreprit son premier voyage en Asie mineure (vers 46-49 apr. J.C. environ) en compagnie de Barnabas (Actes 13:1 à 15:33).
Lors du deuxième voyage en Asie mineure et en Grèce (dans les années 51-54 apr. J.C.), l’apôtre était accompagné de Silas (Actes 15:40 à 18:22) ; plus tard, Timothée se joignit à eux (Actes 16:1-3) et, à Troas pour la première fois, Luc aussi (Actes 16:8-10 : « nous »). Puis Luc resta à Philippes (Actes 16:40 : « ils »). Au cours de son troisième voyage (vers 54-58 apr. J.C. ; Actes 18:23 à 21:26), en passant à Philippes, Paul retrouva Luc, car depuis cette rencontre, le pronom « nous » est employé à nouveau (Actes 20:5 à 21:10). Luc accompagna l’apôtre jusqu’à Jérusalem. Enfin, aux côtés de Paul et de ses autres compagnons, Luc voyagea par la mer, depuis Césarée jusqu’à Rome (Actes 27:1 à 28:16).
Les Actes forment le lien entre les évangiles et les épîtres. Le sujet et le but de ce livre sont indiqués d’une manière très belle dans ces paroles du Seigneur au verset 8 du chapitre 1 : « Mais vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous ; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre. »
Ch. 1 : L’ascension du Seigneur
Ch. 2 : Le don du Saint Esprit
Ch. 3 et 4 : Une guérison et ses conséquences
Ch. 5 : Ananias et Sapphira ; emprisonnement des apôtres
Ch. 6 : Les sept diacres
Ch. 7 : Étienne, le premier martyr
Ch. 8 : Philippe en Samarie
Ch. 9 : Conversion de Saul
Ch. 10 et 11 : Pierre et la conversion de Corneille
Ch. 12 : Pierre en prison
Ch. 13:1 à 15:33 : Premier voyage en Asie mineure
Ch. 15:35 à 18:22 : Deuxième voyage en Asie mineure et en Grèce
Ch. 18:23 à 21:17 : Troisième voyage en Asie mineure, en Grèce et en Palestine
Ch. 21:18 à 23:35 : Arrestation de Paul à Jérusalem
Ch. 24 à 26 : Captivité à Césarée
Ch. 27 et 28 : Voyage à Rome et captivité dans cette ville.
Les treize épîtres qui portent le nom de l’apôtre Paul constituent une grande partie du Nouveau Testament. Certaines d’entre elles sont difficiles à comprendre, comme l’écrit l’apôtre Pierre (2 Pierre 3:16). Mais elles sont indispensables à chaque croyant qui souhaite acquérir une connaissance approfondie des vérités chrétiennes. L’épître aux Romains
présente l’évangile pur et complet de Dieu pour tous ; l’épître aux Philippiens
, la joie en suivant le Seigneur Jésus ; l’épître aux Éphésiens
, les pensées de Dieu quant à son Assemblée ; la première épître aux Corinthiens
, l’ordre intérieur de cette Assemblée, et la première épître à Timothée
, l’ordre extérieur ; les épîtres aux Thessaloniciens
enfin, l’espérance vivante et l’avenir des chrétiens. Plusieurs autres sujets importants sont encore traités dans les épîtres.
L’auteur de ces lettres, l’apôtre Paul, s’appelait à l’origine Saul. Juif instruit, issu de la tribu de Benjamin (Phil. 3:5), ce serviteur était originaire de Tarse de Cilicie (Asie mineure). Il avait étudié la loi judaïque avec le rabbin Gamaliel, selon les normes les plus strictes des pharisiens (Actes 22:3 ; 26:5). Comme jeune homme déjà, Paul surpassait par ses connaissances tous ceux de son âge (Gal. 1:14). En même temps, le futur apôtre persécutait avec un zèle fanatique les chrétiens, dont le nombre augmentait constamment à cette époque. Partout où il le pouvait, Saul poursuivait les fidèles avec l’assentiment des autorités juives. Par la suite, dans ses épîtres, l’apôtre évoque, plus d’une fois, avec grande tristesse, cette période qui a précédé sa conversion (1 Cor. 15:9 ; Gal. 1:13 ; 1 Tim. 1:13).
Au cours d’un voyage à Damas se produisit l’événement décisif pour la suite de la vie de Saul : sa rencontre avec le Seigneur Jésus (Actes 9). Déjà mis à part dès le ventre de sa mère, Saul se convertit à Dieu, qui maintenant l’appelait à annoncer Son Fils parmi les nations païennes. C’est ainsi que Paul (le nom qui lui fut donné plus tard ; Actes 13:9) devint l’apôtre des nations (Gal. 2:7, 8 ; Rom. 11:13 ; 15:16).
Il commença par annoncer dans les synagogues juives à Damas que Jésus était le Fils de Dieu. Les Juifs menaçant de le mettre à mort, il s’enfuit en Arabie. Nous ne savons rien des trois années qu’il passa là ; mais nous pouvons penser que dans cette retraite, Dieu prépara le futur apôtre pour ses tâches à venir. Ensuite Saul monta à Jérusalem (Actes 9:26-28 ; Gal. 1:18).
Il fut d’abord rejeté par les chrétiens qui vivaient dans cette ville. Plus tard, les Juifs cherchèrent à le tuer et il dut fuir dans sa ville natale de Tarse (Actes 9:26-30). Barnabas vint le chercher après quelque temps pour le conduire à Antioche, en Syrie, où s’était constituée la première grande assemblée de croyants d’entre les nations. Tous deux servirent le Seigneur dans cette ville pendant une certaine période (Actes 11:25, 26).
Depuis Antioche, Barnabas et Saul partirent pour leur premier voyage missionnaire
à Chypre et en Asie mineure (vers 46-49 apr. J.C.). Selon Actes 13 et 14, les étapes de ce voyage furent : Salamine, Paphos, Perge (où leur jeune compagnon Jean-Marc les quitta pour retourner à Jérusalem), Antioche de Pisidie, Iconium, Lystre et Derbe. Sur le chemin de retour, Paul (c’est le nom qu’il avait pris entre-temps) et Barnabas passèrent à nouveau par presque tous ces endroits, avant de regagner Antioche par Attalie.
Après une deuxième visite à Jérusalem à l’occasion de ce que l’on a appelé le « concile apostolique » (en l’an 50 environ ; comp. Actes 15 et Galates 2:1-10), Paul entreprit, en partant d’Antioche, un deuxième voyage missionnaire
(env. 51-54), accompagné cette fois par Silas. À cause de son neveu Jean-Marc, Barnabas s’était séparé de Paul. Pour la première fois, l’apôtre aborda l’Europe. D’abord il visita une nouvelle fois Derbe, puis Lystre, où il rencontra Timothée, un jeune croyant qu’il prit avec lui. Traversant la Phrygie, la Galatie et la Troade (où Luc se joignit à eux), ils arrivèrent à Philippes, leur première halte en Europe. Ils y laissèrent Luc. Paul continua : il passa par Amphipolis, Apollonie, Thessalonique, Bérée et Athènes, pour arriver à Corinthe. Il séjourna dix-huit mois dans cette ville et écrivit, depuis ce lieu, les deux épîtres aux Thessaloniciens
(env. 52), dans lesquelles il traite en détail les questions que se posaient ces croyants sur l’espérance chrétienne. De Corinthe, après son embarquement à Cenchrée, une ville portuaire, Paul rejoignit par bateau Éphèse, puis Césarée et Antioche.
Peu après, l’apôtre repartit pour son troisième voyage missionnaire
(env. 54-58 ; voir Actes 18:23 à 19:14). En Asie mineure, Paul traversa la Galatie et la Phrygie puis parvint à Éphèse, où il resta trois ans (Actes 20:31). Vers la fin de son séjour, c’est-à-dire au printemps 57, le cœur lourd, Paul écrivit la première épître aux Corinthiens
(1 Cor. 16:8). Cette lettre fut probablement apportée par Timothée (1 Cor. 4:17 ; 16:10). Peut-être aussi, Timothée ne vint-il que plus tard dans cette ville (Actes 19:22). — Il n’est pas impossible que Paul ait écrit l’épître aux Galates
d’Éphèse également.
En fait, Paul se proposait d’aller lui-même le plus tôt possible à Corinthe (1 Cor. 16:5, 6 ; 2 Cor. 1:15). Mais sans doute à cause de la triste situation qui y régnait, il renonça à cette visite (2 Cor. 1:15 ; 2:1), préférant envoyer Tite.
Paul finit pourtant par quitter Éphèse (peut-être à cause du soulèvement décrit en Actes 19:22-41). Il annonça d’abord l’évangile en Troade (2 Cor. 2:12). Mais n’ayant pas de repos dans son esprit, l’apôtre partit pour la Macédoine (Actes 20:1 ; 2 Cor. 2:13). Il y rencontra Tite, arrivant de Corinthe (2 Cor. 7:5, 6). De Macédoine, en 57 toujours, Paul écrivit sa seconde épître aux Corinthiens
(2 Cor. 9:2-4), qu’il fit vraisemblablement porter par Tite (2 Cor. 8:16-18). Dans les Actes, il n’est parlé que d’une seule visite en Macédoine et en Grèce (Actes 20:1-3), au cours de laquelle Paul serait aussi allé à Corinthe, d’où il écrivit l’épître aux Romains
(57/58 apr. J.C.). Dans cette lettre, il mentionne effectivement que des collectes avaient été faites en Macédoine et en Achaïe pour les croyants de Judée. L’apôtre se proposait de porter le produit de ces dons à Jérusalem (Rom. 15:25-28). Ces indications concordent avec celles présentées dans les épîtres aux Corinthiens. La mention de la sœur Phœbé (Rom. 16:1, 2) qui se trouvait à Cenchrée, le port de Corinthe, et la désignation de Gaïus (Rom. 16:23 ; comp. 1 Cor. 1:14) conduisent à penser que Paul écrivit l’épître aux Romains depuis Corinthe, peu avant de se rendre à Jérusalem. Son voyage de Grèce à Jérusalem est décrit en détail dans les chapitres 20 et 21 des Actes.
Peu après son arrivée à Jérusalem, Paul fut pris à partie par des Juifs hostiles à son ministère. L’apôtre aurait succombé à leur colère, si les autorités romaines occupantes n’étaient pas intervenues avec force pour le mettre à l’abri. En raison des fausses accusations de ses compatriotes juifs, Paul resta prisonnier, d’abord à Jérusalem, puis deux ans à Césarée. En 60, lorsque le gouverneur Félix céda sa place à Porcius Festus, une nouvelle comparution eut lieu, au cours de laquelle Paul, en tant que citoyen romain, fit appel à l’empereur (Actes 25:11, 12 ; 26:32). Il fut alors envoyé à Rome. Selon la fin du livre des Actes, après un voyage périlleux par mer, l’apôtre jouit, malgré sa captivité dans cette ville, d’une liberté relativement grande (env. 61-63 ; Actes 27 ; 28).
À la même époque, Paul écrivit les épîtres dites de la captivité, aux Éphésiens
, aux Colossiens
et à Philémon
, qui furent toutes vraisemblablement portées par Tychique (Éph. 6:21 ; Col. 4:7). Vers la fin de sa détention, Paul rédigea encore l’épître aux Philippiens
, dans laquelle il exprime son espérance d’être bientôt libéré (Phil. 1:25, 26 ; 2:24 ; comp. aussi Philémon 22).
Dans ces lettres, Paul se nomme lui-même un prisonnier pour Christ. En effet, l’apôtre était emprisonné parce qu’il avait annoncé aux nations (aux païens) l’évangile de la grâce de Dieu en Christ. Par sa portée universelle, ce message proclame que les nations, autrefois éloignées de Dieu, et les Juifs, qui constituaient jusqu’alors le peuple de Dieu, se trouvent dans le même état de péché et de perdition ; mais que, par la foi à l’évangile, ils possèdent les uns et les autres dans le Christ Jésus les mêmes privilèges, comme enfants de Dieu et membres du seul corps de Christ, l’Assemblée du Dieu vivant.
Le Nouveau Testament ne donne aucune indication sur la suite de la vie de Paul, à part les communications contenues dans les épîtres pastorales. La fin du livre des Actes permet néanmoins de supposer que Paul a été libéré, après les deux années de captivité à Rome. À la suite de son emprisonnement, en 63/64 environ, l’apôtre écrivit la première épître à Timothée
et l’épître à Tite
, dans lesquelles il ne fait aucune allusion à un état de captivité, mais mentionne plutôt divers projets de voyage. Il visita l’assemblée à Éphèse, ville dans laquelle il laissa Timothée (1 Tim. 1:3), puis se rendit en Macédoine. À cette époque, l’apôtre informa par lettre Tite, un autre compagnon d’œuvre, de son intention de passer l’hiver à Nicopolis (Tite 3:12). Paul passa encore une fois à Troas et peut-être à Éphèse (2 Tim. 4:12 ; 1 Tim. 3:14). Depuis cette dernière ville, son chemin le mena par Milet et Corinthe (2 Tim. 4:20) à sa deuxième captivité, dont les circonstances nous sont peu connues. Une nouvelle fois conduit à Rome, l’apôtre fut finalement condamné à mort. Abandonné par plusieurs, mais fortifié par son Seigneur, Paul écrivit, au cours de ce deuxième emprisonnement, un dernier témoignage inspiré, sa seconde épître à Timothée (automne 66/67).
16 chapitres
Paul, l’auteur de l’épître aux Romains, ne mentionne son nom qu’une seule fois, au chapitre 1:1. Il s’intitule lui-même esclave de Jésus Christ et apôtre appelé.
L’apôtre adresse son épître aux bien-aimés de Dieu, saints appelés, qui sont à Rome, c’est-à-dire à tous les chrétiens de cette ville (Rom. 1:7). Paul connaissait plusieurs d’entre eux, comme en témoignent les salutations du chapitre 16, mais il n’avait pas vu l’assemblée à Rome en tant que telle. Il n’était jamais allé à Rome. La parole de Dieu ne nous donne aucune indication sur la constitution de ce rassemblement local. Certes lors de la formation de l’assemblée à la Pentecôte, il y avait déjà à Jérusalem des Juifs de Rome : « nous, Romains qui séjournons ici » (Actes 2:10). Quelques-uns d’entre eux furent peut-être amenés à la foi en Jésus Christ. Dans ce cas, les premiers chrétiens auraient vécu à Rome dès les années 30. Il ne faut pas non plus sous-estimer l’importance du trafic des voyageurs et des marchandises à cette époque. Cet élément contribua à la propagation de l’évangile entre la capitale de l’Empire romain et la province. Paul a sans doute rencontré la plupart des chrétiens qu’il fait saluer à la fin de son épître en dehors de Rome, au cours de ses voyages.
Quoi qu’il en soit, une assemblée existait probablement à Rome vers les années 50. En 49, un édit de l’empereur Claude contraignit tous les Juifs à quitter la capitale. Aquilas et Priscilla (Prisca) étaient concernés ; ils étaient certainement déjà chrétiens lorsque Paul les rencontra à Corinthe (Actes 18:2 ; Rom. 16:3).
Quand bien même la lettre adressée aux Romains est placée en tête des épîtres du Nouveau Testament, elle n’est pas la première écrite par Paul. Les épîtres aux Thessaloniciens et aux Corinthiens (peut-être aux Galates aussi) sont antérieures.
Les versets 25 à 28 du chapitre 15 contiennent une indication importante quant à l’époque de la rédaction de l’épître qui nous occupe. Paul parle de son voyage à Jérusalem où il va apporter un don de la part des croyants de la Macédoine et de l’Achaïe. Les apôtres à Jérusalem lui avaient demandé de se souvenir des pauvres (Gal. 2:10). Dans la première épître qu’il leur avait adressée, Paul encourageait les Corinthiens à rendre ce service d’amour fraternel (1 Cor. 16:1-4) ; dans la seconde, l’apôtre était revenu une nouvelle fois en détail sur cet aspect, manifestement important à ses yeux, de l’œuvre du Seigneur (2 Cor. 8 et 9). Son troisième voyage missionnaire conduisit Paul en Macédoine et en Grèce (Actes 20:1-3) où les dons qu’il devait transmettre à Jérusalem lui furent confiés (Actes 24:17).
Paul écrivit l’épître aux Romains quand il se décida à entreprendre ce troisième voyage. Les mentions de la servante Phœbé de Cenchrée, le port de Corinthe (Rom. 16:1, 2), et de Gaïus (Rom. 16:23 ; comp. 1 Cor. 1:14) démontrent que l’apôtre rédigea son épître aux Romains peu avant de quitter Corinthe pour Jérusalem, à savoir dans les années 57/58. Dans sa lettre, il exprime le désir de s’arrêter aussi à Rome et en Espagne (Rom. 1:11-15 ; 15:23, 24), mais ce souhait ne s’est pas réalisé. Quelques années plus tard, Paul entra dans la capitale romaine en tant que prisonnier de l’empereur.
Inspirée par le Saint Esprit, cette épître fut dictée comme les autres par Paul ; Tertius (lat. « le tiers ») l’écrivit (Rom. 16:22).
L’épître de l’apôtre Paul aux Romains expose d’une manière systématique le message fondamental du salut de Dieu, « l’évangile de Dieu » (Rom. 1:1). Sa position en tête de toutes les épîtres du Nouveau Testament est donc parfaitement justifiée.
L’origine divine de ce message du salut et sa liaison avec la manière d’agir de Dieu dans l’Ancien Testament ressortent des quelque 50 citations ou mentions tirées de l’Ancien Testament que nous trouvons dans cette épître. La façon dont la « question d’Israël » est traitée dans les chapitres 9 à 11 contribue également à montrer le lien entre les plans temporels de Dieu et ses conseils éternels.
Après une courte introduction, l’apôtre Paul commence par établir que tous les hommes sont pécheurs ; à cause de leurs méchantes actions, ils ne méritent rien d’autre que le juste jugement éternel de Dieu, la perdition (Rom. 1:18 à 3:20). Mais la justice de Dieu est alors présentée : Dieu a envoyé son Fils unique, Jésus Christ, afin que quiconque croit à son œuvre expiatoire sur la croix de Golgotha, puisse être parfaitement justifié devant Dieu et recevoir la paix avec lui (Rom. 3:21 à 5:11).
Puis les chapitres 5:12 à 8:39 montrent que l’homme n’a pas seulement commis des mauvaises actions, mais que de nature
aussi il est pécheur ; par conséquent, le « vieil homme » est crucifié et mort avec Christ, c’est-à-dire qu’aux yeux de Dieu, il est complètement mis de côté (Rom. 6:6-8). Le croyant peut alors marcher en nouveauté de vie ; il n’est plus sous la nécessité de pécher (Rom. 6:4, 14). Sa relation avec la loi mosaïque est également traitée (Rom. 6:14 à 7:13). Un paragraphe important décrit la triste expérience des croyants qui ne discernent pas encore la pleine portée de l’œuvre expiatoire de Christ, ou qui n’ont pas encore reconnu leur propre état entièrement mauvais (Rom. 7:15-25).
Le chapitre 8 constitue la conclusion de la partie doctrinale ; il expose la position chrétienne du croyant scellé par le Saint Esprit. Ce passage commence par un cri de triomphe : il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ
, c’est-à-dire rendus parfaitement un avec lui par la foi ; et il se termine par la certitude réconfortante que rien ne peut séparer les croyants de l’amour de Dieu révélé dans le Christ Jésus ! Tous les rachetés sont enfants, fils et héritiers de Dieu, tous possèdent une merveilleuse espérance. Ils font, maintenant déjà, l’expérience de l’amour de Dieu dans toutes les circonstances de leur vie.
Les chapitres 9 à 11 forment une parenthèse ; nous voyons que la manière d’agir de Dieu dans la période actuelle de la grâce est en accord avec sa relation envers son peuple Israël. Les voies de Dieu à l’égard de son peuple céleste, formé par tous les chrétiens, ne sont pas en contradiction avec ses voies envers son peuple terrestre, Israël. Il est vrai que Dieu a mis de côté pour un temps Israël afin d’ouvrir le chemin de la foi et de la bénédiction aux nations ; mais son propos est la pleine restauration du peuple d’Israël dans l’avenir.
Avec le chapitre 12 commencent les exhortations pratiques à l’intention des croyants dans les situations diverses où ils peuvent se trouver. Les vraies relations des uns envers les autres sont particulièrement mises en évidence (ch. 12:5, 10, 16 ; 13:8 ; 14:13, 19 ; 15:7, 14). L’apôtre mentionne aussi très brièvement l’Assemblée de Dieu (ch. 12:4-8) et l’espérance des croyants (ch. 13:11, 12). Mais ces thèmes seront traités plus en détail dans d’autres lettres, par exemple la première épître aux Corinthiens et l’épître aux Éphésiens (l’Assemblée de Dieu), et les deux épîtres aux Thessaloniciens (l’espérance chrétienne).
L’épître aux Romains contient la réponse de Dieu à la question de Job : « Comment l’homme sera-t-il juste devant Dieu ? » (Job 9:2 ; 25:4). L’exposé bien structuré, systématique de la doctrine fait davantage penser à un traité qu’à une lettre personnelle (à la différence de la première épître aux Corinthiens).
Résumons encore une fois les enseignements importants de cette épître fondamentale : tous les hommes, sans différence, sont pécheurs par nature ; ils peuvent toutefois être justifiés, pour ce qui concerne leurs péchés
, par le sang
de Christ. Mais plus encore, le vieil homme est crucifié et mort avec Christ. Ainsi, par la mort de Christ, le croyant est délivré de la puissance du péché
qui habite en lui. Il est en Christ, c’est-à-dire fait parfaitement un avec Christ, devant Dieu, afin de vivre maintenant pour lui et le servir sur la terre. L’Exode offre une belle image de ce salut et de cette délivrance. Par le sang de l’agneau pascal (Ex. 12), le peuple d’Israël fut mis à l’abri du jugement de Dieu, et par la traversée de la mer Rouge (Ex. 14 et 15), il connut la délivrance de l’oppresseur, pour servir désormais Dieu pendant le pèlerinage dans le désert.
Des hommes tels le Père de l’Église Augustin (354-430) et le réformateur Martin Luther (1483-1546) sont venus à la foi par la lecture de l’épître aux Romains. Cette lettre a joué un rôle primordial lors de la Réforme en Allemagne.
Dans le Nouveau Testament, nous ne découvrons pas d’indication claire qui permettrait d’étayer l’hypothèse d’une visite de Pierre à Rome. Ni lui ni Paul n’ont participé à la formation de l’assemblée dans cette ville. De plus, Pierre était l’apôtre de la circoncision, c’est-à-dire des Juifs (comp. Gal. 2:8, 9), alors que Paul était l’apôtre des nations, des populations païennes. Dans la seconde épître à Timothée, que Paul écrivit de Rome peu avant sa mort, l’apôtre ne fait pas la moindre allusion à la présence de Pierre dans cette ville. En revanche, plusieurs autres frères sont désignés par leur nom. Il est aussi difficilement concevable que Pierre ait été du nombre de ceux qui ont abandonné Paul lors de sa comparution devant le tribunal (2 Tim. 4:16) ! Des dernières années de la vie de Pierre, le Nouveau Testament ne nous relate que les propos de l’apôtre lui-même, à savoir qu’il séjournait à Babylone, un endroit très reculé de l’Empire romain. Une importante colonie juive et, très tôt aussi, des assemblées chrétiennes s’étaient établies dans cette région (comp. Actes 2:9 ; 1 Pierre 5:13).
La plupart des lecteurs de la Bible savent que le thème principal de l’épître aux Romains est la justice de Dieu ; et pourtant, cette notion importante est souvent mal comprise. Même le grand réformateur Martin Luther ne l’a pas bien saisie. Lui qui pourtant attachait tant de prix à la justification par la foi, n’a pas su rendre exactement le sens de cette expression. En effet, il traduit : « la justice qui compte devant Dieu ». Puis il poursuit son argumentation à l’intention du lecteur en disant : « ta justice n’est rien ; c’est la justice de Christ qui seule compte devant Dieu ; l’évangile parle d’elle uniquement et de nulle autre ».
La justice de Dieu
(Rom. 1:17 ; 3:5, 21, 22, 25, 26), c’est Sa propre justice divine, manifestée en ce qu’il a mis sur son Fils, Jésus Christ, comme Substitut, les péchés de tous ceux qui croient en lui. La justice de Dieu est encore révélée dans le fait que Dieu a ressuscité Christ d’entre les morts et l’a élevé dans le ciel, comme résultat de l’œuvre d’expiation qu’il a accomplie à la pleine satisfaction et à la pleine gloire de Dieu (comp. Jean 16:10). Christ ayant accompli cette œuvre pour nous les hommes, Dieu est juste lorsqu’il justifie celui qui croit au Seigneur Jésus (Rom. 3:26). La justice de Dieu est donc la fidélité immuable et parfaite de Dieu à lui-même et à sa Parole. Cette fidélité justifie tout pécheur qui croit au Seigneur Jésus.
La justification par la foi
(Rom. 3:24, 26, 30 ; 4:5, 25 ; 5:1, 9, 18), bien que liée à cela, est une notion distincte. Terme juridique, le mot justification signifie qu’une personne est déclarée parfaitement juste, c’est-à-dire comme si elle n’avait pas commis le ou les acte(s) mis à sa charge ! Or, dans sa grâce, c’est ce que fait le Dieu juste (Rom. 3:24) pour ceux qui viennent à lui par la foi (Rom. 5:1), conscients de leurs péchés, mais avec confiance dans l’œuvre et dans le sang de Christ (Rom. 5:9).
Enfin, le lecteur de l’épître aux Romains rencontrera souvent les mots « compter à justice
» (Rom. 4:3, 5, 9, 11, 22, 24) ; cette expression jette de la lumière sur un autre résultat de la foi qui sauve. « Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice » (Gen. 15:6 ; comp. Ps. 106:31). Là non plus il ne s’agit pas de la justice de Christ qui serait comptée au croyant. Le mot justice signifie ici : la seule attitude juste que Dieu puisse reconnaître. En aucun cas, elle ne peut être caractérisée par des œuvres humaines, mais uniquement par la foi. Aussi seule la foi est comptée à justice par Dieu. La foi est l’unique comportement approprié de l’homme devant Dieu.
1. Chapitre 1:1-17 : Introduction
2. Chapitres 1:18 à 3:20 : La nécessité de la justification
Ch. 1:18-32 : Les nations impies (tous sont pécheurs
)
Ch. 2:1-16 : Les nations se disant justes (tous sont pécheurs
)
Ch. 2:17 à 3:8 : Les Juifs (tous sont pécheurs
)
Ch. 3:9-20 : Personne qui fasse le bien
3. Chapitres 3:21 – 5:11 : La justification par la foi
Ch. 3:21-26 : La justice de Dieu
Ch. 3:27 à 4:25 : Uniquement par la foi
Ch. 5:1-11 : La paix avec Dieu
4. Chapitres 5:12 à 8:39 : En Adam - en Christ
Ch. 5:12-21 : Deux familles
Ch. 6:1 à 7:14 : La grâce et la loi
Ch. 7:15-25 : Expériences
Ch. 8:1-39 : Aucune condamnation dans le Christ
Ch. 9:1-33 : La souveraineté de Dieu
Ch. 10:1-21 : Le manquement d’Israël
Ch. 11:1-36 : Israël accepté à nouveau
1.Chapitres 12:1 à 15:13 : La responsabilité chrétienne
Ch. 12:1-21 : Le service et la vie
Ch. 13:1-14 : Les rapports avec les autorités
Ch. 14:1 à 15:13 : Les forts et les faibles
2. Chapitres 15:14 à 16:27 : Conclusion
Ch. 15:14-33 : Le service personnel de Paul
Ch. 16:1-27 : Salutations et louange.
16 chapitres
Au cours de son deuxième voyage missionnaire (env. 51-54 apr. J.C.), l’apôtre Paul se rendit pour la première fois en Europe. Après des séjours à Philippes, Thessalonique et Athènes, il alla également à Corinthe (Actes 18). Il y demeura un an et demi, parce que le Seigneur avait « un grand peuple dans cette ville » (Actes 18:11). Selon son habitude, Paul commença par annoncer l’évangile dans la synagogue des Juifs ; plusieurs furent amenés à la foi. Mais d’autres Juifs suscitèrent de l’opposition ; Paul se détourna alors d’eux et s’adressa également aux nations. Par l’activité de l’apôtre Paul, une grande assemblée composée de croyants d’entre les Juifs et d’entre les nations fut ainsi constituée dans cette ville (comp. 1 Cor. 4:15 ; Actes 18:4).
Corinthe était une cité portuaire et marchande importante, établie sur l’isthme reliant le nord de la Grèce au Péloponnèse. Avec ses deux ports, Cenchrée et Lycaon, cette agglomération située au centre du pays attirait les commerçants. La ville servait de lieu de rencontre aux artistes et philosophes, mais aussi aux amateurs de plaisirs qui se complaisaient dans le vice et l’idolâtrie. L’immoralité des Corinthiens était proverbiale.
Dans cette ville, l’assemblée constituée de Grecs et de Juifs était doublement exposée aux influences du monde : d’abord en raison de l’origine principalement païenne des croyants (1 Cor. 6:9-11), ensuite de par son contact continuel avec son environnement. L’épître nous laisse entendre que l’immoralité sexuelle de la ville de Corinthe avait déteint sur quelques personnes de l’assemblée (1 Cor. 5:1 ; 6:15-18). Certains croyants ne voyaient aucun mal à manger de la chair sacrifiée aux idoles (1 Cor. 8 ; 10:23-31) ou même à entrer dans les temples des idoles (1 Cor. 10:14-22). Des problèmes surgissaient aussi entre les croyants eux-mêmes : la formation de partis ou de groupes, source de disputes (1 Cor. 1:11 ; 3:4 ; 11:18), des procès devant les tribunaux du monde (1 Cor. 6:1-8), du désordre dans les réunions de l’assemblée (1 Cor. 11:20-34 ; 14:33), et enfin la négation de la vérité chrétienne fondamentale de la résurrection (1 Cor. 15:12, 35). À tous ces sujets d’inquiétude venait s’ajouter la venue à Corinthe de certains hommes qui mettaient en question l’autorité apostolique de Paul (1 Cor. 9).
Rentré de son deuxième voyage missionnaire, Paul entreprit bientôt un troisième périple au cours duquel il demeura trois ans à Éphèse. Les tristes nouvelles mentionnées ci-dessus et d’autres détails lui parvinrent sans doute pendant ce séjour. Le contenu de la première épître aux Corinthiens montre que les informations de l’apôtre provenaient de deux sources. Paul avait entendu parler des dissensions à Corinthe par ceux qui étaient de chez Chloé (1 Cor. 1:11) ; d’autre part, les Corinthiens lui avaient écrit une lettre pour lui exposer certaines questions qui les troublaient (1 Cor. 7:1 ; comp. ch. 8:1 ; 12:1 ; 16:1).
En lisant cette épître, personne n’a jamais sérieusement mis en doute que l’apôtre Paul en soit l’auteur. Tant par sa doctrine que par son style, cette lettre est résolument « paulinienne ». Au début comme à la fin, Paul déclare en être l’auteur (1 Cor. 1:1 ; 16:21) ; et au chapitre 4:15, lorsque l’apôtre écrit aux Corinthiens : « Je vous ai engendrés dans le Christ Jésus par l’évangile », c’est-à-dire, je vous ai conduits à la foi vivante en Dieu, il exprime exactement ce qui est rapporté dans les Actes des apôtres, comme nous l’avons vu précédemment.
En 57 apr. J.C., vers la fin des quelque trois années passées à Éphèse au cours de son troisième voyage missionnaire (1 Cor. 16:8), l’apôtre entreprit, le cœur lourd, d’écrire, sous la conduite du Saint Esprit, une lettre sévère et d’une importance extrême à l’assemblée de Dieu à Corinthe. La première et la seconde épître aux Corinthiens sont les seules épîtres du Nouveau Testament qui soient adressées à « l’assemblée de Dieu » considérée en tant que telle. De plus, la première épître est destinée à « tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre » (ch. 1:2). Le caractère universel de cette lettre est ainsi mis en évidence : elle concerne tous les chrétiens qui affirment leur appartenance au Seigneur Jésus. En conséquence, le titre de « Seigneur » se retrouve bien plus souvent dans cette épître (presque septante fois) qu’en aucune autre du Nouveau Testament. L’unité et l’universalité des enseignements de l’apôtre sont soulignées dans les chapitres 4:17 ; 7:17 et 14:33.
La première épître aux Corinthiens contient les indications les plus détaillées relativement à l’ordre intérieur et à la marche collective de l’assemblée de Dieu sous la direction et par la puissance du Saint Esprit. C’est pourquoi il est si souvent fait appel à la responsabilité des croyants (par exemple par les « Ne savez-vous pas… ? » des chapitres 3:16 ; 5:6 ; 6:2, 3, 9, 15, 16, 19 ; 9:13, 24 ; comp. ch. 10:1 ; 12:1).
Dans la première partie de cette épître (ch. 1 à 9), l’assemblée est considérée sous l’aspect d’un édifice, un temple
de Dieu, saint (ch. 3:9-17). L’ordre divin
doit caractériser cette maison de Dieu. Pour cette raison, la responsabilité de l’homme dans la construction (ch. 3), ainsi que l’ordre et la discipline dans l’assemblée (ch. 5) sont également traités.
Dans la seconde partie, dès le chapitre 10, il s’agit davantage de l’assemblée de Dieu vue comme le corps de Christ
(ch. 10:17 ; 12:12 à 13:27). La pensée principale est alors celle de l’unité
. La diversité des membres et de leurs fonctions ne forme pas un obstacle à cette unité, mais constitue plutôt une sorte de polarité vivante, durable.
Dans le Nouveau Testament, mis à part les trois évangiles synoptiques, cette épître est la seule à traiter d’une manière complète le sujet de la Cène du Seigneur. L’enseignement concernant la Table du Seigneur
, à laquelle les membres de Son corps expriment leur communion avec Lui et les uns avec les autres, nous est donné dans les versets 16 à 22 du chapitre 10. Le chapitre 11, versets 23 à 33, place devant nous la Cène du Seigneur
: en rompant le pain et en le mangeant, en buvant à la coupe en mémoire de lui, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. Dans les deux passages, la responsabilité des participants est soulignée : la responsabilité collective des croyants au chapitre 10, leur responsabilité individuelle au chapitre 11.
Deux autres passages doivent encore être spécialement mentionnés. Citons d’abord le chapitre 13, qui est souvent appelé le « Cantique des cantiques de l’amour ». Dans sa sagesse, Dieu l’a placé entre les communications relatives aux dons spirituels du chapitre 12 et les instructions concernant le bon exercice de ces dons au chapitre 14, où l’apôtre évoque plus particulièrement la prophétie, et le parler en langues très prisé par les Corinthiens.
Le second passage, au chapitre 15, traite d’une manière complète le thème de la résurrection. Il se termine par la révélation du mystère selon lequel les croyants vivants seront changés lors de l’enlèvement de l’Assemblée.
Abstraction faite de la question délicate de savoir si, en 1 Corinthiens 5:9, Paul fait allusion ou non à une lettre précédente qui ne nous aurait pas été conservée, le Nouveau Testament, et plus spécialement les deux épîtres aux Corinthiens, nous donnent une image simple. La première épître a été écrite avec beaucoup de tristesse par Paul, qui avait constamment devant les yeux le cas et l’état affligeants de cette assemblée locale (1 Cor. 3:2, 17 ; 4:13-16 ; 5:2 ;11:22). Certes, l’apôtre Paul se proposait de faire une seconde visite, plus longue, à Corinthe (1 Cor. 4:19 ; 11:34 ; 16:5ss). Mais dans le but d’épargner les Corinthiens, il renonça à se rendre auprès d’eux. Il voulait éviter la sérieuse confrontation que leur triste état rendait inévitable (2 Cor. 1:15, 23 ; 2:1). Il envoya plutôt Tite à Corinthe. Au retour de son compagnon, Paul écrivit de Macédoine la seconde épître aux Corinthiens. Parlant de la grande affliction dans laquelle il avait rédigé ce message (ch. 2:4 et 7:8), l’apôtre fait uniquement allusion à la première épître, plus particulièrement au terrible cas d’immoralité présenté dans le chapitre 5. — L’homme mentionné dans les chapitres 2 et 7 de la seconde épître et le fornicateur de la première sont une seule et même personne. Le Saint Esprit se réfère à des faits déjà connus du lecteur. — En 2 Corinthiens 12:14 et 13:1, lorsque Paul se sert de l’expression « troisième fois », il évoque un troisième projet
de venir, alors qu’il envisageait, dans la réalité, une deuxième visite. Selon Actes 20:2, 3, cette entrevue a bien eu lieu au cours du séjour de trois mois que l’apôtre fit en Grèce. À cette même époque, Paul écrivit, de Corinthe précisément, l’épître aux Romains dans laquelle il mentionne son prochain voyage à Jérusalem (Rom. 16:25), la servante Phœbé à Cenchrée (Rom. 16:1) et son hôte, Gaïus (Rom. 16:23 ; 1 Cor. 1:14).
Ch. 1:10-31 : Ce qui est noble et ce qui ne l’est pas
Ch. 2 : Le mystère de Dieu
Ch. 3 : Le travail pour la maison de Dieu
Ch. 4 : Le vrai serviteur de Dieu
Ch. 5 : La discipline dans l’assemblée
Ch. 6 : Disputes entre frères et immoralité
Ch. 8 : Les forts et les faibles
Ch. 9 : L’apôtre et son service
Ch. 10:1 à 11:1 : La Table du Seigneur et la responsabilité
Ch. 12 : L’esprit de puissance
Ch. 13 : L’esprit d’amour
Ch. 14 : L’esprit de conseil (sobre bon sens)
13 chapitres
L’assemblée à Corinthe avait été constituée dans les années 51 à 54 apr. J.C., par l’activité de l’apôtre Paul au cours de son deuxième voyage missionnaire (2 Cor. 1:19 ; voir nos indications sur la première épître aux Corinthiens). Cette assemblée était tombée dans un état spirituel si mauvais que Paul, après une première lettre très sévère, dut écrire une seconde fois à ces croyants. Alors que la première épître concerne tous les chrétiens en tout lieu, la seconde est adressée à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe et à tous les saints établis dans l’Achaïe, une province grecque située au nord du Péloponnèse. La différence de caractère entre les deux épîtres paraît donc déjà dans l’adresse de chacune d’elles.
Dans la première épître aux Corinthiens, Paul mentionne huit fois son nom ; dans la seconde, seulement deux fois (ch. 1:1 ; 10:1).
Au cours de son troisième voyage missionnaire (54-58 apr. J.C.), après l’envoi de sa première lettre, Paul avait en fait eu l’intention de se rendre personnellement à Corinthe le plus rapidement possible (1 Cor. 16:5, 6 ; 2 Cor. 1:15). Mais sans doute à cause des nouvelles affligeantes transmises par Timothée, le porteur de la lettre, à son retour auprès de lui (1 Cor. 4:17 ; 16:10 ; 2 Cor. 1:1), Paul avait renoncé à ce plan. Il avait d’abord envoyé Tite à Corinthe. Celui-ci devait d’une part examiner le développement de la situation de l’assemblée dans cette ville, mais d’autre part, préparer la collecte annoncée déjà en 1 Corinthiens 16:1-4, en faveur des frères et sœurs pauvres qui vivaient en Judée et à Jérusalem (2 Cor. 8:6).
Entre-temps, Paul avait quitté Éphèse (sans doute à cause du soulèvement décrit en Actes 19:23-41 ; comp. 2 Cor. 1:8). Il annonça d’abord l’évangile en Troade ; mais ne trouvant pas de repos dans son esprit, il partit pour la Macédoine où il rencontra finalement Tite (2 Cor. 2:12, 13 ; 7:6). À la suite du rapport de ce dernier, bon sur certains points, moins bon sur d’autres, Paul écrivit de Macédoine la seconde épître aux Corinthiens (2 Cor. 9:2-4) ; elle fut vraisemblablement portée par Tite à ses destinataires (2 Cor. 8:16-18). On peut lui donner pour date approximative la fin de la même année que la première épître, c’est-à-dire 57 apr. J.C.
La seconde épître aux Corinthiens passe pour être l’une des plus difficiles du Nouveau Testament. Avec celle aux Philippiens, elle compte parmi les témoignages les plus personnels de l’apôtre Paul. Contrairement à la première épître aux Corinthiens, on y trouve très peu de doctrine ; en revanche, de nombreux passages expriment les sentiments personnels de l’apôtre. Alors que la première épître revêt un caractère autoritaire et doctrinal, la seconde place davantage devant nous les mobiles intérieurs du service de Paul pour son Seigneur (par exemple 2 Cor. 1:12ss ; 5:14 ; 12:19) et le désir profond de l’apôtre d’une pleine restauration de la communion avec les Corinthiens (par exemple 2 Cor. 2:lss ; 6:lss ; 7:2ss). Ainsi les mots « service » (ou « ministère », « administration »), « consolation » et « consoler » reviennent‑ils dans cette épître beaucoup plus souvent que dans les autres épîtres de Paul.
Lors de sa rencontre avec Tite, Paul avait appris que, depuis sa première lettre, beaucoup de choses s’étaient améliorées à Corinthe (2 Cor. 7:6-16). L’assemblée, dans la tristesse, avait ôté du milieu d’elle le pécheur mentionné dans le chapitre 5 de la première épître (2 Cor. 7:8-12). Aussi Paul exhorte-t-il les Corinthiens à manifester dorénavant de la grâce envers cet homme, puisqu’il s’était repenti et était revenu de son égarement (2 Cor. 2:5-11). Dans les sept premiers chapitres, l’apôtre parle beaucoup des motifs qui l’avaient poussé à agir, montrant que le Seigneur Jésus Christ en était la source (2 Cor. 1:20-22 ; 2:14-17 ; 3:18 ; 4:4-18 ; 5:7-21).
Dans la deuxième partie de sa lettre (ch. 8 et 9), Paul traite exclusivement de la collecte pour les pauvres en Judée, déjà mentionnée dans le chapitre 16 de la première épître. Ce service lui tenait toujours très à cœur (comp. Gal. 2:10 ; Rom. 15:25-28). Là encore, l’apôtre cherche constamment à toucher le cœur et les sentiments des Corinthiens.
Dans la troisième partie (ch. 10 à 13:10), Paul doit pourtant de nouveau s’occuper d’un thème négatif qui avait déjà été abordé dans la première épître : son mandat et son service comme apôtre de Jésus Christ (comp. 1 Cor. 9:1ss). Jusqu’alors, les opposants s’étaient limités à faire part de leurs doutes quant à l’autorité apostolique de Paul. Maintenant, à Corinthe, un groupe de personnes constituant un véritable parti s’était mis à contester ouvertement son ministère. Ces gens se plaçaient eux-mêmes au-dessus des apôtres. Ils réclamaient de Paul des preuves écrites de son apostolat et de sa qualité de serviteur (ch. 3:1ss ; 13:3). Ils s’attribuaient une autorité apostolique (ch. 10:10, 18 ; 11:5, 13-15 ; 12:10), se vantaient de leurs origines juives (ch. 11:22) et introduisaient de fausses doctrines (ch. 10, 2-5 ; 11, 2-4). Paul ne cherche pas à justifier son apostolat en produisant des preuves extérieures, mais il essaie une nouvelle fois de toucher les cœurs de ces Corinthiens soumis à une mauvaise influence. Pour ce faire, l’apôtre expose de nombreux éléments de sa vie et de son service pour son bien-aimé Seigneur (ch. 11:2, 7, 23-33 ; 12:1-10, 14, 15, 19). Le ton de cette partie de la lettre est par conséquent beaucoup plus sérieux et plus dur qu’ailleurs. Le ministère de l’apôtre Paul envers les Corinthiens et son autorité constituent ainsi le thème général de l’épître.
L’apôtre Paul appelle Tite « mon véritable enfant selon la commune foi » (Tite 1:4). Une telle désignation démontre que Tite a bien été amené par Paul à la foi au Seigneur Jésus. Le disciple collabora intimement aux travaux de l’apôtre. Luc ne mentionne pas Tite dans les Actes des apôtres, mais on trouve treize fois le nom de ce compagnon de Paul dans le Nouveau Testament, dont neuf fois dans la seconde épître aux Corinthiens (ch. 2:13 ; 7:6, 13, 14 ; 8:6, 16, 23 ; 12:18 - 2 fois).
La première mention de ce serviteur est faite en Galates 2:1-3. Tite accompagna Paul et Barnabas quand ceux-ci montèrent d’Antioche à Jérusalem, afin d’examiner la question de la loi avec les autres apôtres et les anciens. En outre, nous apprenons dans ce passage que Tite était d’origine grecque. Plus tard, après l’envoi de la première épître aux Corinthiens, écrite à Éphèse, Paul dépêcha Tite à Corinthe pour se rendre compte de la situation (2 Cor. 12:18). Peu après Paul rencontra de nouveau son compagnon d’œuvre en Macédoine, après une vaine attente en Troade (2 Cor. 2:13 ; 7:6, 13, 14). Puis, accompagné de deux frères, Tite retourna encore à Corinthe pour y porter la seconde épître aux Corinthiens (2 Cor. 8:6, 16, 23).
Quelques années plus tard, Paul écrivit à Tite l’épître qui porte son nom. Tite était alors en Crète ; il reçut différents mandats relatifs à l’ordre dans l’assemblée locale.
Enfin, dans sa dernière épître (2 Tim. 4:10), Paul mentionne encore une fois Tite, qui se trouvait alors en Dalmatie. Jusqu’à la fin, ce serviteur resta donc un fidèle collaborateur de l’apôtre Paul.
Voir nos indications sur la première épître aux Corinthiens, Ses particularités.
Ch. 1 : Tribulations et consolations
Ch. 2 : Restauration d’un pécheur
Ch. 3 : Le ministère de la nouvelle alliance
Ch. 4 : La source de puissance du service
Ch. 5 : Les mobiles du service
Ch. 6 : Les caractéristiques du service
Ch. 7 : Le but du service
Ch. 8 : La disposition à donner
Ch. 9 : La grâce pour donner
Ch. 10 : Humilité et hardiesse
Ch. 11 : Folie et glorification
Ch. 12 : Dans le troisième ciel et sur la terre
Ch. 13 : Annonce de la visite.
6 chapitres
Au début de cette épître, Paul est désigné comme étant l’auteur ; on retrouve son nom à deux reprises (ch. 1:1 ; 5:2). Les indications biographiques des chapitres 1:11 à 2:10 s’appliquent exactement et exclusivement à l’apôtre Paul.
Les Galates, comme les Gaulois (les habitants primitifs de la France actuelle), étaient des Celtes qui, au 3e siècle av. J.C., avaient envahi la Macédoine et l’Asie mineure centrale (la Turquie actuelle).
L’épître aux Galates est la seule lettre que l’apôtre Paul a adressée expressément à plusieurs assemblées. Toutes celles-ci, composées principalement de personnes sorties du paganisme (Gal. 4:8 ; 5:2, 3 ; 6:12), étaient tombées sous l’influence de docteurs judaïsants qui voulaient leur apporter un évangile différent de celui prêché par Paul (Gal. 1:6-9 ; 5:10, 12). Ces docteurs ne souhaitaient certes pas ôter aux croyants leur foi en Christ ; mais ils soutenaient qu’on ne pouvait être sauvé uniquement par la foi. Dieu avait promis l’héritage à la semence d’Abraham, c’est-à-dire aux descendants du patriarche. Si les nations voulaient y avoir part, elles devaient donc s’identifier au peuple d’Israël, descendant d’Abraham, en se faisant circoncire et en observant la loi du Sinaï.
Dans un premier temps, les Galates auraient répondu à ces gens que Paul ne leur avait jamais enjoint de garder la loi. S’ils voulaient parvenir à leurs fins, les docteurs judaïsants devaient donc commencer par saper l’autorité apostolique de Paul. Ils affirmèrent alors que les apôtres appelés par le Seigneur Jésus quand il était ici-bas représentaient les « colonnes » du christianisme (Gal. 2:9) ; leur autorité pouvait être jugée supérieure à toute autre. Or ces apôtres observaient scrupuleusement la loi et n’admettaient pas le libre évangile de Paul. C’était uniquement afin de faciliter le chemin des Galates que Paul n’avait pas exigé d’eux une stricte observance de la loi. Il les avait alors trompés pour ce qui concernait leur salut, devenant par là même un ennemi (Gal. 4:16).
Par cette intrigue, les judaïsants étaient parvenus à provoquer de l’ébranlement et du trouble chez les Galates. Leur confiance en Paul était entamée ; ils commençaient déjà à observer la loi et pensaient sérieusement à se faire circoncire (Gal. 4:10 ; 5:2-12). Certains essayèrent peut-être de résister, mais d’une manière telle que de violentes querelles éclatèrent dans l’assemblée (Gal. 5:15).
Les Galates en étaient là lorsque Paul entendit parler de l’évolution de leur état. Cette nouvelle l’affligea profondément : il craignit avoir travaillé en vain pour le Seigneur dans cette région (Gal. 4:11). La lettre qu’il écrivit alors sous la direction du Saint Esprit aux Galates est la plus sérieuse, la plus sévère et la plus combative que l’apôtre ait jamais adressée. Contrairement aux autres épîtres, elle ne renferme pas une seule expression de louange ou de remerciement. Immédiatement après les salutations, elle commence par : « Je m’étonne… », et juste avant l’adresse finale (v. 18), elle se termine par ces paroles : « Désormais que personne ne vienne me troubler… » (Gal. 1:6 ; 6:17). Pourtant, plein d’amour pour ses enfants dans la foi (ch. 4:19), Paul les appelle à maintes reprises « frères » (ch. 1:11 ; 3:15 ; 4:12, 28, 31 ; 5:11, 13 ; 6:1, 18).
Le sujet de l’épître aux Galates est la relation du chrétien avec la loi du Sinaï. Outre l’introduction et la conclusion, cette épître comporte trois grandes parties :
partie historique(Gal. 1:6 à 2:21) dans laquelle l’apôtre rappelle aux Galates l’origine de l’évangile qu’il leur a annoncé, son appel et ses relations avec les frères à Jérusalem et avec Pierre.
partie doctrinale(Gal. 3:1 à 4:31) explique la différence entre la justice par la foi et la justice par la loi, ainsi que la raison d’être de la loi.
partie des exhortations(Gal. 5:1 à 6:16) traite de la vie pratique et des manifestations de la vie nouvelle.
L’épître aux Galates, avec son exposé de la justification par la foi sans les œuvres fort proche de celui développé dans l’épître aux Romains, a représenté une borne très importante dans la vie et le service de Martin Luther.
Cette épître n’a rien perdu de son actualité aujourd’hui. En effet, dans une vaste partie de la chrétienté, le formalisme, le ritualisme et les « bonnes œuvres » tendent à remplacer ou au moins à compléter la foi en l’œuvre expiatoire de Christ sur la croix, la marche par l’Esprit et les œuvres de foi.
Partie historique
Ch. 1 : L’évangile et l’appel de Paul
Ch. 2 : Les relations de Paul avec les autres apôtres
Partie doctrinale
Ch. 3 : La foi et la loi
Ch. 4 : La position de fils et non plus d’esclave
Partie des exhortations
Ch. 5 : La liberté du Christ et la marche par l’Esprit
Ch. 6 : Les conséquences pratiques.
6 chapitres
Éphèse était une ville marchande célèbre d’Asie mineure, près de la côte de la mer Égée. Dans un temple dédié à la déesse grecque Artémis se trouvait une image de cette divinité. On prétendait que la statue en question était tombée du ciel (Actes 19:24, 35). À l’époque du Nouveau Testament, la ville d’Éphèse était la capitale de la province romaine d’Asie. De nombreux Juifs y demeuraient.
Paul visita rapidement Éphèse en rentrant de son deuxième voyage missionnaire (vers les années 51 à 54 apr. J.C. ; comp. Actes 18:19-21). Son troisième déplacement, au cours des années 54 à 58 apr. J.C., le ramena cependant bientôt dans cette cité ; il y demeura trois ans (Actes 19:1 à 20:1 ; comp. ch. 20:31). Il commença par annoncer l’évangile dans la synagogue, mais lorsque l’opposition des Juifs prit de l’ampleur, il se sépara d’eux et enseigna dans l’école de Tyrannus (Actes 19:8, 9).
Vers la fin de son séjour à Éphèse, Paul écrivit la première épître aux Corinthiens (1 Cor. 16:8) ; quand il parle de combat contre les bêtes (1 Cor. 15:32 ; comp. 2 Cor. 1:8), l’apôtre fait allusion aux difficultés qui existaient entre lui et les Juifs domiciliés dans la ville. Paul quitta finalement Éphèse après le tumulte suscité par les orfèvres et les marchands de souvenirs.
Pendant cette période relativement longue, de nombreuses personnes établies à Éphèse, et partout dans les environs (Actes 19:10), eurent l’occasion d’entendre l’évangile ; et une assemblée bien fondée se constitua dans cette ville.
Lors de son retour de Grèce, Paul s’arrêta encore une fois à Milet, près d’Éphèse ; prévoyant sa captivité toute proche, il convoqua les anciens ou surveillants de l’assemblée à Éphèse et leur fit un discours d’adieu solennel et émouvant (Actes 20:17-38).
D’après certains passages de l’épître, son auteur, Paul, dont le nom est mentionné à deux reprises (ch. 1:1 ; 3:1), se trouvait en prison (ch. 3:1 ; 4:1 ; 6:20). L’épître aux Éphésiens fait donc partie, avec celles aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon, de ce qu’on appelle « les épîtres de la captivité ». Elles ont été écrites au cours des deux années pendant lesquelles Paul était incarcéré à Rome (Actes 28 ; Phil. 1:13 ; 4:22).
La rédaction de cette épître n’a, semble-t-il, pas été motivée par des faits importants qui préoccupaient Paul. L’assemblée à Éphèse était visiblement dans un excellent état spirituel (comp. Éph. 1:15) ; l’apôtre peut ainsi, sans contrainte extérieure, adresser aux fidèles un exposé des pensées divines les plus élevées et les plus profondes qui lui ont été révélées. L’épître aux Éphésiens est la seule du Nouveau Testament qui présente d’une manière aussi complète la position céleste et les bénédictions spirituelles des croyants. Ces pensées de Dieu, tant pour le croyant considéré individuellement que pour l’Assemblée (Église) entière, sont fondées uniquement et exclusivement sur l’œuvre et la personne de Jésus Christ, le Fils de Dieu. C’est pourquoi les expressions « en Christ », « dans le Christ », « en lui » reviennent si souvent.
Comme nulle autre, cette épître expose le conseil éternel de Dieu à l’égard de Christ et de ceux qui croient en Lui. Les voies divines de la grâce n’ont pas leur point de départ dans la situation désespérée du pécheur perdu (comme par exemple dans les épîtres aux Romains et aux Colossiens), mais dans le propos et la volonté de Dieu de toute éternité. Selon le plan éternel de Dieu le Père dans le Christ Jésus, tous ceux qui croient en lui reçoivent, maintenant déjà, pendant leur vie ici-bas, toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Mais celles-ci ne peuvent être leur part qu’en vertu de l’œuvre expiatoire de Christ à la croix (Éph. 1:7). Ces bénédictions sont : le fait d’être enfant de Dieu, la position de fils, la vie éternelle et l’habitation du Saint Esprit dans le croyant. Aucune de ces bénédictions ne se rapporte à la terre ; elles sont toutes purement spirituelles et célestes.
Parmi les sujets principaux de cette épître, remarquons la position particulièrement privilégiée de l’Assemblée (Église), considérée, elle aussi, selon le conseil de Dieu. Elle est vue en relation avec le Seigneur Jésus Christ, qui est sa Tête glorifiée à la droite de Dieu dans le ciel, et dans son unité sur la terre.
La première partie de l’épître (Éph. 1 à 3) commence par la louange de Dieu le Père qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux (ou : la sphère) célestes en Christ. Nous possédons ces bénédictions en tant que rachetés par le sang de Christ. Élus avant la fondation du monde, nous serons cohéritiers de Christ dans le royaume millénaire. Maintenant déjà, nous avons reçu le Saint Esprit comme arrhes de cette possession future. Ensuite, dans une première prière à Dieu, Paul demande instamment, en faveur des Éphésiens, la sagesse et l’intelligence pour connaître les richesses de ces révélations, mais spécialement la puissance de Dieu, par laquelle Christ a été ressuscité et glorifié à Sa droite. Cette place glorieuse de Christ dans les lieux célestes est celle aussi des croyants qui sont ressuscités avec lui et assis déjà en lui dans les lieux célestes. Telle est la position chrétienne (ch. 1:3 à 2:10).
La description des bénédictions personnelles des croyants est suivie d’un exposé de leurs bénédictions communes. Par la foi en Christ, les nations (les païens) autrefois sans Dieu et sans espérance, et les Juifs qui connaissaient Dieu par la loi, ont été constitués en un seul corps, l’Assemblée de Dieu et forment maintenant l’habitation de Dieu par l’Esprit. Ce fait caché jusque-là représente un mystère qui a été révélé à l’apôtre Paul : une richesse insondable ! Dans une seconde prière, l’apôtre demande que Christ, le centre de toutes les pensées du Père, habite dans le cœur des croyants par la foi (ch. 2:11 à 3:21).
La seconde partie de l’épître (ch. 4 à 6) renferme encore plusieurs enseignements et messages importants. Pourtant, les exhortations pratiques en forment le sujet principal. L’apôtre parle d’abord du maintien de l’unité de l’Esprit dans l’Assemblée, selon la pensée de Dieu, puis des différents dons nécessaires pour l’édification du seul corps de Christ (ch. 4:1-16).
Considérant l’ancienne, puis la nouvelle création, l’apôtre présente ensuite leurs effets sur la vie dans la communauté chrétienne, ainsi que dans les relations terrestres du mariage, de la famille et du cercle professionnel (ch. 4:17 à 6:9).
Afin de combattre efficacement les puissances sataniques qui cherchent à lui ôter la jouissance de toutes les bénédictions spirituelles, le croyant doit connaître l’armure complète de Dieu et en faire usage (ch. 6:10-20).
L’épître aux Éphésiens peut être comparée, dans l’Ancien Testament, au livre de Josué. Celui-ci décrit la manière dont Dieu introduit son peuple terrestre Israël en Canaan, un pays riche en bénédictions matérielles qu’il doit défendre contre des adversaires humains. Dans l’épître aux Éphésiens, le peuple céleste racheté de Dieu est introduit dans toutes les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes et il doit lutter contre des ennemis spirituels pour jouir de ces bénédictions.
Le sujet principal de l’épître aux Éphésiens est l’Assemblée de Dieu. Les pensées de Dieu à son égard n’ont jamais été traitées d’une manière aussi complète dans aucune autre épître. Dans les pensées de Dieu, l’Assemblée est une création si élevée et si complexe qu’elle est présentée sous trois images différentes dans le Nouveau Testament. Seule l’épître aux Éphésiens les présente les trois :
corps de Christ, dont Christ dans le ciel est la Tête, avec
l’unitépour pensée dominante (Éph. 1:22, 23 ; 2:16 ; 3:6 ; 4:4, 11-16 ; 5:23, 29, 30) ;
templeou
maisonde Dieu ; l’accent est mis ici sur la sainteté de
l’habitationdu Dieu saint (Éph. 2:19-22) ;
femmeou épouse de Christ ; l’
amourde Christ pour son Assemblée est alors mis en évidence (Éph. 5:22-33).
Cette expression, qui désigne le ciel, est caractéristique de l’épître aux Éphésiens ; elle ne se trouve qu’ici, et revient cinq fois. En fait, le texte original comporte uniquement l’adjectif « célestes » ; le mot « lieux » (ou : sphère) est une adjonction qui facilite la compréhension. D’autres versions parlent de « monde » céleste, de « régions » célestes ou simplement de « cieux ».
Dans les lieux célestes, les croyants sont bénis de toute bénédiction spirituelle en Christ (ch. 1:3), parce que là se trouve leur Seigneur glorifié, comme Chef sur toutes choses (ch. 1:20). C’est là que Dieu le Père les a déjà fait asseoir ensemble en Christ, car sa position en tant que Fils de l’homme glorifié est aussi la leur (ch. 2:6). Par l’unité de l’Assemblée, la sagesse si diverse et éternelle de Dieu doit maintenant être donnée à connaître aux principautés et aux autorités (c’est-à-dire au monde angélique) dans les lieux célestes (ch. 3:10). Enfin, le combat spirituel du chrétien se déroule contre les puissances spirituelles de méchanceté (Satan et ses démons) dans les lieux célestes (ch. 6:12).
1. Ch. 1 : Le conseil de Dieu en Christ
2. Ch. 2 : L’accomplissement de ce conseil par Christ
3. Ch. 3 : La communication de ce conseil par l’apôtre Paul
1. Ch. 4:1-16 : L’édification du corps de Christ
2. Ch. 4:17-24 : La vie ancienne et la vie nouvelle
3. Ch. 4:25 à 5:21 : La communion chrétienne
4. Ch. 5:22 à 6:9 : Le mariage, la famille et la sphère de travail
5. Ch. 6:10-24 : Le combat spirituel.
4 chapitres
Lorsque le Nouveau Testament a été écrit, Philippes était une colonie romaine. Situé dans la partie orientale de la Macédoine, ce centre urbain avait été fondé par le père d’Alexandre le Grand, le roi Philippe de Macédoine. Celui-ci donna son nom à la ville.
L’apôtre Paul visita Philippes pour la première fois au cours de son deuxième voyage missionnaire, vers les années 51 à 54 apr. J.C. (Actes 16:12-40). Par la prédication de l’évangile, la marchande de pourpre Lydie fut la première amenée, avec sa maison, à la foi au Seigneur Jésus. Mais lorsque Paul délivra une femme d’un esprit de prophétie démoniaque, la foule se souleva ; les autorités firent fouetter, puis jeter en prison, Paul et son compagnon Silas. Pourtant, le geôlier et toute sa maison vinrent également à la foi. Ainsi, par l’activité missionnaire de l’apôtre Paul fut formée la première assemblée sur sol européen (peut-être un autre rassemblement existait-il déjà, vers la même époque, à Rome).
Paul ne demeura pas longtemps à Philippes. Mais il y laissa Luc (comp. La présence du mot « nous » employé dans ce récit jusqu’au verset 16 d’Actes 16, avec le pronom « ils », utilisé dès le chapitre 17:1). Plus tard, lors de son troisième voyage missionnaire (env. 54-58 apr. J.C.), Paul repassa encore une fois d’Éphèse en Macédoine et certainement aussi à Philippes (Actes 20:1 ; 2 Cor. 2:13). Il se rendit ensuite en Grèce ; à son retour, il s’arrêta à Philippes d’où il repartit avec Luc (Actes 20:6).
Dès le début, une relation intime et affectueuse s’établit entre les croyants de l’assemblée à Philippes et l’apôtre. Dans son épître, Paul se souvient que seuls les Philippiens lui avaient envoyé un soutien matériel au commencement ; il le leur rappelle (Phil. 4:15, 16). Et maintenant, il profitait encore de la libéralité de ces fidèles. Il chargea leur messager, Épaphrodite, de retourner à Philippes avec la lettre. Ce compagnon s’était rétabli entre-temps, avec l’aide de Dieu, d’une grave maladie (Phil. 2:25-27 ; 4:18).
Paul a écrit l’épître (comme celles aux Éphésiens, aux Colossiens et à Philémon) pendant sa captivité à Rome. La lettre qui nous occupe ici est la seule dans laquelle Paul évoque le prétoire (ch. 1:13), c’est-à-dire la garde impériale, et aussi les croyants de la maison de César (ch. 4:22). En outre, l’apôtre exprime l’espoir de retrouver bientôt sa liberté (ch. 1:25, 26 ; 2:24). L’épître aurait donc été rédigée vers la fin de deux années de captivité à Rome.
L’épître aux Philippiens peut être classée parmi les écrits les plus personnels, voire les plus chaleureux du Nouveau Testament. On n’y trouve aucun exposé doctrinal détaillé de la vérité chrétienne. Les courts passages concernant l’abaissement et l’élévation du Seigneur Jésus (ch. 2:5-11) et la transmutation des croyants à la venue du Seigneur (ch. 3:20, 21) ne sont présentés que pour mieux montrer la suite des pensées de l’apôtre et leur servir de base.
L’épître aux Philippiens est éminemment pratique. En la lisant, nous découvrons que « la doctrine du Christ » n’est pas une simple théorie : au contraire, elle peut et doit être mise en pratique, par la force du Seigneur, dans toutes les circonstances de la vie. Emprisonné à Rome, souffrant sans doute de sa situation précaire, Paul écrit une lettre dans laquelle le Seigneur Jésus Christ occupe la place centrale ; il y parle plus qu’ailleurs d’une joie profonde (les mots « joie » ou « se réjouir » se trouvent dans chaque chapitre, parfois à plusieurs reprises). Pourtant, la joie de l’apôtre prisonnier n’était pas fondée sur les choses présentes, terrestres, ou même mondaines. Elle avait sa source dans le Seigneur Jésus. Voilà ce qui rendait l’apôtre prisonnier si heureux et si libre.
Dès lors, on peut appeler l’épître aux Philippiens « le livre de l’expérience ». Il ne s’agit toutefois pas des expériences d’un chrétien faible, connaissant de nombreux manquements dans sa vie. Il est parlé des expériences du chrétien mûr dans la foi, un « père en Christ » (comp. 1 Jean 2:13, 14), qui a trouvé le repos et une pleine satisfaction en Christ, son Seigneur. Le mot « péché » n’est pas mentionné dans cette épître ; en revanche, les noms du Seigneur Jésus Christ reviennent cinquante fois, c’est-à-dire proportionnellement plus souvent que dans les autres épîtres.
Les regards de l’apôtre se portent en avant, vers l’avenir. Cela nous fait penser au peuple d’Israël dans l’Ancien Testament, tel que nous le voyons dans le livre du Deutéronome. Les difficultés et les expériences des quarante années de la traversée du désert étaient derrière le peuple, mais il n’avait pas encore atteint Canaan, le pays promis. Après un bref regard rétrospectif sur le passé, Moïse dirige les yeux d’Israël sur le pays de Canaan, dont les pèlerins n’étaient plus séparés que par le Jourdain. Dans l’épître aux Philippiens, tout en étant encore sur la terre — c’est-à-dire, en image, dans le désert — Paul aussi regarde vers le but qui est devant lui. Même le salut est encore futur ici (Phil. 1:9 ; 3:20). En contraste, dans l’épître aux Colossiens, les croyants sont considérés comme ayant déjà traversé le Jourdain. Ils vont prendre possession du pays promis, les bénédictions spirituelles (Col. 3:1-3). Le Jourdain est là une image de la mort et de la résurrection avec Christ. L’épître aux Éphésiens va encore plus loin : les croyants ne sont pas seulement vus comme ressuscités avec Christ, mais comme assis ensemble en lui dans les lieux célestes : ils se trouvent dans la pleine possession et la pleine jouissance de toute la bénédiction spirituelle chrétienne (Éph. 1:3 ; 2:6).
Dans l’épître aux Philippiens, le passage clé du premier chapitre est le verset 21 : « Pour moi, vivre c’est Christ », c’est-à-dire que Christ est le contenu de la vie
et son mobile.
Le point central du chapitre 2 se trouve au verset 5 : « Qu’il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus » : Christ, dans son abaissement, est le modèle
de la vie chrétienne.
Au chapitre 3, les versets 7-14 constituent le passage le plus important : Christ est présenté comme le but
de la vie.
Enfin, nous lisons dans le chapitre 4 : « Je puis toutes choses en celui qui me fortifie » (v. 13) : Christ est aussi la puissance
et la force du croyant.
Le seul point négatif que l’on aurait pu relever, au sein de l’assemblée à Philippes, était peut-être une certaine tendance au désaccord. L’apôtre le soulève avec beaucoup d’amour dans les chapitres 1:27 ; 2:2ss et 4:2.
L’épître aux Philippiens est la seule du Nouveau Testament dans laquelle les surveillants (ou anciens, comp. Actes 20:17 et 28 ; Tite 1:5 et 7) et les serviteurs sont mentionnés dans la salutation. En contraste avec les dons spirituels que le Seigneur glorifié donne pour tout le corps, sans restriction locale (Éph. 4:11ss), les surveillants (anciens) et serviteurs (diacres) revêtaient des charges limitées localement. Les anciens (ou : surveillants) ne pouvaient être désignés que par les apôtres ou leurs délégués (Actes 14:23 ; Tite 1:5), tandis que les serviteurs (diacres) étaient choisis par l’assemblée. À l’époque du Nouveau Testament, des surveillants (anciens) et des serviteurs (diacres), responsables de l’ordre selon Dieu dans les assemblées, se trouvaient pratiquement dans tous les rassemblements (comp. Actes 14:23 ; 15:6 ; 20:17 ; 1 Tim. 3 ; Tite 1:5 ; Jacq. 5:14). Le fait que les anciens et les serviteurs ne soient pas mentionnés dans une épître (comme par exemple celle aux Éphésiens) ne signifie pas qu’il n’y en avait pas dans cet endroit.
Au cours des siècles, ces charges locales, données au commencement par Dieu, et nécessaires, ont été transformées en fonctions ecclésiastiques hiérarchisées. Elles ont été confondues avec les dons d’évangélistes, pasteurs et docteurs que le Seigneur donne pourtant toujours sans limitation pour son corps tout entier. Cette hiérarchie ecclésiastique ne repose sur aucune base scripturaire dans le Nouveau Testament. Si le Seigneur Jésus donne encore et partout les dons spirituels pour la formation et l’édification de son Assemblée, plus personne ne détient aujourd’hui l’autorité pour nommer officiellement des anciens ou surveillants ; il n’empêche que les responsabilités incombant à ces charges peuvent et doivent être assumées dans les assemblées locales par les croyants doués à cet effet.
Philippiens 1:1-11 : Introduction : Salutation, remerciements et prière
Philippiens 1:12-26 : Circonstances personnelles de Paul (Christ, le contenu de la vie)
Philippiens 1:27 à 2:18 : Appel à l’unité et à la fidélité (Christ, le modèle)
Philippiens 2:19-30 : Timothée et Épaphrodite
Philippiens 3:1-21 : Avertissement et exemple (Christ, le but de la vie)
Philippiens 4:1-9 : Appel à la bonne harmonie et à la dépendance
Philippiens 4:10-23 : Joie et remerciements (Christ, la puissance de la vie).
4 chapitres
Ville de taille moyenne, Colosses était située en Phrygie, une région du sud de l’Asie mineure (la Turquie actuelle). L’agglomération avait été édifiée à proximité de deux autres villes, également mentionnées dans cette épître : Hiérapolis et Laodicée. Nous ne possédons aucune indication quant aux débuts des premiers chrétiens réunis en assemblée à Colosses. L’apôtre Paul ne s’est pas rendu dans ce lieu au cours de ses voyages missionnaires (Col. 1:4 ; 2:1). Pourtant, lors d’un séjour de Paul à Éphèse qui dura environ trois ans, de nombreuses personnes venues des alentours, donc peut-être aussi de Colosses, entendirent l’évangile (Actes 19:10). D’après le verset 7 du chapitre 1, un chrétien nommé Épaphras, originaire de cette ville, servit vraisemblablement d’instrument à Dieu pour amener la conversion des Colossiens (comp. Col. 4:12, 13). Comme presque partout au début de l’histoire de l’Église, l’assemblée à Colosses était composée de Juifs et de païens convertis (comp. Col. 1:27 ; 2:13, 16, 17 ; 3:11).
En Colossiens 1:1, 23 et 4:18, l’apôtre déclare être l’auteur de l’épître. Il était emprisonné : les versets 3, 10 et 18 du chapitre 4 attestent ce fait. Toutes les lettres appelées « épîtres de la captivité » (à savoir celles aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon) ont été écrites pendant les deux ans d’emprisonnement de Paul à Rome.
Les épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens présentent une étroite correspondance. Elles décrivent toutes deux, comme nulle autre dans le Nouveau Testament, les privilèges et les bénédictions de l’Assemblée de Dieu. Elles nous élèvent au niveau spirituel le plus élevé. Mais, alors que dans l’épître aux Éphésiens l’assemblée en tant que corps de Christ occupe le premier plan, nous découvrons avec l’épître aux Colossiens, Christ comme Tête de ce corps (Col. 1:18 ; 2:19). Le Chef doit être tenu ferme dans la foi. Ainsi ces deux épîtres se complètent d’une manière remarquable. Cependant, pour ce qui concerne la position chrétienne, l’épître aux Colossiens ne va pas aussi loin que l’épître aux Éphésiens. Il est vrai que ces deux lettres sont les seules dans lesquelles les croyants sont considérés comme ressuscités avec Christ (Éph. 2:6 ; Col. 3:1). Mais l’épître aux Éphésiens présente les croyants en Christ jouissant de la pleine possession de la bénédiction dans les lieux célestes (Éph. 1:3 ; 2: 6), tandis que les fidèles sont invités et exhortés ici à s’approprier les bénédictions célestes en Christ (Col. 3:1, 2). — Du point de vue typique, Israël se trouvait dans une telle situation après la traversée du Jourdain, lorsque le peuple était sur le point de prendre possession du pays de Canaan (comp. Josué 4 et 5).
Dans la première partie, plutôt doctrinale, de l’épître, le lecteur découvre au chapitre 1 après les versets d’introduction, une présentation du Seigneur Jésus en tant que Fils bien-aimé du Père, Créateur de toutes choses, Tête du corps et Rédempteur, Celui à qui, en toutes choses, revient la première place.
Dans le chapitre 2, l’apôtre dénonce la folie et l’inutilité de la philosophie, des pratiques religieuses et d’une sagesse prétendument plus élevée. En contraste, il évoque ce Seigneur et Chef Jésus Christ, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance ; en lui toute la plénitude de la déité habite corporellement ; en lui le croyant aussi trouve sa pleine satisfaction. Le fidèle doit donc tenir ferme le Chef dans la foi.
En lisant la seconde partie de l’épître aux Colossiens, dont la portée est plus pratique, nous trouvons des exhortations et encouragements à vivre tout cela pratiquement : l’origine, la puissance et le but d’une vie de foi, c’est Christ dans les cieux à la droite de Dieu. Ce n’est qu’en puisant à une telle source que le chrétien pourra adopter sur la terre un comportement adéquat pour la communion avec d’autres croyants, au cours du mariage, dans la famille et la vie professionnelle. L’épître se termine par des communications personnelles et les salutations de Paul.
Le but de cette épître est donc de placer devant les yeux des Colossiens, ou plutôt de rappeler à leur mémoire, le Seigneur Jésus Christ et sa gloire immense — surtout en tant que Tête. Ces fidèles étaient apparemment en danger de ne pas tenir suffisamment ferme la personne du Seigneur dans leur vie de foi pratique (Col. 2:19).
Que s’était-il passé à Colosses pour amener ces croyants à se détourner de Christ ? Cette question a suscité de nombreuses suppositions. Sans aller trop loin, on peut déduire, du contenu même de l’épître, ce qui suit : les Colossiens s’étaient laissés entraîner par des courants philosophiques et des spéculations religieuses (ch. 2:8) qui auraient dû, selon les promesses de certains faux docteurs, leur communiquer une « connaissance supérieure ». Il s’agissait aussi, semble-t-il, de règles de conduite précises à observer et de l’intérêt manifesté pour le monde invisible (ch. 2:16-23).
On donne souvent le nom de gnosticisme à l’ensemble de ces influences mentionnées dans l’épître aux Colossiens. La gnose (en grec : « connaissance ») n’a cependant revêtu son caractère destructeur qu’à partir du 2e siècle ; par conséquent, on peut, tout au plus, parler ici de tendances. Il semble toutefois que des influences judaïques, païennes et gréco-philosophiques aient abouti à un syncrétisme (mélange de religions) difficile à reconstituer aujourd’hui. À Colosses, Satan dirigeait ses efforts contre la Personne du Seigneur Jésus Christ. Il cherchait aussi à entamer la foi des fidèles dans le Seigneur et son œuvre. C’est la raison pour laquelle le Christ occupe une place particulièrement en vue dans cette épître.
Le Seigneur Jésus est cité vingt-quatre fois dans l’épître aux Colossiens. Comparativement aux autres épîtres, en tenant compte de la longueur de chacune d’elles, la mention revient le plus souvent dans cette lettre-ci (exception faite de l’épître aux Philippiens). Nous pouvons invoquer une raison très simple : les Colossiens se trouvaient en danger de perdre de vue Christ. Aussi est-il constamment placé devant eux. Parmi toutes les expressions utilisées, la désignation « le Christ » revient le plus fréquemment : elle permet d’évoquer le Seigneur comme Celui qui accomplit tout le conseil de Dieu le Père et qui est maintenant glorifié à la droite de Dieu dans la gloire du ciel. Six des dix-sept noms ou titres de Christ ne se trouvent que dans cette épître (comp. le tableau ci-dessous).
1. Ch. 1:1-8 : Introduction
2. Ch. 1:9-23 : La gloire et la grandeur de Christ
3. Ch. 1:24 à 2:3 : Christ et le service de Paul
4. Ch. 2:4-23 : Avertissements à ne pas se détourner de Christ
1.Ch. 3:1-4 : Le caractère de la nouvelle vie
2. Ch. 3:5-17 : Dépouiller et revêtir
3. Ch. 3:18 à 4:6 : La vie quotidienne du chrétien
4. Ch. 4:7-18 : Conclusion.
Les noms du Seigneur Jésus Christ dans l’épître aux Colossiens
Noms | | Nombre de fois |
1. le Christ : | ch. 1:7, 24 ; 2:11 ; 3:1 (2x), 3, 4, 13, 15, 16 ; 4:3 | 11 |
2.a) le Seigneur | ch. 1:10 ; 3:18, 20, 22, 23, 24 ; 4:7, 17 | 8 |
2.b) maître | ch. 4:1 | 1 |
3. Christ | ch. 1:2, 27, 28 ; 2:5, 8, 17, 20 ; 3:11 | 8 |
4. Christ Jésus : | ch. 1:1, 4 ; 4:12 | 3 |
5. notre Seigneur Jésus Christ : | ch. 1:3 | 1 |
6. Seigneur Jésus Christ : | ch. 1:2 | 1 |
7. Seigneur Jésus : | ch. 3:17 | 1 |
8. le Seigneur Christ : | ch. 3:24 | 1 |
9. le commencement : | ch. 1:18 | 1 |
10. le chef : | ch. 2:19 | 1 |
11. le premier-né d’entre les morts : | ch. 1:18 | 1 |
Noms figurant uniquement dans l’épître aux Colossiens :
12. le Christ Jésus, le Seigneur : | ch. 2:6 | 1 |
13. Fils de son amour : | ch. 1:13 | 1 |
14. l’image du Dieu invisible : | ch. 1:15 | 1 |
15. le premier-né de toute la création : | ch. 1:15 | 1 |
16. le chef du corps : | ch. 1:18 | 1 |
17. le chef de toute principauté : | ch. 2:10 | 1 |
Total : 44
5 chapitres
Thessalonique (aujourd’hui : Salonique) était devenue, dès 146 av. J.C., la capitale de la province romaine de la Macédoine. Située sur la Via Égnatia
, un axe de communication important, la ville se trouvait en quelque sorte à un carrefour entre l’Orient et l’Occident. En outre, elle disposait d’un port en bordure d’un golfe de la mer Égée. Dans l’Antiquité, la cité comptait sans doute plus de 200 000 habitants. Comme dans plusieurs métropoles commerçantes, une communauté juive s’était établie à Thessalonique, et avait bâti une synagogue.
Lors de son deuxième voyage missionnaire (51-54 apr. J.C.), venant de Philippes avec Silas et Timothée, l’apôtre Paul s’arrêta à Thessalonique. Selon son habitude, il se rendit d’abord à la synagogue locale et annonça aux Juifs l’évangile du salut en Christ (Actes 17:1-4 ; comp. 1 Cor. 15:1-4). Quelques Juifs, de nombreux Grecs qui servaient Dieu et plusieurs femmes de premier rang reçurent le message apporté par Paul. Mais les Juifs incrédules de Thessalonique créèrent un soulèvement populaire contre les messagers de Christ ; dès lors Paul et Silas furent contraints d’interrompre leur séjour, qui dura, semble-t-il, seulement trois semaines. Ils quittèrent la ville de nuit (Actes 17:5-10). Pendant cette courte période, les croyants de Philippes avaient déjà fait un envoi à l’apôtre pour ses besoins (Phil. 4:16).
Paul se rendit ensuite à Bérée, où les Juifs de Thessalonique, irrités, le poursuivirent. Devant à nouveau s’enfuir, l’apôtre laissa Silas et Timothée et continua seul jusqu’à Athènes. Mais en pensée Paul demeurait à Thessalonique auprès des croyants qu’il avait dû abandonner si précipitamment ; il nourrissait le désir de les revoir bientôt. L’apôtre en fut cependant empêché (1 Thess. 2:18) ; aussi envoya-t-il Timothée avec la double mission de fortifier l’assemblée locale dans la foi et de consoler les croyants. Se conformant au vœu de l’apôtre, Timothée le suivit probablement d’abord à Athènes. Ensuite, il retourna à Thessalonique afin de remplir son mandat (comp. Actes 17:15, 16 ; 1 Thess. 3:1-5).
Après ce séjour à Athènes, Paul se rendit à Corinthe. Un peu plus tard, Timothée et Silas rencontrèrent l’apôtre dans cette ville (Actes 18:5 ; 1 Thess. 3:6). Les nouvelles rapportées par les deux serviteurs depuis Thessalonique, positives pour la plupart, incitèrent Paul à écrire, sous l’inspiration du Saint Esprit, la première épître aux Thessaloniciens.
La première épître aux Thessaloniciens est une vraie lettre pastorale. Bien que séparé de ses chers enfants dans la foi, l’apôtre Paul veut leur prodiguer des encouragements et des consolations, à la façon d’une mère ou d’un père (1 Thess. 2:7, 11) ; mais il cherche aussi à exhorter quand une telle nécessité s’impose. Enfin, Paul lève toute incertitude quant aux questions relatives au sort des croyants endormis et sur la venue du Seigneur.
Parmi les nombreux thèmes et pensées présentés dans cette épître, la venue du Seigneur occupe une place centrale. Mentionnée dans chacun des chapitres, cette venue est le seul point qui soit traité d’une manière doctrinale (et cela en raison d’une communication du Seigneur Jésus à Paul) (1 Thess. 4:15-18).
Liée à la bienheureuse et vivante espérance des croyants (Tite 2:13 ; 1 Pierre 1:3), la venue du Seigneur forme le sujet central de la première épître aux Thessaloniciens. Aujourd’hui, dans de larges cercles de la chrétienté, cette venue est tombée dans un oubli presque total, et est considérée comme une question de doctrine secondaire. Pourtant les Thessaloniciens s’étaient convertis non seulement pour servir le Dieu vivant et vrai, mais aussi afin d’attendre des cieux son Fils (1 Thess. 1:9, 10) ! En l’absence d’une telle espérance chrétienne, l’évangile est incomplet. L’appel céleste du chrétien doit avoir un effet pratique sur sa vie quotidienne (ch. 2:12). En outre, l’apôtre Paul considérait les Thessaloniciens comme sa joie et la couronne dont il se glorifiait devant le Seigneur Jésus à sa venue (ch. 2:19). Mais il désirait aussi qu’ils soient affermis dans leurs cœurs sans reproche en sainteté, ayant devant leurs yeux l’apparition du Seigneur avec tous ses saints (ch. 3:13). Dans les chapitres 4:13 à 5:11, l’apôtre présente en détail la venue du Seigneur. Il établit clairement la distinction entre la venue du Seigneur pour
les croyants et son apparition avec
les rachetés. À la venue du Seigneur pour les siens, avant les jugements de la grande tribulation, tous les saints endormis connaîtront la résurrection et les croyants vivants seront transmués. Ravis dans les nuées, ils partiront ensemble à la rencontre du Seigneur (ch. 4:15-18 ; comp. 1 Cor. 15:51ss). Lors de l’apparition du Seigneur avec les croyants, qui aura lieu après le temps de la grande tribulation, en prélude au Millénium, au « jour du Seigneur », les rachetés auparavant enlevés reviendront du ciel avec Christ. Après le jugement, ils auront part avec lui à la domination du règne de paix sur les hommes qui vivront alors sur la terre (ch. 4:13, 14 ; 5:1-3 ; comp. 2 Thess. 1:7-10 ; Matt. 25:31ss ; Apoc. 19:11-21).
Ces trois piliers de la vie chrétienne sont mentionnés au début et à la fin de la première épître aux Thessaloniciens (ch. 1:3 ; 5:8). En outre, la foi constitue le sujet principal du chapitre 1 ; l’amour est évoqué dans les chapitres 2:1 à 4:12, puis l’espérance, rappelée à partir du chapitre 4:13.
Cependant, ces trois colonnes n’apparaissent pas ici seulement. Elles se retrouvent tout au long du Nouveau Testament : 1 Corinthiens 13:13 ; Galates 5:5, 6 ; Colossiens 1:4, 5 ; Hébreux 6:10-12 ; 10:22-24 (comp. Rom. 5:1-5 ; Éph. 1:15, 18 ; 1 Pierre 1:3-9, 21, 22).
Une des particularités de l’épître aux Thessaloniciens réside dans le fait qu’on n’y trouve pas une seule citation de l’Ancien Testament.
1 Thessaloniciens 1:1-10 : Reconnaissance et joie pour la foi des Thessaloniciens
1 Thessaloniciens 2:1 à 3:13 : L’amour dans le service de l’apôtre à l’égard des Thessaloniciens
1 Thessaloniciens 4:1-12 : Exhortations
1 Thessaloniciens 4:13 à 5:11 : L’espérance de la venue de Christ
1 Thessaloniciens 5:12-28 : Exhortations et conclusion.
3 chapitres
La seconde épître aux Thessaloniciens commence, à peu près, par les mêmes mots que la première. Timothée et Silas (ou Silvain), les compagnons de l’apôtre Paul à l’occasion de son deuxième voyage missionnaire (51-54 apr. J.C.), se retrouvent à nouveau avec lui. Paul fait allusion à une première lettre (ch. 2:15), il rappelle aux Thessaloniciens comment il avait l’habitude d’écrire (ch. 3:17) et mentionne qu’il a reçu des nouvelles concernant la marche de certaines personnes de l’assemblée locale (ch. 3:11). Ces indications permettent de conclure que l’apôtre a écrit cette lettre à la suite de la première épître, en 52 vraisemblablement, encore pendant son séjour de dix-huit mois à Corinthe (Actes 18:5-11).
Un même sujet principal est présenté dans les deux épîtres aux Thessaloniciens : la venue du Seigneur. Mais tandis que la première épître place particulièrement devant nous l’enlèvement
des croyants, l’apparition
de Christ dans ce monde occupe une place centrale dans le texte de la seconde.
Les Thessaloniciens étaient toujours en butte aux terribles persécutions des ennemis de l’évangile (2 Thess. 1:4 ; comp. 1 Thess. 1:6 ; 2:14 ; 3:3, 4). De plus, des exaltés s’étaient infiltrés parmi eux ; ils annonçaient que le jour du Seigneur était déjà là — produisant même, pour appuyer leurs déclarations, une lettre falsifiée qu’ils faisaient passer comme étant une missive écrite par Paul (2 Thess. 2:2).
Encore jeunes dans la foi, les Thessaloniciens avaient été induits en erreur et ébranlés quant à leur espérance vivante de la venue du Seigneur. La nouvelle en était parvenue aux oreilles de l’apôtre, qui leur écrivit une seconde lettre pour les enseigner et les encourager. Le ton adopté par Paul est un peu plus froid que dans la première épître et les erreurs survenues entre-temps à Thessalonique sont clairement abordées. Néanmoins, cette épître contient aussi le témoignage des soins pastoraux prodigués par l’apôtre. Si, dans sa première lettre, Paul se manifeste plutôt comme une « nourrice » ou une « mère », dans la seconde, nous le voyons davantage comme un « père » à l’égard de ses bien-aimés enfants dans la foi (comp. 1 Thess. 2:7-11).
Paul commence par dispenser des paroles de consolation : ceux qui maintenant sont persécutés à cause de leur foi en Christ goûteront le repos sur cette terre lors de l’apparition publique du Seigneur ; en revanche, leurs persécuteurs, les païens qui ne connaissent pas Dieu et les Juifs qui ne croient pas au Seigneur Jésus, subiront le châtiment (ch. 1).
Au chapitre 2, l’apôtre aborde le sujet qui avait occasionné du trouble parmi les Thessaloniciens. Ces croyants avaient adopté la conception erronée que le jour du Seigneur était déjà là. Paul présente un tableau court mais précis de la succession des événements qui doivent précéder
ce jour, pour leur prouver que celui-ci ne pouvait pas avoir commencé et ne débuterait pas avant l’enlèvement des croyants. Dès lors, le chrétien n’attend pas le jour du Seigneur ou la tribulation qui le précède, mais la venue du Seigneur, lorsqu’il viendra chercher les croyants pour les introduire dans le ciel.
Dans les chapitres 2:13 à 3:5, Paul encourage les Thessaloniciens à tenir ferme les enseignements qu’ils avaient reçus ; l’apôtre termine son épître par quelques exhortations sérieuses à l’adresse des chrétiens qui pensaient ne plus devoir travailler pour subvenir à leurs besoins personnels.
Le jour du Seigneur commence par l’apparition ou la manifestation de Christ pour le jugement des vivants (Matt. 25:31 ; Apoc. 19:11-21). Durant cette période, Jésus Christ sera reconnu comme Seigneur dans ce monde. Cette époque englobe également le Millénium (comp. 2 Pierre 3:10), à la fin duquel la vieille création d’aujourd’hui fera place aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre.
L’apparition du Seigneur sera précédée d’un temps de tribulation pour Israël et pour la terre habitée tout entière. L’Antichrist et le chef de l’Empire romain feront alors leur entrée. Cette période de tribulation est décrite en Matthieu 24 et en Apocalypse 6 à 18.
Selon 2 Thessaloniciens 2:6 et 7, des obstacles existent encore actuellement, qui retardent l’avènement de l’Antichrist : le Saint Esprit et les effets bénis du christianisme. Mais de telles influences prendront fin avec l’enlèvement des croyants (comp. 1 Thess. 1:10 ; Apoc. 3:10, 11), et alors plus rien n’empêchera la venue de l’Antichrist (comp. Apoc. 13:11-18). Toutefois, quand l’impiété aura atteint son paroxysme, le Seigneur Jésus apparaîtra avec tous ses saints, et il détruira l’Antichrist et le chef de l’Empire romain (2 Thess. 2:8 ; Apoc. 19:20). Alors débutera le Millénium (Apoc. 20).
La dénomination Antichrist signifie « contre Christ » ou « à la place de Christ » (1 Jean 2:22). La personne ainsi désignée se manifestera entre l’enlèvement des croyants et l’apparition de Christ, détournant les hommes de l’attente du Messie. L’Antichrist se présentera lui-même comme Dieu et se fera adorer (2 Thess. 2:4). Instrument de Satan, il imitera et combattra à la fois le vrai Messie : d’où la raison pour laquelle il est comparé à un agneau et à un dragon (Apoc. 13:11). L’Antichrist sera d’origine juive (comp. Dan. 11:36, 37), afin qu’Israël puisse le reconnaître pour son roi.
Les diverses appellations de l’Antichrist expriment clairement son caractère :
Lors de son apparition avec les croyants et les anges, le Seigneur Jésus anéantira l’Antichrist (2 Thess. 2:8 ; Apoc. 19:20), le jetant vif, avec le chef de l’Empire romain, dans l’enfer.
Sujet principal : l’apparition de Christ dans le monde
2 Thessaloniciens 1:1-12 : Consolation dans les persécutions
2 Thessaloniciens 2:1-12 : Enseignement quant à l’apparition de Christ
2 Thessaloniciens 2:13 à 3:5 : Encouragement à persévérer
2 Thessaloniciens 3:6-18 : Exhortations pour le service et la marche.
Couramment employée pour désigner les lettres de l’apôtre Paul à ses compagnons Timothée et Tite, la formule « épîtres pastorales » est due au théologien Paul Anton. Elle date de 1726 ; on pourrait aussi bien dire : épîtres d’un berger (du latin pastor
: berger).
Les trois épîtres en question occupent une place à part dans le Nouveau Testament. De la même façon que l’épître à Philémon, elles sont adressées à des individus. Il ne s’agit pourtant pas de lettres privées : l’objet est l’ordre dans l’assemblée de Dieu. Les destinataires, Timothée et Tite, étaient des hommes encore relativement jeunes. Toutefois, ils servaient déjà, en tant que fidèles collaborateurs de l’apôtre Paul ; dans les trois épîtres, ils sont présentés comme les représentants et délégués de l’apôtre.
Selon toute probabilité, Paul a été libéré après les deux années de captivité passées à Rome, dont nous trouvons une évocation à la fin des Actes des apôtres (vers 63 apr. J.C.). Dans ses lettres aux Philippiens (ch. 1:22-26 ; 2:24) et à Philémon (v. 22), Paul fait allusion à cette mise en liberté. D’après la teneur des épîtres pastorales, il se rendit alors en Asie mineure, en Crète et en Grèce (comp. 1 Tim. 1:3 ; 2 Tim. 4:13, 20 ; Tite 1:5 ; 3:12). Après ces différents voyages, l’apôtre fut une nouvelle fois emprisonné, condamné à mort puis exécuté, à Rome.
La première épître à Timothée et celle à Tite auraient donc été écrites entre la première et la seconde captivité de l’apôtre. En effet, Paul laisse entendre qu’il était libre alors. Il ne mentionne pas les chaînes, ni les liens, ou un quelconque autre élément qui pourrait faire penser à un emprisonnement. Tel n’est pas le cas si l’on se réfère aux épîtres aux Éphésiens, Philippiens, Colossiens et à Philémon. Dans la seconde épître à Timothée toutefois, Paul parle de nouveau de sa captivité (2 Tim. 1:8, 12, 16, 17 ; 2:9) et il évoque une comparution en jugement (2 Tim. 4:6-8). Ainsi, cette épître se trouve être le dernier témoignage inspiré de l’apôtre Paul, son testament spirituel en quelque sorte.
Par conséquent, les indications que fournissent les épîtres pastorales sur la dernière période de la carrière de l’apôtre Paul ne sont pas en opposition avec le récit des Actes ou les descriptions faites dans le cadre des différentes lettres de l’apôtre : elles constituent un complément.
Paul savait que sa mort était proche, aussi les dernières lettres diffèrent-elles des précédentes quant au sujet et au style. L’apôtre avait déjà exposé en détail toute la doctrine du Christ. Dès lors, les épîtres à Timothée et à Tite contiennent plutôt des communications et des ordres touchant au côté pratique de la vie d’assemblée. Cela suppose que toute la vérité est connue, concernant Christ, l’œuvre de la rédemption et l’assemblée (comp. 1 Tim. 3:15 avec Matt. 16:18 ; 1 Tim. 4:14 avec 1 Cor. 12:4, 31 ; Tite 1:1-3 avec Rom. 5:21 ; 6:23 ; Éph. 1:3, 4).
Les charges d’anciens ou surveillants, et celles de serviteurs (diacres), traitées avec infiniment de détails ici, n’ont pas été introduites à l’époque de la rédaction des épîtres pastorales. Elles existaient au sein des assemblées depuis le début (comp. Actes 6 ; 14:23 ; 20:17, 28 ; Phil. 1:1).
Dans son discours d’adieux à Milet, Paul avait déjà mis en garde contre les fausses doctrines qui surgiraient (comp. 1 Tim. 4:1 et 2 Tim. 3:1 ; Actes 20:28, 29).
L’expression « Dieu Sauveur » revient plusieurs fois, sous cette forme ou d’autres, dans les épîtres pastorales :
En lisant le Nouveau Testament, mise à part la seconde épître de Pierre, nous ne trouvons que deux fois ce nom, en Luc 1:47 et en Jude 25. Il sert à rappeler la grâce universelle de Dieu en Christ, par laquelle le salut et la délivrance sont offerts aujourd’hui au monde entier. Jusqu’alors, Israël était le seul peuple que Dieu ait choisi et mis à part sur la terre.
L’emploi fréquent des mots « sain » et « sobre » caractérise le contenu des épîtres pastorales (ces expressions sont parfois rendues en français par les termes « sage », « modeste », « modestie »).
« sain »
« sobre »
Leur destinataire
Timothée (dont le nom signifie : « Honore Dieu » ou « honneur de Dieu ») devint, tout jeune déjà (1 Tim. 4:12), un des plus fidèles collaborateurs de l’apôtre Paul. Il était le fils d’un Grec, mais avait une mère juive, nommée Eunice. Sa mère et sa grand-mère Loïs l’avaient enseigné dès sa plus tendre enfance dans les saintes écritures de l’Ancien Testament (Actes 16:1 ; 2 Tim. 1:5 ; 3:15).
Au cours de son deuxième voyage missionnaire (env. 51-54 apr. J.C.), dans la région de Derbe et de Lystre, Paul eut son attention attirée par ce jeune croyant qui était au bénéfice d’un bon témoignage rendu par les frères établis à Lystre et à Iconium (Actes 16:2). Lors de son premier voyage, Paul avait déjà annoncé l’évangile dans cette région ; il avait visité deux fois ces villes (Actes 14:1, 8, 21). Timothée avait sans doute, à ces occasions, entendu le message de la croix et l’avait reçu par la foi.
Les deux épîtres à Timothée nous apprennent que le Seigneur Jésus destinait ce jeune homme à un service particulier. Des prophéties existaient à son sujet, qui faisaient allusion à un don de grâce en lui (1 Tim. 1:18). Ce don de grâce — celui d’évangéliste (2 Tim. 4:5) ? — avait été confirmé par l’imposition des mains de l’apôtre Paul (2 Tim. 1:6) : à notre connaissance, il s’agit d’un cas unique dans le Nouveau Testament. Reconnaissant l’existence de ce don, les anciens de l’assemblée avaient eux aussi imposé les mains à Timothée. Par cet acte, ils s’identifiaient au jeune serviteur (1 Tim. 4:14).
Né d’un père païen et d’une mère juive, Timothée n’avait pas connu, enfant, la circoncision selon la coutume juive (Gen. 17:10 ; Lév. 12:3). Paul le circoncit donc, pour que l’origine païenne du jeune homme ne représente pas un obstacle dans le service d’évangélisation auprès des Juifs (Actes 16:3 ; comp. 1 Cor. 9:20).
Paul, Silas et Timothée traversèrent alors ensemble l’Asie mineure, afin de gagner la Macédoine. Les trois hommes annoncèrent d’abord l’évangile à Philippes et à Thessalonique. Depuis Bérée, Paul continua seul jusqu’à Athènes. Silas et Timothée rejoignirent plus tard l’apôtre (Actes 17:14 ; 1 Thess. 3:12). Mais, parce qu’il se souciait de l’état spirituel des jeunes croyants à Thessalonique, Paul envoya Timothée dans cette ville (1 Thess. 3:1-6). Ils ne se retrouvèrent que plus tard à Corinthe (Actes 18:5 ; 1 Thess. 1:1).
Timothée suivit encore l’apôtre Paul lors de son troisième voyage missionnaire (env. 54-58 apr. J.C.). Il fut envoyé avec Éraste d’Éphèse en Macédoine, et plus tard, à Corinthe. Cette visite est annoncée dans la première épître aux Corinthiens (Actes 19:22 ; 1 Cor. 4:17 ; 16:10). Au moment de la rédaction de la seconde épître aux Corinthiens, arrivé entre-temps en Macédoine, Paul retrouva une nouvelle fois Timothée (2 Cor. 1:1 ; 9:2-4).
Après un séjour de trois mois en Grèce, passant à nouveau par la Macédoine, Paul retourna en Asie mineure. Timothée le précéda et l’attendit, avec quelques frères, en Troade (Actes 20:2-6). Selon toute vraisemblance, Timothée ne suivit pas Paul à Jérusalem ; le fidèle collaborateur resta à Éphèse où il travailla plus tard à la demande de l’apôtre.
Timothée visita l’apôtre Paul dans sa prison à Rome ; il était auprès de l’apôtre lors de la rédaction des épîtres à Philémon, aux Colossiens et aux Philippiens (Philémon 1 ; Col. 1:1 ; Phil. 1:1). Se trouvant dans l’impossibilité de visiter les Philippiens, Paul leur annonça, au moyen de l’épître qui leur était destinée, la venue probable de Timothée (Phil. 2:19). Pourtant, nous ne possédons aucune donnée qui permettrait de confirmer l’hypothèse d’une visite et, par là même, le moment exact d’une telle rencontre.
Par l’épître aux Hébreux (ch. 13:23), nous apprenons encore que Timothée fut emprisonné, puis relâché. Mais aucun autre détail ne nous a été conservé au sujet de cette captivité. À côté de cette brève information, les deux épîtres à Timothée sont les derniers témoignages bibliques concernant ce fidèle serviteur de Christ et collaborateur de l’apôtre Paul.
Timothée est le modèle d’un serviteur dévoué et fidèle du Seigneur. Paul décerne beaucoup d’éloges à l’égard de son compagnon et collaborateur. Si, au début de la quinzaine d’années pendant lesquelles les deux hommes ont travaillé ensemble, Paul parlait encore de « Timothée, notre frère et compagnon d’œuvre sous Dieu dans l’évangile du Christ » (1 Thess. 3:2), dans la première épître aux Corinthiens, l’apôtre appelle déjà son collaborateur un enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur, s’employant comme lui-même à l’œuvre du Seigneur (1 Cor. 4:17 ; 16:10). Mais dans l’épître aux Philippiens (ch. 2:19-23), Paul emploie à l’égard de son cadet les paroles les plus tendres et les plus chaleureuses : « Or j’espère dans le Seigneur Jésus vous envoyer bientôt Timothée, afin que moi aussi j’aie bon courage quand j’aurai connu l’état de vos affaires ; car je n’ai personne qui soit animé d’un même sentiment avec moi pour avoir une sincère sollicitude à l’égard de ce qui vous concerne ; parce que tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ. Mais vous savez qu’il a été connu à l’épreuve, savoir qu’il a servi avec moi dans l’évangile comme un enfant sert son père. J’espère donc l’envoyer incessamment, quand j’aurai vu la tournure que prendront mes affaires. »
Bien que jeune et un peu craintif, Timothée fut un des seuls frères qui demeura résolument aux côtés de l’apôtre Paul, lors de son incarcération, tandis que plusieurs s’étaient détournés de lui. Quand Paul, après sa libération, retourna visiter quelques-unes des villes où il avait travaillé précédemment, il put en toute confiance laisser Timothée à Éphèse (1 Tim. 1:3). Dans sa première lettre, Paul communique à son enfant bien-aimé les instructions divines concernant la maison de Dieu, l’assemblée du Dieu vivant (1 Tim. 3:15). L’apôtre espérait se rendre bientôt auprès de son collaborateur, mais il pressentait déjà que le Seigneur avait en vue un autre chemin pour lui (1 Tim. 3:14). Ces indications et l’absence de toute allusion à une captivité prouvent que l’apôtre était libre alors.
Toutefois, dans sa deuxième épître, Paul mentionne de nouveau à plusieurs reprises son emprisonnement, n’entrevoyant alors aucune perspective de libération ; au contraire, l’apôtre sait que le moment de son départ de cette terre est arrivé (2 Tim. 4:6). Il a combattu le bon combat, il a achevé la course, il a gardé la foi ; les yeux fixés sur le Seigneur seul, il va être recueilli auprès de lui. L’apôtre et son enfant ont œuvré longtemps les deux ensemble. Dans sa lettre d’adieux, Paul encourage Timothée à continuer seul son service jusqu’à la fin, même dans les conditions rendues plus difficiles par le début de la ruine de l’assemblée (2 Tim. 4:5). — La première épître à Timothée a donc certainement été écrite vers les années 63/64, et la seconde, vers 66/67 apr. J.C.
6 chapitres
« Je t’écris ces choses… afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:14, 15). Ce verset pourrait servir de suscription à la première épître à Timothée.
À Éphèse, Paul avait annoncé tout le conseil de Dieu. Dans son épître à cette assemblée, il avait décrit les immenses privilèges et bénédictions des membres du corps de Christ. Maintenant, dans une première épître à Timothée, qui lui était adressée quand il se trouvait à Éphèse, l’apôtre donne des instructions concernant l’ordre extérieur de l’assemblée (la première épître aux Corinthiens traite de l’ordre intérieur). En rédigeant sa lettre envoyée à destination d’Éphèse (1 Tim. 1:3), l’apôtre ne ressentait pas la nécessité de répéter les vérités communiquées tout au plus trois ans auparavant. Il pouvait les supposer connues. Aussi la première épître à Timothée porte-t-elle un caractère très différent de celle aux Éphésiens. La lettre qui nous intéresse ici n’est d’ailleurs pas adressée aux croyants ou à toute l’assemblée de l’endroit, mais à un serviteur envoyé et délégué par l’apôtre lui-même.
Tableau de quelques-unes des principales différences :
Sujet | Épître aux Éphésiens | Première épître à Timothée |
1. Christ | Celui qui accomplit le conseil de Dieu et qui est le Chef de l’assemblée | Celui qui est venu rendre témoignage pour Dieu dans ce monde |
2. L’assemblée | Le corps de Christ La maison de Dieu L’épouse de Christ | La colonne et le soutien de la vérité, la maison de Dieu et la conduite des croyants dans cette maison |
3. Le service | Les dons de grâce pour le corps de Christ tout entier | Les charges dans les assemblées locales |
La première épître à Timothée contient donc des instructions pratiques pour la vie des assemblées locales.
Dans le premier chapitre, Paul établit le contraste entre le sain enseignement et la loi mosaïque.
Au chapitre 2, l’apôtre traite de la prière (des hommes en particulier) et de la position de la femme chrétienne.
Au chapitre 3, il parle des charges locales d’anciens (ou surveillants) et de serviteurs.
Dans le chapitre 4, l’apôtre annonce la survenance de fausses doctrines. Il exhorte Timothée à bien se conduire et à être un modèle.
Au chapitre 5, il est d’abord question de l’entretien des veuves parmi les croyants, puis une fois encore du service des anciens.
Enfin, le lecteur trouve dans le chapitre 6 une description de la vraie piété comme étant une vie de consécration au Seigneur, et une mise en garde particulière contre l’amour de l’argent.
Les deux mots « anciens » (en grec : presbyteros
) ou « surveillants » (évêques, en grec : episkopos
) désignent l’un et l’autre la même charge (comp. Actes 20:17, 28 ; Tite 1:5, 7). Dans le Nouveau Testament, nous trouvons en outre (comp. Actes 6) la charge de serviteur (diacre, en grec : diakonos
). Il s’agit de services et de tâches qui existaient dès le début comme fonctions régulières au sein des différentes assemblées.
Chez les Juifs, il y avait toujours eu des anciens (Ex. 3:16 ; És. 10:14 ; Matt. 26:59 ; Actes 6:12). C’est pourquoi nous ne voyons nulle part des nominations officielles de ces personnes dans les assemblées judéo-chrétiennes, quoiqu’il y en ait eu là aussi (Actes 11:30 ; 15:6). En revanche, dans les assemblées formées de croyants issus d’entre les nations, les anciens étaient établis par autorité apostolique (Actes 14:23 ; Tite 1:5), mais sous la conduite du Saint Esprit (Actes 20:28). Les serviteurs étaient désignés par les assemblées, et les apôtres confirmaient ce choix (Actes 6:1-6). Quand bien même les anciens et les serviteurs ne sont mentionnés que dans la salutation d’une seule épître (Phil. 1:1), une telle situation n’indique pas que leur présence était exceptionnelle. Il s’agissait plutôt de l’état normal des assemblées. Mais pour assumer de telles fonctions, les croyants concernés devaient faire leurs preuves ; aussi les anciens et les serviteurs n’étaient-ils nommés qu’après un certain temps.
Pendant la période dite post-apostolique, la charge d’ancien fut clairement distinguée et séparée de celle de surveillant. La base était ainsi posée pour ce qui devait conduire plus tard à l’établissement d’une hiérarchie ecclésiastique, qui va même jusqu’à se vanter d’une « succession apostolique ». On ne trouve aucun principe de ce type dans les saintes Écritures. Au contraire, quand Paul prit congé des anciens de l’assemblée à Éphèse, il les recommanda, eux et l’assemblée, à Dieu et à la parole de sa grâce (Actes 20:32). Avec la mise en avant des charges, l’attention portée aux différents dons de grâce
donnés par Dieu — évangélistes, pasteurs et docteurs (Éph. 4:11) — a fortement diminué dans la chrétienté. Pourtant, ce sont précisément ces dons qui sont appelés à demeurer jusqu’à ce que l’assemblée soit complète (Éph. 4:13).
D’après ce que nous pouvons déduire des textes du Nouveau Testament, les anciens ou surveillants étaient nommés uniquement par les apôtres ou leurs délégués. Ceux-ci recevaient eux-mêmes ainsi une autorité voulue de Dieu, par laquelle, dans les premiers temps, l’ordre extérieur des assemblées était maintenu. Aujourd’hui, personne — pas même l’assemblée — ne possède l’autorité pour nommer quelqu’un à une telle charge. L’autorité divine vient toujours d’en haut, jamais d’en bas. Si la fonction d’ancien en tant que charge officielle n’est plus à même de subsister actuellement sur une base biblique, elle peut pourtant être exercée par des hommes spirituels ayant une autorité morale, pour le bénéfice et la bénédiction des croyants.
1 Timothée 1 : La loi et la grâce
1 Timothée 2 : La prière ; la position de la femme
1 Timothée 3 : Les anciens et les serviteurs
1 Timothée 4 : Le faux et le bon enseignement
1 Timothée 5 : Les veuves et les anciens
1 Timothée 6 : Le contentement et les richesses.
4 chapitres
Écrite quelques années après la première épître à Timothée, la seconde lettre de l’apôtre à ce serviteur donne un tout autre tableau de la situation. À nouveau emprisonné, Paul attendait la mort. En outre, l’état des croyants dont il parle s’était fortement dégradé. Les assemblées que Paul avait établies et nourries avec tant de soin s’éloignaient de plus en plus de la source de leur vie et de leur force, le Seigneur Jésus. Cependant, même si la maison de Dieu, l’assemblée, en raison de l’infidélité des croyants à leur Seigneur, tombe en ruine, le Seigneur, lui, demeure fidèle, parce qu’il ne peut pas se renier lui-même (2 Tim. 2:13).
L’apôtre comprenait que son jeune collaborateur pouvait éprouver de l’anxiété et même du désespoir. Timothée allait se retrouver seul après la mort de Paul, son père spirituel, au milieu du déclin qui s’installait dans la chrétienté. Aussi, afin d’encourager et de fortifier son enfant dans la foi, l’apôtre Paul lui écrit ce message d’adieux.
L’apôtre ne peut plus parler de la maison de Dieu, l’assemblée du Dieu vivant (1 Tim. 3:15). Il doit la qualifier de grande maison avec des vases à honneur, mais aussi des vases à déshonneur (2 Tim. 2:20), tant le déclin était déjà avancé. Dans sa première lettre, Paul avait encore donné des instructions concernant les anciens et les serviteurs : une telle indication démontrait que l’assemblée était alors dans un état normal. Comme apôtre et représentant du Seigneur, Paul avait lui-même établi des anciens (voir Actes 14:23 ; 20:17, 28 ; Phil. 1:1). Dans cette seconde épître, il s’adresse presque exclusivement à Timothée ; à trois reprises il lui répète un sérieux « Mais toi… » (ch. 3:10, 14 ; 4:5). Il n’y a cependant ni abandon ni résignation ! Aussi mauvais que soient les temps, la puissance de Dieu et la grâce du Seigneur Jésus demeurent toujours les mêmes. C’est pourquoi cette lettre a représenté au cours des siècles un encouragement pour les croyants qui veulent suivre fidèlement leur Seigneur et Sauveur.
Malgré la ruine de la chrétienté, le Seigneur Jésus demeure éternellement le même. En lui tout est sûr et ferme. Dans cette seconde épître à Timothée, nous trouvons par conséquent sept fois l’expression « dans le Christ Jésus » :
1. La vie (ch. 1:1)
2. La grâce qui sauve (ch. 1:9)
3. La foi et l’amour (ch. 1:13)
4. La grâce qui soutient (ch. 2:1)
5. Le salut (ch. 2:10)
6. La vie de piété (ch. 3:12)
7. La foi (ch. 3:15)
2 Timothée 1 : Les souffrances d’un serviteur de Christ
2 Timothée 2 : Les tâches d’un serviteur de Christ
2 Timothée 3 : Les ressources d’un serviteur dans un temps de déclin
2 Timothée 4 : Un serviteur fidèle et un Seigneur fidèle.
3 chapitres
Comme Timothée, Tite était un collaborateur intime de l’apôtre. Paul appelle ce compagnon son « véritable enfant selon la commune foi » (Tite 1:4) : nous pouvons en déduire que Tite a été amené à la foi par le moyen de l’apôtre. De par son âge, il aurait pu être l’enfant de Paul, comme Timothée. Dans la lettre qui lui est adressée (ch. 2:6, 7), Tite est exhorté à se montrer lui-même, à l’intention des jeunes hommes précisément, un modèle de bonnes œuvres (comp. aussi Tite 2:15 avec 1 Tim. 4:12).
En parcourant le livre des Actes des apôtres, le lecteur ne découvre pas une seule mention de Tite parmi les compagnons de Paul. De ce fait très frappant, on a déduit — peut-être à juste titre — que Tite était un frère de Luc, l’auteur des Actes.
De très bonne heure déjà, Tite fut un collaborateur de Paul. Les versets 1 à 10 de Galates 2, rappelant la présence de Paul et de Barnabas à Jérusalem pour le « concile des apôtres », permettent de l’affirmer (comp. Actes 15). Contrairement à ce qui s’était passé avec Timothée, un demi-Juif que Paul avait circoncis à cause des Juifs, le Grec Tite ne dut pas se soumettre à cette contrainte. Ainsi, il était démontré que le chrétien n’est pas subordonné à la loi du Sinaï.
Plus tard, selon le souhait de Paul, Tite travailla un certain temps à Corinthe. Dans cette ville, il remplit avec le plus grand soin le mandat que l’apôtre lui avait confié. Contrairement à Timothée qui était un peu craintif, Tite savait faire preuve d’énergie, inspirant du respect même aux Corinthiens (2 Cor. 7:15).
La lecture de la seconde épître aux Corinthiens permet de découvrir l’estime qu’avait Paul pour Tite. L’apôtre l’appelle « mon frère » (ch. 2:13) ; consolé par Tite (ch. 7:6, 7, 13), Paul loue le grand zèle de ce serviteur (ch. 8:16, 17) ; enfin celui-ci est désigné comme l’associé et le compagnon d’œuvre de l’apôtre auprès des Corinthiens (ch. 8:23).
Nous trouvons une dernière mention de Tite en 2 Timothée 4:10. Paul écrit que ce serviteur s’est rendu en Dalmatie (région côtière de l’ex-Yougoslavie). Ce voyage était certainement motivé par le service du Seigneur. Jusqu’à son délogement, Paul entretint donc une étroite relation avec son enfant dans la foi.
Après sa première captivité, lorsque Paul séjourna dans la région orientale de la Méditerranée, il s’arrêta également en Crète ; l’apôtre laissa Tite sur place avec le mandat de rétablir l’ordre dans l’assemblée où l’on déplorait plusieurs manquements (pour certains érudits, Paul se serait arrêté en Crète, où il aurait laissé Tite, à la fin de son deuxième voyage missionnaire déjà ; l’apôtre se rendait alors par mer à Césarée). Paul écrivit son épître à Tite peu après, vers les années 63-64 apr. J.C.
La première épître à Timothée et celle à Tite ont pour sujet commun le sain enseignement et l’ordre dans l’assemblée, considérée en tant que maison de Dieu. Ces deux lettres ne sont pourtant pas adressées à l’assemblée, mais à des hommes ayant reçu de l’apôtre Paul lui-même un mandat et une autorité. La première épître à Timothée donne la place principale à la doctrine ; l’épître à Tite se rapporte davantage à l’ordre extérieur de la maison de Dieu. Mis à part deux passages (ch. 1:10 et 3:9), on ne trouve guère d’allusions aux faux enseignements dans la lettre envoyée à Tite. C’est pourquoi, dans celle-ci, le style est moins empreint d’émotion que dans le premier message adressé à Timothée.
La doctrine (ou la foi) chrétienne et la marche chrétienne forment un tout indissoluble : ainsi pourrait être résumé, en quelques mots, le contenu de l’épître à Tite. Celle-ci se divise en trois parties, chacune correspondant à l’un des chapitres de la lettre. Ces parties comprennent une section doctrinale, puis les conséquences pratiques qui en résultent.
Dans le premier chapitre, les versets 1 à 4 présentent tout le salut en Christ. Les conducteurs spirituels du peuple de Dieu (comme Tite) doivent toujours garder en vue qu’ils servent, après le Seigneur, ses élus.
Les versets 11 à 14 du chapitre 2 placent devant nous une double apparition : la grâce de Dieu est d’abord apparue en salut à ceux qui étaient perdus ; et bientôt Christ apparaîtra pour la gloire des rachetés. Cette grâce de Dieu enseigne aux chrétiens à mener une vie de piété, c’est-à-dire une vie qui plaise à Dieu.
Le chapitre 3, versets 3 à 7 donne une description de la réception du salut de Dieu par les croyants. Le nouvel ordre de vie qui commence alors constitue le fondement d’une conduite renouvelée.
L’épître à Tite représente un guide pratique pour la vie chrétienne. L’expression « bonnes œuvres », que l’on retrouve six fois, met ce fait en évidence : chapitres 1:16 ; 2:7, 14 ; 3:1, 8, 14.
Voir plus haut, sous « La première épître à Timothée », ses particularités.
Tite 1 : La vérité qui est selon la piété (v. 1) : Les anciens et le sain enseignement
Tite 2 : Ce qui convient au sain enseignement (v. 1) : Les rapports les uns avec les autres
Tite 3 : Prêts à toute bonne œuvre (v. 1) : Devant le monde et dans l’assemblée.
1 chapitre
L’épître de l’apôtre Paul à Philémon est l’une des rares épîtres du Nouveau Testament dont l’authenticité n’a pratiquement jamais été mise en doute. Paul mentionne trois fois son propre nom dans cette lettre, la plus courte qu’il ait écrite (v. 1, 9, 19). Et à deux reprises, de la même manière qu’en rédigeant les autres « épîtres de la captivité » (celles aux Éphésiens, aux Philippiens et aux Colossiens), l’apôtre rappelle sa situation de prisonnier pour Christ.
Philémon n’est mentionné nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. Mais en lisant cette lettre, on peut discerner que l’apôtre Paul connaissait et appréciait ce croyant. Philémon habitait à Colosses. Un fait permet de l’affirmer : Archippe, nommé ici en compagnie de la sœur Apphie et de toute l’assemblée qui se réunissait dans la maison de Philémon, est également cité en Colossiens 4:17. Ce passage (Col. 4:7-9) nous apprend encore qu’Onésime aussi était originaire de Colosses.
Cette épître a été écrite de Rome, en même temps que celle aux Colossiens, au cours des années 61/62 apr. J.C. Dans ces deux lettres, Paul fait allusion à sa captivité. Au moment d’achever ces deux écrits, il transmet des salutations d’Épaphras, de Marc, d’Aristarque, de Démas et de Luc ; en rédigeant l’épître aux Colossiens, l’apôtre informe les croyants de cette ville que Tychique, le porteur de la lettre, sera accompagné d’Onésime.
On a souvent qualifié l’épître à Philémon de « lettre privée ». Mais la mention de l’assemblée qui se réunissait dans la maison du destinataire semble indiquer que même les relations personnelles du chrétien ne peuvent être séparées de la communion des croyants. Ils sont tous membres d’un seul corps (comp. Éph. 4:25). Esclave de Philémon, Onésime avait probablement détourné de l’argent avant de prendre la fuite. Au cours de sa fugue, l’esclave avait rencontré l’apôtre Paul dans la prison de Rome où il était alors incarcéré (Onésime le connaissait peut-être par ouï-dire). Par l’apôtre, Onésime fut amené à la foi au Seigneur Jésus. Pour cette raison, Paul l’appelle « mon enfant » (v. 10). Entre-temps, cet homme était devenu utile à l’apôtre à plusieurs égards (comp. Col. 4:9).
Mais Paul voulait susciter la réparation du tort causé par Onésime à son maître Philémon. Aussi l’apôtre renvoie-t-il Onésime, accompagné de Tychique, à Colosses avec une lettre. Contrairement à ses habitudes, Paul ne fait pas état de la doctrine chrétienne, il ne mentionne pas du tout son apostolat et l’autorité qui s’y rattache. Il ne demande pas non plus la libération d’Onésime, mais il saisit l’occasion pour donner un exemple de cet esprit de grâce et d’amour qui permet à des frères de résoudre entre eux les difficultés pouvant surgir dans les affaires de la vie quotidienne. Cette grâce rend insignifiantes les différences sociales (comp. Col. 3:11) et surmonte les fautes passées (comp. Col. 3:13). Martin Luther a dit de cette épître qu’elle était un exemple magistral de l’amour chrétien.
Dans l’Antiquité, l’esclavage faisait partie intégrante d’un ordre social et étatique bien établi. Considéré comme une « chose », l’esclave était la propriété de son maître, sans restriction aucune. Les peines les plus sévères sanctionnaient les hommes qui, comme Onésime, s’enfuyaient.
De nombreux esclaves se trouvaient parmi les premiers chrétiens ; divers passages du Nouveau Testament le confirment (1 Cor. 7:21-24 ; 12:13 ; Gal. 3:28 ; Éph. 6:5-8 ; Col. 3:22-25 ; 1 Tim. 6:1, 2 ; Tite 2:9, 10). Conséquence du péché de l’homme, l’esclavage ne résultait pas de la volonté de Dieu. Mais la foi au Sauveur Jésus Christ ne libérait pas pour autant les esclaves de la condition souvent pénible qu’ils devaient assumer. Ceux-ci étaient néanmoins exhortés, et spécialement lorsqu’ils se trouvaient sous la domination de maîtres incrédules, à demeurer des témoins fidèles pour Dieu et pour sa grâce, manifestant une vie nouvelle en Christ. Dieu ne veut pas changer le monde par une révolution, mais en retirant des hommes des ténèbres pour les amener à Sa merveilleuse lumière. Dès lors Paul ne remet pas en question l’autorité de Philémon sur Onésime, son esclave. L’auteur de la lettre en appelle au cœur de Philémon (v.15 à 21), et une telle demande a peut-être amené la libération d’Onésime (comp. 1 Cor. 7:20-24).
À deux reprises dans cette épître Paul recourt à un jeu de mot en citant Onésime. En effet, ce nom propre signifie « utile ». Onésime n’avait pas honoré son nom en s’enfuyant de chez son maître Philémon. De surcroît, l’esclave n’était probablement pas parti les mains vides. Après sa conversion, Onésime modifia radicalement son attitude. Paul fait allusion à ce changement au verset 11 par les mots « inutile utile » (en grec : achrestos
— euchrestos
). Au verset 20, s’adressant directement à Philémon, il dit : « Que moi je tire ce profit de toi (en grec : onaimen
) ».
Philémon 1 à 3 : Salutation
Philémon 4 à 7 : Paul loue Philémon
Philémon 8 à 21 : Paul intercède pour Onésime
Philémon 22 à 25 : Conclusion.
13 chapitres
L’épître aux Hébreux est une des plus belles lettres du Nouveau Testament. Dans cet écrit, le Seigneur Jésus Christ occupe la place centrale. Cependant, un tel livre compte aussi parmi les plus difficiles. Pour bien saisir le contenu de l’épître, une connaissance approfondie du service divin judaïque sous l’ancienne alliance s’avère nécessaire.
Débutant sous la forme d’une prédication écrite, le texte de l’épître aux Hébreux se termine de la même façon qu’une lettre. Ni l’auteur, ni les destinataires ne sont mentionnés.
La désignation : « Aux Hébreux » n’apparaît que dans les dernières années du 2e siècle, chez Clément d’Alexandrie (env. 150-215). Comme aucun autre nom ne nous est connu, cette appellation doit remonter à une tradition très ancienne. Mais qui étaient ces Hébreux et où demeuraient-ils ?
On emploie le mot « Hébreux » afin de désigner les Israélites, c’est-à-dire les descendants d’Abraham (comp. Gen. 14:13 ; Phil. 3:5). Toutefois, l’appellation « épître aux Hébreux » n’a pas été donnée à ce texte uniquement en raison de ses nombreuses citations de l’Ancien Testament. Très familiers avec les textes de l’Écriture sainte, les destinataires de la lettre étaient sans doute, selon les propos mêmes de l’auteur, des gens issus du peuple d’Israël. C’est ce que montre l’emploi des expressions : les « pères », les « prophètes » (Héb. 1:1), les « anciens » (Héb. 11:2), comme aussi l’utilisation des noms de Moïse, Josué et Aaron, qui tous appartenaient au peuple d’Israël.
Les destinataires de l’épître étaient toutefois parvenus à la conviction que le chemin divin du salut n’était pas le service de Dieu sous l’ancienne alliance, mais la foi au Seigneur Jésus Christ (Héb. 2:1-4 ; 3:1, 6 ; 4:1, 2, 14-16 ; 6:1-3 ; 10:13-25). En Romains 11:1-5, l’apôtre Paul parle de ces chrétiens comme d’un « résidu selon l’élection de la grâce ». Mais sous une forte pression extérieure, liée aux persécutions dont ils souffraient, ces croyants étaient exposés au danger de s’éloigner du christianisme pour retourner au judaïsme (Héb. 6:4-8 ; 10:26-31). Le risque demeurait particulièrement grand pour les personnes qui avaient bien fait profession de christianisme, mais ne possédaient pas une foi vivante dans le Rédempteur Jésus Christ.
L’épître aux Hébreux est destinée à enseigner, exhorter et encourager les destinataires.
L’auteur de l’épître aux Hébreux ne donne pas son nom. L’ancienne tradition alexandrine attribue la lettre à l’apôtre Paul. Certains faits appuient cette hypothèse : l’auteur connaissait bien Timothée (Héb. 13:23), et Pierre, écrivant aussi à des croyants d’entre les Juifs, mentionne une lettre que Paul leur a fait parvenir (2 Pierre 3:15). Si Paul est l’auteur de l’épître aux Hébreux, on peut comprendre qu’il garde l’anonymat : il était l’apôtre des nations, tandis que Pierre était celui des Juifs (Gal. 2:7, 8).
Il n’en reste pas moins vrai que l’auteur de cette épître n’est pas nommé. Inspiré par le Saint Esprit, ce texte a certainement permis de présenter le Seigneur Jésus seul, en tant qu’apôtre et souverain sacrificateur de notre confession (Héb. 3:1).
De l’épître elle-même, il ressort que les sacrifices de l’ancienne alliance étaient encore offerts dans le temple (ch. 9:6, 7 ; 10:11). Le temple et la ville de Jérusalem furent détruits par le général et futur empereur Titus en 70 apr. J.C. L’auteur de l’épître aux Hébreux ne parle pas de cette destruction. Aussi nombreux sont ceux qui ont déduit que la lettre avait été écrite au cours des années 60 à 70.
Les Hébreux s’étaient convertis au christianisme par la prédication des apôtres. En lisant les premiers chapitres du livre des Actes, nous constatons que des milliers de Juifs étaient venus à la foi. Mais, très vite, les chrétiens furent persécutés par leurs compatriotes incrédules et endurcis (Actes 8:1-3 ; 11:19 ; 12:1-3 ; comp. 1 Thess. 2:14). L’auteur de l’épître aux Hébreux évoque aussi ces persécutions (ch. 10:32-34 ; 12:4-11).
En outre, devenus paresseux, les Hébreux s’étaient découragés (Héb. 5:11 ; 6:12). Déjà, on observait chez eux un certain recul spirituel (ch. 5:12-14). Aussi l’auteur rappelle-t-il à plusieurs reprises la foi et la consécration à Dieu qu’ils avaient manifestées au commencement (ch. 6:10 ; 10:32 ; 13:7).
Non seulement les Hébreux connurent le découragement et l’affaiblissement sur le chemin de la foi chrétienne, mais certains de ces hommes songèrent encore à retourner au judaïsme. C’est pourquoi l’auteur de l’épître les exhorte de nombreuses fois à tenir ferme dans la foi et à persévérer (ch. 2:1 ; 3:6, 14 ; 6:11 ; 10:23, 35, 36 ; 13:7). De plus, on trouve des réflexions très sérieuses sur la destinée des Juifs qui ont fait profession de croire à l’évangile et qui abandonnent ce chemin de la foi : il n’y a pas de grâce pour les âmes qui retournent à leur vie passée sous le judaïsme (ch. 6:4-8 ; 10:26-31).
Cependant, le grand sujet qui demeure au cœur de cette épître est Christ
! D’un bout à l’autre de la lettre, le lecteur suit un fil conducteur qui retrace constamment la supériorité de la pleine manifestation de Dieu en Christ, le Fils de Dieu, le souverain sacrificateur et le médiateur de la nouvelle alliance, sur toutes les révélations, les ordonnances et les personnes de l’Ancien Testament. Christ est plus grand que les prophètes et les anges, plus élevé que Moïse, Josué et Aaron. Le culte israélite avec tous ses sacrifices ne représentait qu’une ombre de la réalité : l’offrande de Jésus Christ faite une fois pour toutes. Souvent, les nombreuses citations de l’Ancien Testament ne sont introduites que pour mettre en évidence le contraste entre l’ancienne et la nouvelle alliance et montrer leur accomplissement en Christ. C’est la raison pour laquelle on peut considérer dans une certaine mesure l’épître aux Hébreux comme le « cinquième évangile », et comme la suite de l’évangile selon Matthieu. Dans ce dernier, Christ est présenté au peuple juif comme celui qui accomplit toutes les prophéties de l’Ancien Testament ; l’épître aux Hébreux place devant les croyants issus du peuple juif Christ et son service dans le ciel, comme étant la substance et l’accomplissement des ordonnances concernant le culte de l’ancienne alliance.
Sous plusieurs aspects, des différences sont observables entre l’épître aux Hébreux et les autres lettres du Nouveau Testament : dans le texte qui nous occupe ici, Dieu n’est pas appelé le Père
des croyants (au chapitre 12:7 et 9, il s’agit d’une application imagée), et on ne trouve aucune allusion à la position des croyants en Christ
. Ceux-ci sont considérés comme hommes sur la terre ; par l’œuvre de Christ, les fidèles jouissent d’un libre accès auprès de Dieu et d’un appel céleste. Ainsi, cette lettre peut être reconnue en tant qu’« épître du désert ». Dans l’Ancien Testament, elle a son pendant avec le livre du Lévitique, où nous voyons le peuple d’Israël racheté, dans le désert, pouvant s’approcher de Dieu. Le passage central (Lév. 16), qui décrit le grand jour des expiations, est expliqué et trouve son accomplissement en Hébreux 9 et 10 par l’œuvre de Christ à la croix. Le temple de Jérusalem n’est pas mentionné dans l’épître aux Hébreux, mais en revanche, nous y lisons le mot « tabernacle » : ce terme désigne d’une part la tente d’assignation dans le désert (ch. 9:2, 21), d’autre part, sous une forme imagée, les ordonnances pour le service divin juif (ch. 9:8 ; 13:10). Pourtant, dans deux passages (ch. 8:2 et 9:11), le mot « tabernacle » se rapporte au sanctuaire céleste.
Aucune des lettres du Nouveau Testament ne nous invite aussi souvent que l’épître aux Hébreux à porter nos regards sur le Seigneur Jésus :
Nous citons ici quelques-unes des notions, parmi les plus importantes et les plus fréquemment employées de l’épître aux Hébreux, afin d’en faciliter la compréhension :
Consommer
: Ch. 2:10 ; 5:9 ; 7:28 ; 12:2, 23
Rendre parfait : Ch. 9:9 ; 10:1, 14
Amener à la perfection : Ch. 7:19
Parvenir à la perfection : Ch. 11:40
Homme fait/état d’homme fait : Ch. 5:14 ; 6:1
Perfection : Ch. 7:11
Parfait : Ch. 9:11
Consommateur : Ch. 12:2
Éternel
: Ch. 5:9 ; 6:2 ; 9:12, 14, 15 ; 13:20
Pour l’éternité : Ch. 5:6 ; 6:20 ; 7:17, 21, 28
Aux siècles des siècles : Ch. 1:8 ; 13:21
Éternellement : Ch. 7:24 ; 13:8
Meilleur
: Ch. 6:9 ; 7:19, 22 ; 9:23 ; 10:34 ; 11:16, 35, 40
Plus excellent : Ch. 1:4 ; 7:7 ; 8:6
Mieux : Ch. 12:24
Sanctifier
: Ch. 2:11 ; 9:13 ; 10:10, 14, 29 ; 13:12
Saint : Ch. 3:1 ; 6:10 ; 13:24
Sainteté : Ch. 12:10, 14
Tabernacle
: Ch. 8:2 ; 9:2, 3, 8
Sanctuaire : Ch. 9:1
Lieux saints : Ch. 9:12, 24, 25 ; 10:19 ; 13:11
1. Chapitre 1:1-14 : Christ, le Fils de Dieu
1re parenthèse : ch. 2:1-14 : Exhortation à porter de l’attention à la parole de Dieu
2. Chapitre 2:5-18 : Christ, le Fils de l’homme
2e parenthèse : ch. 3:1 à 4:13 : Exhortation à croire
3. Chapitres 4:14 à 5:10 : Christ, le souverain sacrificateur
3e parenthèse : ch. 5:11 à 6:20 : Exhortation à croître
4. Chapitre 7:1-28 : Christ, le souverain sacrificateur (suite)
1. Chapitre 8:1-13 : Christ, le médiateur de la nouvelle alliance
2. Chapitre 9:1-12 : Christ dans les lieux saints
3. Chapitres 9:13 à 10:18 : Christ, le parfait sacrifice
1. Chapitre 10:19-36 : Exhortation à tenir ferme
2. Chapitres 10:37 à 11:40 : Les témoins de la foi de l’Ancien Testament
3. Chapitre 12:1-17 : Exhortation à la patience
4. Chapitre 12:18-29 : La sainteté de Dieu
5. Chapitre 13:1-7 : Diverses exhortations
6. Chapitre 13:8-12 : Christ, toujours le même
7. Chapitre 13:13-16 Exhortation à marcher à sa suite
8. Chapitre 13:17-25 : Diverses exhortations et conclusion.
5 chapitres
Depuis Origène (env. 185-254), un des Pères de l’Église, la dénomination « épîtres catholiques
» est utilisée pour sept livres du Nouveau Testament : l’épître de Jacques, les deux épîtres de Pierre, les trois de Jean et celle de Jude. L’expression choisie signifie que les épîtres en question ne concernent pas une église ou des croyants déterminés, ni une personne particulière, mais qu’elles sont adressées aux croyants en général (catholique
= « universel »). Une telle désignation n’est cependant pas tout à fait justifiée. En effet, nous trouvons des « adresses » précises pour l’épître de Jacques, la première épître de Pierre et les deuxième et troisième épîtres de Jean.
L’épître de Jacques commence de la manière suivante : « Jacques, esclave de Dieu et du Seigneur Jésus Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut ! »
Au commencement du livre des Actes des apôtres, le lecteur découvre un tableau des premiers temps de l’Église, quand celle-ci n’était constituée encore que de Juifs (Actes 2 à 8 ; 11:19). Il apparaît que ces chrétiens issus de milieux judaïques ne s’étaient pas d’emblée séparés radicalement de leurs compatriotes incrédules ; les rencontres se déroulaient dans les synagogues et la loi était toujours observée (comp. Actes 15:1, 5 ; 21:20). L’épître de Jacques est adressée à ce groupement encore mélangé de Judéo-chrétiens et de Juifs. Quand Jacques écrit « frères » (par ex. ch. 1:2 ; 2:1 ; 3:1 ; 4:11 ; 5:7), il pense aux croyants parmi eux, à ceux qui possèdent la foi de notre Seigneur Jésus Christ, Seigneur de gloire. Mais lorsqu’il mentionne les « pécheurs » (ch. 4:8) et les « riches » (ch. 2:5, 6 ; 5:1), ces allusions concernent des Israélites incrédules.
En écrivant « aux douze tribus qui sont dans la dispersion », l’auteur de cette épître considère l’ensemble des Israélites, croyants ou incrédules. Lors du retour de la captivité babylonienne sous la direction de Zorobabel, Esdras et Néhémie, une grande partie du peuple d’Israël n’était pas rentrée en Palestine, mais s’était répandue dans le monde entier. Pourtant, la pensée de l’ensemble des douze tribus du peuple terrestre de Dieu est toujours demeurée vivante parmi les Israélites pieux, même après la division du royaume sous Roboam. Le prophète Élie éleva un autel avec douze pierres « selon le nombre des tribus des fils de Jacob » (1 Rois 18:31). Daniel pria pour « tout Israël » : son intercession ne concernait pas seulement Juda (Dan. 9:7) ; Esdras offrit douze boucs comme sacrifice pour le péché, « selon le nombre des tribus d’Israël » (Esdras 6:17) ; Paul enfin, évoquant Israël devant le roi Agrippa, mentionne « nos douze tribus » (Actes 26:7). Jacques, lui aussi, considère le peuple de la même façon que Dieu. D’autres auteurs, en revanche, tels que celui de l’épître aux Hébreux et Pierre dans sa première épître, s’adressent aux seuls Juifs qui ont reçu le Seigneur Jésus par la foi. Ceux-ci appartiennent, par conséquent, au résidu croyant « selon l’élection de la grâce » (Rom. 11:5) de la période actuelle.
Parmi les quatre personnes nommées Jacques dans le Nouveau Testament, beaucoup désignent le frère du Seigneur comme l’auteur le plus probable de l’épître (comp. Marc 6:3). Incrédules au début, Jacques, Joses, Simon et Jude figurent au nombre de ceux qui crurent au Seigneur après sa résurrection (Jean 7:3-5 ; Actes 1:14 ; 1 Cor. 15:7). Lorsque Paul monta pour la première fois à Jérusalem, il ne vit aucun des apôtres, « sinon Jacques le frère du Seigneur » (Gal. 1:19). Après la mort de l’apôtre Jacques, on voit son homonyme, le frère de Jésus, occuper une position particulière parmi les croyants à Jérusalem : les paroles de Pierre en Actes 12:17 le confirment. En Galates 2:9, Paul nomme Jacques avec Pierre et Jean. L’apôtre parle des trois hommes comme étant des colonnes de l’assemblée. La position prépondérante de Jacques est encore constatée en Actes 15:13 et 21:18.
Comme son frère Jude, auteur de l’épître du même nom, Jacques fait montre d’une grande humilité. Il ne se nomme pas ici frère, mais esclave du Seigneur Jésus Christ (Jacq. 1:1).
L’épître de Jacques est adressée à des Israélites qui avaient cru au Seigneur Jésus et à d’autres personnes dont la foi n’avait pas encore été manifestée — une telle situation, en Palestine principalement, était typique des premiers temps de l’église chrétienne. De même que, dans l’Ancien Testament, le livre de Jonas représente une exception, en ce que le message du prophète est destiné à des païens, l’épître que nous étudions ici a aussi un caractère exceptionnel : Dieu, dans sa grâce, s’adresse à son peuple terrestre, Israël.
À la différence de la plupart des épîtres du Nouveau Testament, celle de Jacques n’offre pas un plan logique bien structuré. Le lecteur trouve beaucoup d’exhortations différentes (54 des 108 versets sont présentés à la forme impérative).
Elles ont pour objet un comportement juste dans les épreuves de la foi, lorsqu’il s’agit de parler, dans les relations avec son prochain ou avec le monde, et dans les souffrances. La foi (mentionnée 16 fois) et les œuvres (15 fois) constituent en quelque sorte le fil conducteur qui traverse toute l’épître.
Par ce changement continuel de sujets, l’épître de Jacques fait un peu penser aux livres de l’Ecclésiaste et des Proverbes dans l’Ancien Testament, ou encore à ce qu’on appelle le Sermon sur la montagne en Matthieu 5 à 7.
Présente dans la plupart des autres épîtres, celles de Paul en particulier, la base doctrinale n’est en revanche pas abordée dans l’épître de Jacques. Ainsi, on ne trouve aucun élément concernant l’œuvre expiatoire de Christ, la position des chrétiens devant Dieu, la doctrine de l’assemblée de Dieu, le corps de Christ. Pourtant, la vérité chrétienne sert de fondement à l’épître : Dieu — en tant que Père, Fils et Saint Esprit — s’est révélé (ch. 1:1, 27 ; 2:19 ; 4:5) ; par la parole de Dieu, le nouvel homme a été engendré (ch. 1:18) ; Jésus Christ est notre Seigneur (ch. 1:1), celui en qui nous croyons (ch. 2:1), et sa venue est proche (ch. 5:7, 8). De même, le croyant sait que le Saint Esprit demeure en lui (ch. 4:5).
Jacques parle peu du Seigneur Jésus. Il ne mentionne que deux fois Son nom (ch. 1:1 ; 2:1). Mais on peut dire que Jacques parle souvent comme
le Seigneur. Les ressemblances qui existent entre le texte de l’épître et le Sermon sur la montagne ont déjà été relevées. Dans ses discours aussi, le Seigneur s’adressait souvent à un auditoire mélangé de Juifs croyants et incrédules ; il exposait devant eux quel devait être le contenu d’une foi pratique. L’épître de Jacques a donc une portée très concrète et le lecteur trouve des exhortations à vivre une vie de foi dans la pensée de Christ. Une telle vie est caractérisée par les bonnes œuvres. En ce sens, Jacques ne contredit pas Paul, mais complète les écrits de l’apôtre.
Une contradiction apparente existe entre la « doctrine de la justification » telle que Jacques la décrit et l’exposé de Paul contenu dans les épîtres aux Romains et aux Galates. Martin Luther en particulier a rencontré beaucoup de difficultés à cet égard. Lorsque Paul parle de la justification par la foi en Romains 3:28 ; 5:1 et en Galates 2:16, il se réfère à la relation de l’homme avec Dieu. Personne ne peut être justifié devant Dieu par des bonnes œuvres ou des œuvres de loi. Pécheur, l’homme ne peut accomplir aucune bonne œuvre devant Dieu. La foi au Seigneur Jésus constitue l’unique chemin de la justification devant Dieu. Cette justification correspond à une déclaration de justice de la part de Dieu.
En présentant la justification par les œuvres, Jacques examine un tout autre aspect (ch. 2:21, 24). Il ne considère pas le pécheur, mais le croyant ; sous ce rapport, les œuvres ne sont pas des œuvres de loi, mais des actes de foi. La justification n’est pas devant Dieu, elle se trouve devant les hommes. Ces œuvres résultent de la foi. Si les vraies bonnes œuvres n’existent pas sans la foi, il n’y a pas non plus de vraie foi sans les œuvres. Paul considère notre position, Jacques, notre pratique.
Comparaisons entre l’épître de Jacques et l’évangile selon Matthieu :
Jacques | Matthieu |
Chapitre | Chapitre |
1:2 | 5:10-12 |
1:4 | 5:48 |
1:5 | 7:7 |
1:6 | 21:21 |
1:9 | 5:3 |
1:20 | 5:22 |
1:22 | 7:21, 24 |
2:8 | 22:39 |
2:10 | 5:19 |
2:13 | 5:7 ; 6:14, 15 |
2:14 | 7:21, 23 |
3:17, 18 | 5:9 |
4:4 | 6:24 |
4:10 | 5:5 |
4:11 | 7:1-5 |
5:2, 3 | 6:19 |
5:8 | 24:33 |
5:10 | 5:12 |
5:12 | 5:33-37 |
1. Jacques 1:1 : Salutation
2. Jacques 1:2-18 : Foi et attaques
3. Jacques 1:19 à 2:26 : Foi et œuvres
4. Jacques 3:1-18 : Foi et paroles
5. Jacques 4:1 à 5:6 : Le cœur partagé
6. Jacques 5:7-20 : Patience et espérance.
5 chapitres
L’auteur de l’épître se présente de la façon suivante : « Pierre, apôtre de Jésus Christ » (ch. 1:1). Le vrai nom de ce serviteur était Simon (de l’hébreu Siméon : « entendu »). Le nom Pierre (en grec : « pierre », en araméen : Céphas
) fut donné à l’apôtre par le Seigneur Jésus (Jean 1:41, 42). Pierre figura parmi les premiers disciples du Seigneur (Marc 1:16-18). Originaire de Bethsaïda (Jean 1:44), mais vivant à Capernaüm (Marc 1:21, 29), il exerçait le métier de pêcheur. Il était marié et plus tard, comme apôtre, il emmena sa femme avec lui au cours de ses voyages (Marc 1:30 ; 1 Cor. 9:5). Par le moyen de son frère André, Pierre rencontra le Seigneur ; avec Jacques et Jean, il devait constituer le cercle le plus intime des disciples de Jésus (Jean 1:42 ; Marc 5:37 ; Matt. 17:1 ; 26:37). Dans les quatre listes des apôtres, Pierre est nommé le premier (Matt. 10:2 ; Marc 3:16 ; Luc 6:14 ; Actes 1:13).
Doté d’une forte personnalité, dévoué totalement à son Seigneur, Pierre éprouva pourtant plus d’une humiliation, en raison de son zèle impulsif (Matt. 14:28-31 ; 16:16-23 ; 26:33, 34 ; Jean 18:10, 11). Lorsqu’il renia son maître, qui se trouvait alors devant ses accusateurs, Simon connut la plus grave chute de sa vie (Luc 22:54-62). Mais après la résurrection, le Seigneur rencontra personnellement Pierre (Luc 24:34 ; 1 Cor. 15:5) ; puis ils eurent un entretien public (Jean 21:15-22), au cours duquel le Seigneur renouvela, en le complétant, le mandat qu’il avait confié autrefois à son disciple (comp. Matt. 16:19 ; Luc 22:32).
Dans la première partie des Actes des apôtres (ch. 1 à 12), Pierre est le principal instrument employé par le Saint Esprit pour répandre l’évangile, parmi les Juifs (Actes 2), les Samaritains (Actes 8) et aussi les Gentils (Actes 10). Mais il avait reçu avant tout « l’apostolat de la circoncision », comme nous le voyons en Galates 2:7-9, c’est-à-dire le ministère destiné aux Juifs. Aussi, pendant les années qui suivirent, l’apôtre exerça son service dans différentes régions, principalement parmi ses compatriotes. Toutefois, nous ne possédons que peu de détails sur le déroulement de son activité à cette époque. Les deux épîtres dont Pierre est l’auteur constituent les ultimes témoignages à l’égard de ce serviteur.
Selon une tradition ancienne, Pierre aurait passé les dernières années de sa vie à Rome, où il serait mort en martyr.
Cependant, aucune preuve n’existe à ce sujet. Paul, qui a écrit plusieurs de ses épîtres de Rome, ne mentionne jamais Pierre. En 2 Timothée 4:11, signalant d’abord la seule présence de Luc auprès de lui, l’apôtre des nations constate : « Dans ma première défense (c’est-à-dire : comparution devant les tribunaux), personne n’a été avec moi, mais tous m’ont abandonné » (v. 16). Pierre aurait-il compté parmi ces « tous » ? C’est inconcevable.
Pierre lui-même indique Babylone comme étant son lieu de séjour lorsqu’il dit : « Celle qui est élue avec vous à Babylone, vous salue » (ch. 5:13). Pierre parle ici très certainement de sa propre femme, qu’il emmenait, selon 1 Corinthiens 9:5 (comp. 2 Jean 1 et 13), avec lui, à l’occasion de ses voyages.
Un passage du livre des Actes (ch. 2:9) mentionne notamment la présence de Juifs de Mésopotamie. Par conséquent, des croyants se trouvaient très vraisemblablement à Babylone. Apôtre de la circoncision, Pierre les visitait. Il écrivit son épître dans ce lieu.
La première épître de Pierre est adressée « à ceux de la dispersion, du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie » (ch. 1:1). Toutes ces régions étaient situées au centre et au nord de l’Asie mineure, c’est-à-dire à l’intérieur des frontières de la Turquie actuelle.
Contrairement à l’épître aux Romains par exemple, la première épître de Pierre n’est pas adressée à tous les croyants domiciliés dans un endroit particulier. Pierre ne donne pas non plus un message aux assemblées d’une région, à la façon de Paul quand il rédige l’épître aux Galates. Les croyants « de la dispersion » (ch. 1:1, 17 ; 2:11) étaient des Juifs qui avaient été amenés à la foi au Seigneur Jésus. De ce fait, ils pouvaient être considérés à double titre comme étrangers : en effet, en tant que Juifs de la dispersion, ils vivaient en dehors de leur pays, la Palestine ; de plus, comme chrétiens, ils avaient reçu, par la foi, une espérance vivante, céleste. Apôtre de la circoncision, Pierre était chargé d’un mandat particulier, celui d’apporter aux Juifs le message de la grâce et du salut de Dieu en Christ. Tel est le contenu de la lettre qui nous occupe.
Le Seigneur Jésus n’avait pas seulement remis à Pierre les clés du royaume des cieux. Il lui avait également donné le mandat de paître le troupeau et d’en prendre soin (Jean 21). Pierre devait encore fortifier ses frères (Luc 22:32). Dans l’épître, l’exécution de ces tâches est présentée en quatre étapes :
Homme pratique, Pierre s’occupe davantage de la marche que de la doctrine, bien que celle-ci soit partout sous-jacente. Il parle toujours du Seigneur Jésus comme de la personne que nous devons contempler. Christ a laissé pour les siens un exemple à suivre. (Ch. 1:11, 19, 20 ; 2:4, 21-25 ; 3:18-22 ; 4:1.)
Le thème des « souffrances » se trouve dans toute l’épître. Pierre rappelle plusieurs fois les souffrances de Christ : chapitres 1:11 ; 2:21 ; 4:1 ; 5:1. Mais l’apôtre exhorte aussi à la patience dans les souffrances. Il ne pense pas au côté officiel des persécutions qui allaient bientôt commencer, sous les règnes de plusieurs empereurs romains, et dont furent victimes les chrétiens. Pierre considère plutôt :
Mais Pierre place aussi devant ses lecteurs la gloire à venir qui suit ces souffrances. Toutefois l’enlèvement des croyants dans la maison du Père ne constitue pas le sujet de l’apôtre. Conformément au caractère de cette épître qui présente le royaume de Dieu, nous découvrons plutôt la manifestation de la gloire de Christ, à sa venue sur la terre, au début du Millénium (ch. 1:7 ; 4:13 ; 5:4).
Les versets 12 et 13 du chapitre 4 peuvent être considérés comme un passage clé : « Bien-aimés, ne trouvez pas étrange le feu ardent qui est au milieu de vous, qui est venu sur vous pour votre épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire ; mais, en tant que vous avez part aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi, à la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec transport. »
Différentes notions importantes de cette épître ont déjà été signalées. Nous donnons ci-dessous un bref tableau des principaux mots clés :
Souffrances/souffrir (15 fois) :
ch. 1:11 ; 2:19, 20, 21, 23 ; 3:14, 17, 18 ; 4:1 (2x), 13, 15 ; 5:1, 9, 10.
Gloire/glorifier (14 fois) :
ch. 1:7, 8, 11, 21, 24 ; 2:12 ; 4:11 (2x), 13, 14, 16 ; 5:1, 4, 10.
Conduite/se conduire (7 fois) :
ch. 1:15, 17, 18 ; 2:12 ; 3:1, 2, 16.
L’unique passage du Nouveau Testament, dans lequel le terme « chrétien » est employé par un croyant, se trouve en 1 Pierre 4:16. Mis à part ce verset, le nom revient encore deux fois dans le Nouveau Testament. Mais il est alors prononcé par des incrédules (Actes 11:26 ; 26:28).
1. Pierre 1:1, 2 : Salutation
2. 1 Pierre 1:3 à 2:10 : Bénédictions et privilèges des élus de Dieu
3. 1 Pierre 2:11 à 3:12 : Relations des croyants en tant qu’étrangers dans le monde
4. 1 Pierre 3:13 à 4:19 : Consolation et espérance dans les souffrances pour Christ
5. 1 Pierre 5:1-11 : Troupeau et berger
6. 1 Pierre 5:12-14 : Conclusion.
3 chapitres
En commençant la rédaction de sa lettre, l’auteur de la seconde épître de Pierre se présente comme « Siméon Pierre, esclave et apôtre de Jésus Christ ». Siméon est la transcription hébraïque-araméenne du nom Simon ; Jacques se sert de cette dénomination en Actes 15:14. Sachant que sa mort est proche (ch. 1:14), Pierre se souvient de l’annonce faite par le Seigneur Jésus en Jean 21:18, 19. Il mentionne en outre sa présence parmi les trois témoins oculaires de la transfiguration de Christ sur la montagne (comp. Luc 9:27-36). Pierre connaît et apprécie les épîtres de l’apôtre Paul qu’il appelle « notre bien-aimé frère Paul » (ch. 3:15). Il précise enfin que cette lettre est la seconde qu’il adresse aux mêmes destinataires (ch. 3:1). Tous ces éléments confirment que Pierre est bien l’auteur de cette épître.
Pierre a rédigé cette lettre pour mettre les croyants en garde
On trouve dans cette épître la venue du royaume du Seigneur Jésus Christ et la certitude qui s’y rapporte. C’est pourquoi Pierre mentionne la transfiguration de Christ sur la montagne : elle confirme les déclarations des prophètes de l’Ancien Testament (ch. 1). Mais, avant l’établissement de ce royaume, la ruine de la chrétienté, déjà amorcée à l’époque de Pierre, doit avoir atteint son paroxysme. Le lecteur trouve une description sans complaisance de cette déchéance dans le chapitre 2. À la différence de l’épître de Jude, où l’auteur traite l’apostasie de la chrétienté, le mal se présente ici davantage sous la forme de fausses doctrines. Au chapitre 3, la négation de la venue de Christ vient s’ajouter ; celle-ci est basée sur une vision erronée du monde, selon laquelle rien n’a changé au cours de l’histoire. Pierre profite de ces affirmations trompeuses pour diriger les regards sur l’éternité, au-delà du « jour du Seigneur » et du royaume. Possédant ces certitudes inébranlables, les croyants devraient croître dans la grâce et la connaissance de Jésus Christ. Par ailleurs, les voies gouvernementales de Dieu en justice s’exerceront aussi à l’égard des incrédules.
La seconde épître de Pierre est également un appel au souvenir. L’apôtre en parle trois fois dans les versets 12 à 15 du chapitre 1, en évoquant la bonne doctrine et sa mise en pratique. Dès le chapitre 3 (versets 1-3), Pierre rappelle aux croyants les paroles des prophètes de l’Ancien Testament et des apôtres du Nouveau Testament. Au verset 15, l’auteur cite les écrits de Paul.
Des références à l’Ancien Testament sont aussi fréquemment utilisées : chapitres 1:19-21 ; 2:4, 6, 15, 22 ; 3:2, 5, 6, 8, 16.
En faisant un parallèle entre le chapitre 2 de cette seconde épître de Pierre et l’épître de Jude, on peut observer un certain nombre de déclarations semblables. Ces similitudes ont conduit les lecteurs à tirer diverses conclusions. Selon l’opinion la plus largement répandue aujourd’hui, Pierre aurait copié l’épître de Jude, écrite plus tôt, en évitant certaines « faiblesses ». Toutefois, en comparant les passages mis en cause, on peut discerner les intentions des auteurs. Ils ont traité des sujets identiques, mais à des points de vue différents. Par conséquent, Pierre n’a pas agi sous la dépendance de Jude ou réciproquement.
2 Pierre 2 | Jude |
Verset 4 : Car, si Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché, mais, les ayant précipités dans l’abîme, les a livrés pour être gardés dans des chaînes d’obscurité pour le jugement… | Verset 6 : … et qu’il a réservé dans des liens éternels, sous l’obscurité, pour le jugement du grand jour, les anges qui n’ont pas gardé leur origine, mais qui ont abandonné leur propre demeure… |
Verset 6 : … réduisant en cendres les villes de Sodome et de Gomorrhe, il les a condamnées par une totale subversion, les établissant pour être un exemple… | Verset 7 : … comme Sodome et Gomorrhe, et les villes d’alentour, s’étant abandonnées à la fornication de la même manière que ceux-là, et étant allées après une autre chair, sont là comme exemple, subissant la peine d’un feu éternel… |
Verset 13 : … estimant plaisir les voluptés d’un jour ; — des taches et des souillures, s’abandonnant aux délices de leurs propres tromperies tout en faisant des festins avec vous… | Verset 12 : Ceux-ci, ils sont des taches dans vos agapes, faisant des festins avec vous sans crainte, se repaissant eux-mêmes… |
Verset 15 : … ils se sont égarés, ayant suivi le chemin de Balaam, fils de Bosor, qui aima le salaire d’iniquité ; mais il fut repris de sa propre désobéissance… | Verset 11 : … ils… se sont abandonnés à l’erreur de Balaam… |
Verset 17 : Ce sont des fontaines sans eau et des nuages poussés par la tempête, des gens à qui l’obscurité des ténèbres est réservée pour toujours… | Verset 12 : … nuées sans eau, emportées par les vents… |
En 2 Pierre 3:15, 16, en écrivant : « …ainsi qu’il (Paul) le fait aussi dans toutes ses lettres…, que les ignorants et les mal affermis tordent, comme aussi les autres écritures, à leur propre destruction », l’auteur met les écrits de l’apôtre Paul sur le même plan que « les autres écritures » (c’est-à-dire les textes de l’Ancien Testament). Le canon de l’Ancien Testament était établi depuis longtemps. C’était « les écritures » (Luc 24:32, 45 ; Jean 5:39). Le Saint Esprit, qui avait inspiré les écrivains des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, agissait dans les destinataires ou les lecteurs pour qu’ils reconnaissent ces textes comme venant de Dieu. Nous le constatons aussi ici chez Pierre. De la même manière, en 1 Timothée 5:18, l’apôtre Paul introduit à la fois un passage de l’Ancien Testament (Deut. 25:4) et un verset du Nouveau (Luc 10:7), en utilisant ces mots : « Car l’écriture dit ». Ces deux exemples montrent clairement que le rassemblement des écrits du Nouveau Testament avait déjà commencé à cette époque, et que ces écrits, comme ceux de l’Ancien Testament, étaient considérés comme autorité divine.
1. 2 Pierre 1:1, 2 : Salutation
2. 2 Pierre 1:3-11 : Exhortation à la croissance spirituelle
3. 2 Pierre 1:12-21 : La parole prophétique
4. 2 Pierre 2:1-22 : Mise en garde contre les faux docteurs
5. 2 Pierre 3:1-13 : L’avenir
6. 2 Pierre 3:14-18 : Exhortations finales.
5 chapitres
Le nom de l’auteur de cette épître n’est pas mentionné. Toutefois, personne n’a jamais mis sérieusement en doute la paternité de l’apôtre Jean, qui fut également rédacteur du quatrième évangile. Ces deux écrits sont très proches l’un de l’autre par le contenu, le style et la langue. En lisant le début de la première épître de Jean, nous découvrons déjà quelques points communs avec les premiers versets de l’évangile du même nom. Des notions telles que la lumière
et les ténèbres
, la vie
et la mort
, la vérité
et le mensonge
, comme aussi le Fils unique
, se retrouvent dans les deux livres.
L’auteur se présente comme un témoin oculaire de la vie de Jésus (ch. 1:1-3). Jean s’exprime avec l’autorité d’un conducteur spirituel âgé et reconnu. Mises en rapport avec le contenu du quatrième évangile (cf. « L’évangile selon Jean »), ces données confirment que la même personne a également écrit l’épître.
D’autre part, les destinataires de l’épître ne sont pas nommés. Comme l’épître de Jude, celle de Jean concerne tous les croyants. Le lecteur est frappé par l’emploi fréquent des expressions « enfants » (ch. 2:1, 12, 28 ; 3:7, 18 ; 4:4 ; 5:21 ; en grec, teknion
: littéralement « cher enfant ») et « petits enfants » (ch. 2:13, 18 ; en grec, paidion
: « petit enfant »). On trouve en outre une troisième expression, qui rappelle la relation d’enfant avec Dieu (ch. 3:1, 10 ; 5:2 ; en grec, tekna
theou
: « enfants de Dieu »).
Le propos, comme celui de Jacques, ne suit pas une ligne de pensée évidente, logique, progressive. L’apôtre Jean reprend volontiers à plusieurs reprises ses différents thèmes principaux (la vie éternelle, l’amour fraternel, la justice pratique). Il utilise un langage très simple, empreint d’une gravité solennelle.
Jean souligne l’immutabilité et la sûreté du message chrétien en répétant fréquemment l’expression « dès le commencement
» (ch. 1:1 ; 2:7, 13, 14, 24 ; 3:11 ; comp. 2 Jean 5 et 6). L’assurance personnelle de la foi est mise en évidence par l’emploi multiplié des mots : « nous savons
» ou « nous connaissons
» (ch. 2:3, 5, 18, 20, 21, 29 ; 3:2, 5, 14, 15 ; 5:2, 13, 15, 18, 19, 20).
Il ressort de l’épître que vers la fin du 1er siècle, des faux docteurs s’infiltraient parmi les chrétiens : ils niaient que le Christ était Fils de Dieu (ch. 2:18-23), ne reconnaissaient pas que le Fils éternel était devenu homme (ch. 4:1-3) et jugeaient inutile une vie de foi dans la justice et l’amour fraternel. Ces atteintes à la christologie et à l’éthique chrétienne constituèrent les premiers degrés d’un gnosticisme qui allait se développer au cours du 2e siècle sous différentes formes. Jean nomme ces ennemis de la foi chrétienne des « antichrists » (ch. 2:18 ; 4:3). De telles personnes sont, en quelque sorte, des précurseurs du grand adversaire de Christ qui paraîtra lors du temps de la fin, après l’enlèvement de l’assemblée (comp. 2 Thess. 2 ; Apoc. 13:11ss ; 19:20).
Face à ces attaques dirigées contre la foi chrétienne, Jean présente les éléments du salut : Fils éternel de Dieu, lui-même la vie éternelle, Christ est venu offrir aux hommes qui croient en lui la vie éternelle et la qualité d’enfants de Dieu. L’apôtre expose simultanément les critères qui permettent de reconnaître si quelqu’un possède véritablement la vie de Dieu. Le but de l’épître est exprimé au chapitre 5:13, par ces mots : « Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. »
Dans son évangile, Jean décrit la manifestation de la vie éternelle en Christ, la Parole devenue chair. Dans sa première épître, l’apôtre présente la manifestation de cette vie en ceux qui croient au Fils de Dieu ; et aussi les signes caractéristiques de cette vie dans sa réalisation pratique dans les croyants : la justice et l’amour fraternel. On a pu dès lors affirmer, à juste titre, que cette lettre était une suite de l’évangile selon Jean (des chapitres 1 à 19 en particulier). À la différence de l’apôtre Paul, Jean ne décrit pas la position du croyant en Christ ni les privilèges de l’Assemblée (ekklesia) de Dieu ; il présente la vie éternelle dans les enfants de Dieu et les relations au sein de la famille de Dieu.
Par conséquent, Jean n’entrevoit aucune position intermédiaire entre la lumière et les ténèbres, la vérité et le mensonge, la vie et la mort. Cette manière abstraite de considérer les choses et de les présenter crée des difficultés à de nombreux lecteurs. Ils ne peuvent l’harmoniser avec leurs expériences pratiques. Par exemple, quand Jean écrit : « Quiconque demeure en lui ne pèche pas ; quiconque pèche ne l’a pas vu, ni ne l’a connu » (ch. 3:6), il ne décrit pas la vie pratique de chaque chrétien pris individuellement ; celle-ci, hélas ! ne corrobore souvent en rien ce verset. Jean expose plutôt des principes divins (voir ci-après « La logique divine » de Jean).
Jean présente encore des pierres de touche utiles pour la vie pratique des chrétiens, quand ils sont assaillis par les faux docteurs. L’apôtre introduit souvent de tels éléments par ces mots : « Si nous disons… » (ch. 1:6, 8, 10 ; 2:4, 9 ; 4:20). La profession des lèvres ne suffit pas. La pratique de notre vie de foi doit être en accord avec cette profession. Car seul le comportement permet de s’assurer de l’authenticité d’une confession. Par cette épître, Jean veut donc fortifier dans sa foi le croyant le plus simple, et lui donner un fondement divin sûr, ainsi qu’une arme efficace pour le combat contre les fausses doctrines. Nous trouvons, résumés, le sujet et le contenu de cette épître en lisant les versets 11 et 12 du chapitre 5 : « Et c’est ici le témoignage : que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils : Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. »
Devant la nature très absolue de quelques déclarations présentées dans l’épître, le lecteur est parfois confronté à des difficultés. Elles disparaissent quand on comprend leur « logique divine ». Citons par exemple : « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché » (ch. 3:9). En fait, s’ils pensent à leur vie pratique, tous les croyants éprouvent des difficultés à la lecture de ce verset. Pourtant, il y a une logique dans ce que dit l’apôtre. Son affirmation n’a nullement en vue un signe caractéristique particulier de l’état pratique du chrétien ; c’est bien plutôt une déclaration de principe sur la nature d’un homme né de Dieu et, par conséquent, rendu capable de mener une vie selon Dieu. Les deux parties de cette phrase ont, du point de vue de Dieu, des contenus absolument identiques.
Les deux exemples suivants expliquent bien cette logique :
1. « Quiconque est mort ne peut pas parler. » La seconde partie de la phrase ne donne qu’un des divers indices de la mort, de sorte que l’inversion des propositions donnerait la phrase absurde : « Quiconque ne peut pas parler est mort » !
2. « Quiconque est pauvre ne possède rien. » Dans ce cas, les deux parties de la phrase ont des contenus identiques ; le fait qu’on puisse les inverser le prouve : « Quiconque ne possède rien est pauvre. »
Les affirmations difficiles présentées dans la première épître de Jean font toutes partie de la seconde catégorie. Les deux parties des phrases sont identiques quant au contenu et peuvent donc être inversées, car il s’agit de principes divins.
Les deux déclarations suivantes, qui mettent en évidence l’essence divine, se trouvent uniquement dans la première épître de Jean : « Dieu est lumière » (ch. 1:5) et « Dieu est amour » (ch. 4:8, 16). Le premier passage parle de la sainteté, de la vérité et de la justice de Dieu, le second de sa grâce et de sa miséricorde. Ces deux traits divins, la lumière et l’amour, sont toujours en parfaite harmonie. Ils ont été pleinement manifestés en Christ, le Fils de Dieu : « La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ » (Jean 1:17). La lumière et l’amour ont été révélés dans leur perfection à la croix de Golgotha. L’amour de Dieu envers des pécheurs perdus a été manifesté là par le don de son propre Fils ; là aussi, la lumière de la sainteté et de la justice de Dieu a brillé de tout son éclat, lorsque Christ, le Fils de Dieu, a été la propitiation pour nos péchés. Le psalmiste l’exprimait déjà par ces paroles : « La bonté et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont entre-baisées » (Ps. 85:10).
1. Ch. 1:5-10 : Conditions pour qu’elle soit réalisée
2. Ch. 2:1, 2 : Secours de Dieu à cet effet
3. Ch. 2:3-12 : Obéissance et amour
1. Ch. 2:13, 14 : Pères
2. Ch. 2:13, 15-17 : Jeunes gens
3. Ch. 2:13, 18-27 : Petits enfants
1. Ch. 2:28 à 3:3 : Attente de Christ
2. Ch. 3:4-10 : Demeurer en Christ
3. Ch. 3:11-18 : Demeurer dans l’amour
4. Ch. 3:19-24 : Assurance
5. Ch. 4:1-6 : Éprouvez les esprits
1. Ch. 4:7-10 : L’amour de Dieu envers nous
2. Ch. 4:11-16 : L’amour de Dieu consommé en nous
3. Ch. 4:17-21 : L’amour de Dieu consommé avec nous
1. Ch. 5:1-5 : La puissance de la foi
2. Ch. 5:6-12 : Le témoignage de Dieu
3. Ch. 5:3-21 : Les fruits de la foi.
Dans ces deux courtes épîtres, l’auteur se présente comme « l’ancien » (en grec : presbyteros
). Il ne peut guère s’agir de la charge d’un ancien à l’intérieur de l’assemblée, étant donné qu’une telle fonction était limitée à un endroit particulier (voir le paragraphe : « Anciens et serviteurs » de 1 Timothée). En fait, pendant le dernier tiers du 1er siècle, l’apôtre Jean demeurait le seul survivant des « colonnes » de l’assemblée (comp. Gal. 2:9). Aussi faut-il plutôt voir dans cette désignation « ancien » un titre honorifique décerné à un apôtre âgé, une distinction exprimant à la fois sa qualité d’aîné et la reconnaissance générale dont il jouissait. De son côté, Pierre parle également de lui-même en disant : « Moi qui suis ancien avec eux et témoin des souffrances de Christ » (1 Pierre 5:1).
Par leur contenu très personnel, ces deux épîtres de Jean peuvent être considérées comme un complément à la première. Elles montrent clairement comment la vérité chrétienne peut être réalisée lors de circonstances particulières, dans la foi et dans l’amour. Les sujets principaux des deux épîtres sont la vérité et l’amour.
De plus, certaines expressions sont typiques du parler de Jean : dès le commencement
(2 Jean 5, 6), commandement
(2 Jean 4, 5, 6), antichrist
(2 Jean 7), joie accomplie
(2 Jean 12), mes enfants
(3 Jean 4), de Dieu
(3 Jean 11).
1 chapitre
La deuxième épître de Jean est adressée à « la dame élue » (ou : « maîtresse » ; en grec : eklekte
kyria
). Ce titre a soulevé de nombreuses interrogations. Or nulle part dans le Nouveau Testament une assemblée n’est considérée comme « élue », ni appelée « dame ». Seuls les croyants pris en tant qu’individus sont élus de Dieu (Éph. 1:4 ; 1 Thess. 1:4 ; 1 Pierre 1:2), et il n’existe qu’un seul Seigneur, Jésus Christ. De surcroît, comment expliquer l’expression du verset 13 : « Les enfants de ta sœur élue » ? Tout simplement, ces mots se rapportent à une croyante, à sa sœur et aux enfants de celle-ci. Pierre aussi appelle sa propre femme : « Celle qui est élue avec vous » (1 Pierre 5:13).
Nous ne savons pas qui était cette dame élue avec laquelle s’entretenait le vieil apôtre Jean, ni où elle habitait.
Cette épître est la seule du Nouveau Testament adressée à une femme. La destinataire de la lettre se trouvait, avec ses enfants, dans une situation difficile. Elle était confrontée à la fausse doctrine dont l’apôtre parle en 1 Jean 4:2 : la négation de l’humanité du Fils éternel de Dieu, ou, en d’autres termes, l’affirmation selon laquelle on ne peut reconnaître l’homme Christ Jésus comme Fils éternel de Dieu (comp. 1 Jean 2:22 ; 5:5-20). Tel est l’esprit de l’Antichrist (1 Jean 2:18, 22 ; 2 Jean 7).
Cette croyante était exposée à un danger. Elle aurait pu penser : en tant que femme, je ne suis pas appelée à résister à ces fausses doctrines et à ceux qui les propagent, et en raison de ma faiblesse, je ne suis pas en état de le faire. En outre, nous devons manifester l’amour de Dieu à l’égard de nos frères et sœurs dans la foi, et même envers tous les hommes. L’apôtre montre, avec une grande délicatesse de sentiment, mais aussi sans la moindre équivoque, que l’amour chrétien doit toujours être conduit et déterminé par la vérité. L’amour ne peut pas se manifester librement envers des hommes qui attaquent ou nient la vérité divine. Jean écrit donc à la dame de se détourner de telles personnes, afin de ne pas contracter elle-même la souillure. Même une sœur est capable de le faire et est appelée à agir ainsi.
L’amour défini par la vérité constitue donc le sujet de cette épître. L’expression la plus importante de la lettre est : « Ne… recevez pas ! » Nous trouvons cinq fois le mot vérité
; la notion d’amour
, ou d’aimer
revient à quatre reprises.
1. Versets 4-6 : Marche dans la vérité et l’amour
2. Versets 7-11 : Conduite envers les faux docteurs
1 chapitre
Le destinataire de la troisième épître de Jean s’appelait Gaïus. Il portait un nom latin, alors très répandu. Attribué à différents hommes, ce nom est cité cinq fois dans le Nouveau Testament (Actes 19:29 ; 20:4 ; Rom. 16:23 ; 1 Cor. 1:14 ; 3 Jean). Nous ignorons le nombre de personnes qui sont désignées ainsi. Et nous ne savons pas davantage si le destinataire de la lettre s’identifie à l’un ou à l’autre de ces Gaïus.
De la même façon que Paul s’adressant uniquement à Philémon, Jean parle dans sa courte épître au seul frère Gaïus. Plusieurs sujets sont abordés. Un premier point, particulièrement frappant, est l’amour avec lequel Jean écrit à Gaïus. Quatre fois l’apôtre appelle son frère « bien-aimé » (v. 1, 2, 5, 11).
La marche dans la vérité forme le thème principal de la première partie de la lettre. Puis Jean parle des frères qui servaient les assemblées en diverses régions, par la prédication de la parole de Dieu. Reçus avec empressement par Gaïus, ces frères étaient rejetés par un homme nommé Diotrèphe. Ce personnage voulait assumer toute l’autorité dans l’assemblée. Enfin un autre exemple positif nous est donné, à propos d’un certain Démétrius.
Constituant le pendant de la deuxième épître, cette troisième lettre permet de développer le sujet suivant : tenir ferme la vérité dans l’amour. Le mot principal est « recevez ! ». Des notions, telles que l’amour
ou aimer
, reviennent six fois dans le cadre de cette courte épître. On retrouve également six fois le terme « vérité
».
1. Versets 2-4 : Gaïus : un bon témoignage
2. Versets 5-8 : Le bon comportement envers les frères
3. Versets 9, 10 : Diotrèphe : un mauvais témoignage
4. Versets 11, 12 : Démétrius : un bon témoignage
1 chapitre
L’auteur de cette courte épître se présente comme étant « Jude, esclave de Jésus Christ et frère de Jacques ». Dans le Nouveau Testament, une seule personne nommée Jude répond pleinement à cette description : il s’agit d’un des frères du Seigneur Jésus. Les frères du Seigneur selon la chair sont désignés nommément en Matthieu 13:55 et Marc 6:3 : Jacques, Joses, Simon et Jude. Dans les mêmes passages, le lecteur découvre des allusions aux sœurs de Jésus, sans les mentions de leurs noms. Les frères de Jésus ne croyaient d’abord pas en lui (Jean 7:5 ; comp. Marc 3:21). Toutefois, après l’ascension du Seigneur, nous les trouvons avec les autres disciples à Jérusalem (Actes 1:14). Le personnage nommé Jude en Actes 1:13 (comp. Jean 14:22) est appelé ailleurs Thaddée ou Lebbée (Matt. 10:3 ; Marc 3:18) ; nous ne savons rien d’autre à son sujet. Au verset 17 de son épître, Jude fait une distinction entre lui-même et les apôtres : le lecteur comprend dès lors que l’auteur du texte n’est pas l’apôtre Jude. Jacques, le frère de Jude, est expressément appelé frère du Seigneur en Galates 1:19. Après le martyre de l’apôtre Jacques, il devint un des conducteurs spirituels de l’assemblée à Jérusalem (comp. « L’épître de Jacques », son auteur).
Pourtant, avec une grande retenue, ni l’un ni l’autre de ces deux hommes ne se nomme, dans son épître respective, frère du Seigneur ; ils se désignent eux-mêmes « esclaves ». Jude, moins connu que Jacques, mentionne néanmoins qu’il est le frère de ce dernier. Selon le verset 5 de 1 Corinthiens 9, ces deux hommes étaient appréciés des apôtres en tant que serviteurs de la Parole.
En étudiant l’épître, on ne trouve pas de renseignements précis sur les destinataires. Dans la salutation, l’auteur s’adresse sans restriction aux « appelés, bien-aimés en Dieu le Père, et conservés en Jésus Christ ».
En fait, Jude souhaitait entretenir les croyants à propos de leur commun salut. Mais sous la direction du Saint Esprit, il dut leur parler de la nécessité de combattre pour la foi qui avait été auparavant enseignée aux saints.
Alors déjà, des hommes impies s’étaient infiltrés dans les rangs des chrétiens. Voici leurs caractères :
1. Ils changeaient la grâce de Dieu en dissolution, et
2. ils reniaient l’autorité du Seigneur Jésus.
L’épître de Jude est dirigée contre ces deux maux. Jude relie en quelque sorte par une ligne droite l’époque de la corruption qui s’installait alors, à la fin de la période actuelle de la grâce (v. 18) ; cette fin étant, d’une part la venue du Seigneur Jésus pour les croyants (v. 21 et 24), et d’autre part l’apparition du Seigneur pour exécuter le jugement sur les impies (v. 14, 15). L’épître est donc clairement prophétique. Elle décrit l’abandon de la morale dans la chrétienté, conduisant au reniement complet de Christ. Aussi cette lettre contient-elle un message très sérieux, également pour les temps actuels. Toutefois, l’apôtre souhaite encourager les fidèles à tenir ferme la vérité de Dieu. En conséquence, les lecteurs sont remis, par trois fois, à la protection de Dieu (v. 1, 21, 24).
En considérant la seconde épître de Pierre, nous avons relevé certaines similitudes avec l’épître de Jude. Pierre n’a pas copié Jude, et Jude n’a pas imité Pierre. Il est très possible que l’un ait connu l’écrit de l’autre ; Pierre avait bien pris connaissance des lettres de l’apôtre Paul (voir 2 Pierre 3:15, 16). Mais en l’occurrence, sous la direction du Saint Esprit, chacun des deux auteurs poursuivait un but différent. Pierre discerne la pénétration du mal sous la forme de fausses doctrines, et Jude présente la ruine morale, menant à l’abandon de Dieu par la chrétienté.
Dans son épître, Jude mentionne trois faits datant de l’époque de l’Ancien Testament dont le lecteur ne trouve aucune évocation dans celui-ci :
Il y a encore d’autres détails qui ne sont pas donnés dans les livres de L’Ancien Testament, mais que les textes du Nouveau Testament nous révèlent : par exemple, les noms des magiciens égyptiens Jannès et Jambrès (2 Tim. 3:8). La tradition orale des Juifs a permis de conserver des récits fantaisistes et divers faits véridiques des temps anciens. Sous la direction du Saint Esprit les auteurs du Nouveau Testament ont peut-être eu recours à ceux-ci, mais ils peuvent aussi avoir reçu directement une révélation de Dieu.
Symbole du parfait témoignage divin de la révélation, le nombre 3 joue un rôle particulier dans l’épître de Jude :
1. Versets 5 à 7 : Trois exemples significatifs
2. Versets 8 à 16 : Description de l’impiété
1. Versets 17 à 23 : Exhortation aux croyants
2. Versets 24, 25 : Louange à Dieu.
22 chapitres
Seul livre prophétique du Nouveau Testament, l’Apocalypse constitue la clef de voûte de la parole de Dieu. De même que la Bible commence par une révélation concernant le passé (Gen. 1), elle s’achève avec une révélation au sujet de l’avenir.
Les jugements de Dieu occupent une place importante dans ce texte très solennel de l’Apocalypse ; il s’agit pourtant d’un livre très beau, qui nous permet de découvrir l’accomplissement des voies de Dieu jusqu’à la gloire éternelle. Comme toutes les prophéties bibliques, le thème de l’Apocalypse n’est pas facile à comprendre. Pour cette raison, on appelle parfois cet écrit, bien à tort, « le livre aux sept sceaux ». De nombreux chrétiens le négligent.
Dans l’Ancien et le Nouveau Testament, une pensée fondamentale ressort de la prophétie biblique : l’avènement, encore futur, du Seigneur Jésus pour dominer sur la création entière, de même que les circonstances qui précèdent cette venue, particulièrement en relation avec Israël, le peuple terrestre de Dieu. En revanche, l’assemblée du Dieu vivant, corps de Christ, n’est pas mentionnée dans les prophéties de l’Ancien Testament. Elle fait l’objet d’un mystère divin qui n’est révélé que dans le Nouveau Testament (comp. Éph. 3:2-11). De plus, dans les prophéties du Nouveau Testament, l’assemblée ne tient qu’un rôle secondaire. Compagnie céleste, elle n’attend pas les événements de la fin, mais la venue du Seigneur Jésus pour chercher les siens, et cet enlèvement des croyants peut survenir à tout moment (comp. Apoc. 22:7, 12, 20). Or les prophéties de la Bible, celles de l’Apocalypse aussi, concernent presque exclusivement les temps situés après l’enlèvement de l’Église.
Au cours des âges, divers essais ont été faits pour interpréter l’Apocalypse, et cela de différentes manières. Les représentants d’une école orientée vers le passé
voient dans ce livre le combat de la chrétienté grandissante contre la Rome païenne. La lutte se termine par la victoire de la foi. D’autres exégètes se penchent sur l’histoire
et veulent trouver, au moyen de ce texte, une description de toute la période du christianisme. Cette manière d’expliquer les choses était populaire surtout à l’époque de la Réforme : Luther par exemple voyait dans le pape l’Antichrist. Les adeptes de la méthode spiritualiste
(intellectuelle) considèrent l’Apocalypse comme un livre intemporel qui décrit par un langage symbolique la lutte entre le bien et le mal.
Afin d’interpréter correctement ce livre, le lecteur doit considérer les chapitres 4 à 22 comme se rapportant à des événements futurs (voir : Son but et son sujet). L’Apocalypse est l’aboutissement de toutes les prophéties bibliques. Son contenu demeure incompréhensible à celui qui ne connaît pas les prophètes de l’Ancien Testament, particulièrement Ézéchiel et Daniel. Les paroles du Seigneur en Matthieu 24 et 25 et les deux épîtres de l’apôtre Paul aux Thessaloniciens s’avèrent également nécessaires pour saisir le contenu du dernier livre de la Bible.
Le langage de l’Apocalypse est en grande partie symbolique. L’explication de telles figures ne peut être trouvée qu’en relation avec toutes les Saintes Écritures, mais plus particulièrement avec la prophétie dans son ensemble ; Pierre écrit en effet « qu’aucune prophétie de l’écriture ne s’interprète elle-même » (2 Pierre 1:20).
Avec l’Apocalypse nous sommes en présence du seul livre du Nouveau Testament qui mentionne explicitement Jean comme auteur. On y trouve quatre fois son nom (ch. 1:1, 4, 9 ; 22:8). Selon le verset 9 du chapitre 1, Jean était exilé sur l’île de Patmos, à quelque 75 km de la côte d’Asie mineure. Depuis cet endroit, vers l’an 95, l’apôtre écrivit la révélation de Jésus Christ, obéissant ainsi au commandement de Dieu.
L’introduction montre clairement que la Révélation est destinée à l’ensemble des chrétiens. Tous ceux qui lisent ou entendent les paroles de cette prophétie sont appelés bienheureux. Les derniers mots de ce livre, adressés à tous les saints, vont dans le même sens : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec tous les saints. »
Dès le premier verset, Dieu révèle son intention et mentionne déjà les événements qui seront décrits dans tout le livre : « Montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt ». Au centre de ces faits futurs, le lecteur discerne la personne de Jésus Christ, le Fils de Dieu et le Rédempteur. Dans le premier chapitre, nous voyons le juste Juge, et dans le dernier, Celui qui vient bientôt. De plus, tout au long de l’Apocalypse, le Seigneur Jésus est celui qui agit.
La clé de la division de l’Apocalypse est donnée par le texte lui-même. Nous lisons : « Écris donc
1. les choses que tu as vues
,
2. et les choses qui sont
,
3. et les choses qui doivent arriver
après celles-ci. »
L’expression « les choses que tu as vues » se rapporte à la vision des versets 12 à 18 du chapitre 1 : le Seigneur Jésus se tient comme juge de son assemblée, au milieu des sept lampes d’or.
« Les choses qui sont » ne peuvent concerner que les sept épîtres aux assemblées des chapitres 2 et 3 ; ces églises représentent, symboliquement, l’ensemble de la chrétienté depuis le début jusqu’à la fin de son histoire.
« Les choses qui doivent arriver après celles-ci » — c’est-à-dire les événements futurs suivant l’enlèvement de l’Assemblée — sont décrites à partir du chapitre 4:1. Jean entend les paroles : « Monte ici, et je te montrerai les choses qui doivent arriver après celles-ci. »
Tout ce qui est présenté au long des chapitres 4 à 22 ne se déroulera donc qu’après la période actuelle de la grâce ; les croyants (représentés par les vingt-quatre anciens, chapitre 4:4) seront alors déjà introduits dans la gloire céleste.
En lisant les chapitres 4 et 5, nous voyons d’abord Dieu en tant que Créateur et Dominateur, puis le Seigneur Jésus comme l’Agneau immolé et les croyants rassemblés dans le ciel autour du trône de Dieu. Dans la section suivante (chapitres 6 à 11), l’ouverture des sept sceaux du livre par l’Agneau, puis le retentissement des sept trompettes, déclenchent deux séries de plaies et de châtiments effroyables. La septième trompette conduit déjà à l’accomplissement du mystère de Dieu et à l’avènement de Christ dans son règne millénaire. Les chapitres 12 et 13 présentent le peuple d’Israël pendant ce temps d’épreuve, Satan précipité du ciel sur la terre, ainsi que les deux hommes forts de cette période : le chef de l’Empire romain reconstitué et l’Antichrist. Dans les chapitres 14 et 15, nous voyons deux groupes de martyrs de ces temps-là ; au chapitre 16, avec les sept coupes du courroux de Dieu, une troisième série de jugements est présentée ; le jugement sur Babylone, la chrétienté apostate, est le thème des chapitres 17 et 18 ; enfin, le chapitre 19 relate l’apparition de Christ sur la terre. Les chapitres 20 à 22 donnent des descriptions du Millénium et de l’état éternel avec le nouveau ciel et la nouvelle terre. L’Apocalypse se termine par de sérieux appels du Seigneur Jésus, adressés aux hommes en général et aux croyants en particulier.
Les titres de Christ dans l’Apocalypse :
L’Agneau (28 fois) : 5:6, 8, 12, 13 ; 6:1, 16 ; 7:9, 10, 14, 17 ; 12:11 ; 13:8 ; 14:1, 4 (2x), 10 ; 15:3 ; 17:14 (2x) ; 19:7, 9 ; 21:9, 14, 22, 23, 27 ; 22:1, 3.
Jésus (8 fois) : 1:9 ; 12:17 ; 14:12 ; 17:6 ; 19:10 (2x) ; 20:4 ; 22:16.
Christ (4 fois) : 11:15 ; 12:10 ; 20:4, 6.
Jésus Christ (4 fois) : 1:1, 2, 5, 9.
L’Alpha et l’Oméga (3 fois) : 1:8 ; 21:6 ; 22:13.
Seigneur (2 fois) : 11:8 ; 14:13.
Le premier et le dernier (3 fois) : 1:17 ; 2:8 ; 22:13.
Le témoin fidèle (2 fois) : 1:5 ; 3:14.
L’étoile du matin (2 fois) : 2:28 ; 22:16.
Fidèle et véritable (2 fois) : 3:14 ; 19:11.
La racine de David (2 fois) : 5:5 ; 22:16.
Fils mâle (2 fois) : 12:5, 13.
Seigneur des seigneurs (2 fois) : 17:14 ; 19:16.
Roi des rois (2 fois) : 17:14 ; 19:16.
Le commencement et la fin (2 fois) : 21:6 ; 22:13.
Le premier-né des morts : 1:5.
Le prince des rois de la terre : 1:5.
Le vivant : 1:17.
Le Fils de Dieu : 2:18.
L’Amen : 3:14.
Le commencement de la création de Dieu : 3:14.
Le lion qui est de la tribu de Juda : 5:5.
La Parole de Dieu : 19:13.
La postérité de David : 22:16.
Seigneur Jésus : 22:20.
Seigneur Jésus Christ : 22:21.
1. Chapitre 2:1-17 : Éphèse, Smyrne, Pergame (le passé)
2. Chapitres 2:18 à 3:22 : Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée (le présent)
1. Chapitres 4 et 5 : Un regard dans le ciel
Ch. 4 : Le trône de Dieu
Ch. 5 : L’Agneau de Dieu au milieu des rachetés
2. Chapitres 6:1 à 8:5 : Les sept sceaux : première série de jugements
Ch. 6:1-17 : Les six premiers sceaux
Ch. 7:1-17 : Les croyants d’entre Israël et d’entre les nations
Ch. 8:1-5 : Le septième sceau
3. Chapitres 8:6 à 11:18 : Les sept trompettes : deuxième série de jugements
Ch. 8:6-12 : Les quatre premières trompettes
Ch. 8:13 à 9:21 : La cinquième et la sixième trompette (le premier et le second malheur)
Ch. 10:1 à 11:13 : Préparatifs : le petit livre et les deux témoins
Ch. 11:14-18 : La septième trompette (le troisième malheur) ; Le Millénium commence
4. Chapitres 11:19 à 14:20 : Le dragon et l’Agneau
Ch. 11:19 à 12:17 : La femme (Israël), et Satan précipité sur la terre
Ch. 12:18 à 13:18 : Les deux bêtes : L’Empire romain et l’antichrist
Ch. 14:1-20 : L’Agneau et ceux qui le suivent
5. Chapitres 15:1 à 16:21 : Les sept coupes du courroux de Dieu : troisième série de jugements
6. Chapitres 17:1 à 19:5 : Le jugement sur Babylone, la chrétienté apostate
7. Chapitres 19:6 à 22:21 : L’accomplissement des voies de Dieu
Ch. 19:6-10 : Les noces de l’Agneau
Ch. 19:11-21 : L’apparition de Christ et le jugement des vivants
Ch. 20:1-15 : Le Millénium et le jugement des morts
Ch. 21:1-8 : Le nouveau ciel et la nouvelle terre
Ch. 21:9 à 22:5 : Regard rétrospectif sur la Jérusalem céleste
Ch. 22:6-21 : Paroles finales du Seigneur Jésus.